de St Gingolph (lac Léman) à NICE
Préambule.
J'ai voulu refaire cette traversée des alpes françaises cette 7ème fois, en prenant mon temps. Fini le lever quotidien à 4 heures du matin, pour marcher une douzaine d'heures sans arrêts! La GTA en une quinzaine de jours est rangée au rayon des Bons Souvenirs.
Je l'ai voulu plus "cool",et j'ai eu raison, car plusieurs jours de mauvais temps m'auraient tout de même contraint à écourter certaines étapes. Si cette GTA est plus à la portée de (presque) tous bons marcheurs, elle n'ôte pas pour autant les difficultés que l'on peut rencontrer en montagne : la connaissance et la prudence doivent rester les maîtres mots de tous randonneurs.
Pour ma part, ce n'est pas la meilleure des sept que j'ai parcouru, mais enfin, il faut des bons jours et des moins bons : c'est peut-être ce qui donne envie de recommencer...
Ces 26 étapes ont été réalisées en fonction de la météo, du temps, de mes envies, sans faire de prévisions à l'avance. Je n'ai fait aucune réservation préalable dans les gîtes, refuges, hôtels ; tout au plus parfois, un appel téléphonique le matin avant de partir, pour le soir. Je n'ai eu aucun problème de place! Je suis parti avec mon portable et une mobicarte à 20 euros. Ce n'est pas un exemple à suivre, mais je n'ai emmené ni topo-guide, ni cartes, ni boussole, ni altimètre, ni gps... Il est vrai que ce GR® 5, ses variantes, et autres sentiers adjacents n'ont plus trop de secrets pour moi. |
Un petit clic sur le dessin
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Mes étapes 6 juillet de St Gingolph au refuge de Bise 7 juillet du refuge de Bise à Chapelle d'Abondance 8 juillet de Chapelle d'Abondance à Bassachaux 9 juillet de Bassachaux à Samoëns 10 juillet de Samoëns au refuge Moëde 11 juillet du refuge Moëde au Prarion 12 juillet du Prarion au refuge Tré la Tête 13 juillet de Tré la Tête au refuge de la Croix du Bonhomme 14 juillet du refuge de la Croix du Bonhomme aux Chapieux 15 juillet de Bourg St Maurice à Peisey Nancroix 16 juillet de Peisey Nancroix au refuge de la Leisse 17 juillet du refuge de la Leisse à Pralognan 18 juillet de Pralognan au chalet de Polset 19 juillet du chalet de Polset à Névache 20 juillet de Névache à Briançon 21 juillet de Briançon à Arvieux 22 juillet d'Arvieux au refuge cime du mélezet - Ceillac 23 juillet du refuge cime du mélezet à Fouillouse 24 juillet de Fouillouse à Larche 25 juillet de Larche à St Dalmas le Selvage 26 juillet de St Dalmas le Selvage à Roya 27 juillet de Roya au refuge de Longon 28 juillet de Longon à St Dalmas Valdeblore 29 juillet de St Dalmas Valdeblore à Utelle 30 juillet d'Utelle à Aspremont 31 juillet d'Aspremont à Nice
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On ne peut apprécier la beauté de la montagne qu'en la regardant en face ; quand on est dessus on ne voit rien d'autre que ce qui est autour.
Au lieu de faire du stop, entre Evian et St Gingolph, comme les autres fois, j'ai préféré prendre un bateau : ce qui me donna l'occasion de passer près d'une heure sur le lac Léman, entre Evian, Lausanne, et ce village départ du GR® 5 dans sa partie alpine.
L'intérêt est de prendre du recul, et de voir ces montagnes de Haute Savoie depuis la rive Suisse, et d'observer pendant toute la traversée du lac, les détails des premières heures de marche demain matin .
La dent D'Oche domine le lac au départ d'Evian. |
Samedi 5 juillet 2008
St Gingolph vu du bateau
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"Là où il y a une volonté, il y a un chemin." Edward WHIMPER.
Mon idée étant de ne pas me presser pour cette GTA, je pensais faire étape ce soir à la Chapelle d'Abondance. Environ 7 heures de marche pour y arriver, il n'y avait pas lieu de s'affoler au matin du premier jour!
Je quitte St Gingolph un peu avant 9heures : le ciel est gris. Le chemin passe en sous bois, à proximité d'un espace de loisirs et du parcours accrobranche "cimes story"... Les premières gouttes se font entendre sur le feuillage ; j'imagine qu'il s'agit d'une petite averse passagère, mais en montant, la pluie ne se calme pas, bien au contraire! Je m'en aperçois lorsque je sors du couvert feuillu : le temps de sortir ma cape du sac à dos, et je suis tout dégoulinant, sous une pluie battante! pas le moindre petit abri, le moindre auvent, ou une avancée de toit. "C'est un scandale" aurait dit un touriste rencontré sur un sentier de Pralognan un jour de pluie : "ils n'ont même pas prévu des abris en cas de pluie ou de chaleur intense?" "mais non mon brave Môssieu"... J'en ris tout seul en repensant à ce moment, mais mon amusement va finir par devenir nerveux : je me débat comme je peux pour enfiler ma cape tout seul et recouvrir mon sac sur le dos. Que le bonhomme se mouille, à la rigueur ce n'est pas grave, je le suis déjà, mais le sac c'est autre chose!
Ce n'est pas une caresse ou une bise qui m'effleure, mais une claque en pleine figure : un vent violent souffle. La cape ne sert plus à rien, s'envole, et comme je le disais : je ne vois plus où je mets les pieds, ce qui est plutôt gênant dans une pente ravinée, glissante, et boueuse.
"Le vent hurle : il a sûrement quelque chose d'important à nous dire".
Enfin j'arrive aux chalets de Bise, il est un peu plus de 13h30... Je suis trempé, les pieds dans les chaussures sont comme dans des bassines d'eau!
Je n'ai plus envie de continuer jusqu'à la Chapelle d'Abondance : encore trois heures comme çà, et il me faudra deux jours pour sécher!!
Le refuge est plein! on s'en doute... mais à cette heure là beaucoup de gens ont laissé leur voiture sur le parking à cent mètres, et ont envahi les tables pour déjeuner... Des randonneurs tous aussi mouillés les uns que les autres, arrivent tout au long de l'après midi.
Dire que ce refuge est sommaire, est un euphémisme! L'eau est à l'abreuvoir à l'extérieur, ainsi qu'un seul WC à 50 mètres. Très pratique lorsqu'il pleut, et que chacun attend son tour! "Le clou", si je puis dire, c'est les trois pitons vissés dans le plafond au dessus du poêle à bois et sur lesquels, avec des cintres en fil de fer, chacun suspend ses fringues trempées, et comme il n'y a pas assez de place tout autour de la seule source de chaleur du refuge, nous sommes une soixantaine à étaler nos petites affaires un peu partout dans le dortoir. Ca commence à sentir bon le refuge!
On peut se demander pourquoi après avoir dépensé des fortunes pour réhabiliter des refuges de montagne, avec des travaux interminables, le CAF n'envisage pas d'améliorer l'habitat de ce refuge situé au bout d'une route et d'un parking! J'y ai fait étape en hiver, c'est encore pire! Il est évidemment non gardé, les toilettes sont fermées, et l'eau est dans le torrent... quand ce n'est pas de la glace!
Je trouverai cela normal, si tous les refuges étaient pareils, mais qu'on en transforme certains en trois étoiles, sous prétexte qu'ils sont situés dans des massifs hyper fréquentés, et qu'on laisse pourrir les autres, je ne suis pas d'accord! Je suis membre du CAF depuis 1980, et je paie ma cotisation : j'ai le droit de dire ce que je pense! CQFD. (Extrait du mail envoyé au CAF Léman)
Nous sommes plusieurs à réussir à nous procurer des journaux, pour bourrer nos chaussures. Une cinquantaine de paires de godasses ne sècheront pas pendant la nuit autour du faiblard poêle à bois...
Enfin, comme dirait quelqu'un, çà fait partie de la rando, de la montagne, et ne nous empêche pas de manger : potage, polenta, saucisse, gâteau chocolat... de dormir, et de ronfler pour certains...
Le refuge de Bise et le Pas de la Bosse.
"Quand le sage montre du doigt le ciel, l'imbécile regarde le doigt". Proverbe chinois.
Lundi 7 juillet 2008
Il a plu une grande partie de la nuit! Nous sommes une poignée à oser sortir de nos couvertures à 6 heures et demie, mais pourquoi faire si tôt? On n'en sait rien! Le ciel est gris, le plafond de nuages est bas, le poêle à bois est froid, et les chaussures sont aussi mouillées qu'hier soir.
Après le petit déjeuner, je pars à 8h 20 en suivant un groupe de quatre randonneurs. Le sentier est boueux, glissant, avec des traces se perdant au milieu d'une importante végétation, et en finissant dans une forêt de pins et sur la route. Nous parvenons en moins de trois heures à la Chapelle d'Abondance. Je décide de m'arrêter là, alors que les quatre randonneurs continuent plus loin.
Un insolent rayon de soleil apparaît ; j'aurais pu continuer aussi, mais avec les chaussures encore trempées des cinq heures sous la pluie hier, et les affaires mouillées dans le sac, je trouve plus sage d'aller tout droit au gîte d'étape pour pouvoir tout étaler à l'air, et exposer mes chaussures face au soleil, se montrant généreux au fil des heures.
Dans l'après midi, arrive un couple anglais qui était à Bise hier soir. Au dîner nous avons droit à un menu pas très original pour la haute Savoie : couscous! Peut mieux faire...
La grande satisfaction du jour, en dépit de nouveaux nuages venus assombrir le ciel dans la soirée : tout a séché!
La Chapelle d'Abondance
" Nous méritons toutes nos rencontres ; elles sont accordées à notre destin, et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer." François MAURIAC
Mardi 8 juillet 2008
Le ciel est gris, mais il ne pleut pas. Je quitte La Chapelle d'Abondance à 8h20 par un bout de route, et en bifurquant à droite sur un chemin contournant une prairie, et passant en sous bois après avoir traversé la Dranse, torrent bouillonnant, et l'imposante cascade des Mattes. La montée est rude, mais le sentier a été nettement arrangé depuis la dernière fois : il aura fallu une bonne dizaine d'années pour débarrasser les troncs, les arbres, et branchages au sol, qui transformaient cette montée en parcours du combattant!
Je rencontre un groupe de randonneurs suisses en pleine pause! Une fois passé le chalet des "Crottes", le sentier se perd dans la boue et les traces de troupeaux. Il faut aller en direction du chalet de la Torrens en pataugeant un peu. Le chien m'accueille en ronchonnant, ce qui fait sortir son maître. - "Vous allez loin"? - "Bassachaux" - "Ah! devrait pas pleuvoir aujourd'hui". Voila une bonne nouvelle!
Cette partie est très agréable parmi les rhododendrons et les mélèzes. Un dernier petit raidillon, et me voila arrivé au col de Bassachaux. Il est à peine 13h30. Je retrouve les quatre randonneurs d'hier faisant une pause avant de continuer plus loin. Les patrons du gîte, Mr et Mme CREPY ne sont pas là, mais je connais déjà le gérant remplaçant depuis quelques années.
Dans l'après midi arrivent trois randonneurs à l'accent du sud ouest : Etienne, sa fille Emilie, et leur ami Jean-Luc Un peu plus tard, un couple de randonneurs que j'avais aperçu dans la foule du refuge de Bise avant hier...
Nous sommes six à table le soir à nous partager l'excellent potage, tagliatelles rôti de porc, fromage, et salade de fruits. Au cours des discussions qui animent cette soirée, sur nos randonnées, nos cheminements montagneux, nos expériences, le mot fatidique de "Compostelle" a été prononcé ; par qui? je ne sais plus. Dans un groupe de six ou huit marcheurs se rencontrant par hasard, il y en a toujours deux ou trois ayant fait ce pèlerinage (ou cette randonnée, on l'appelle comme on veut.) Ce soir, dans ce gîte du col de Bassachaux à 1800 mètres, cette rencontre n'échappe pas à la règle. Nous sommes deux ou trois à avoir fait ce chemin, et chose extraordinaire, dans le couple présent, le mari est écrivain. Hasard? je ne sais pas! en tous cas je n'imaginais jamais rencontré ici l'auteur du livre "Le chemin oublié de Compostelle", que j'ai acheté à Conques dans l'Aveyron, il y a un mois presque jour pour jour !
Tout cela est curieux, et même troublant.
" On ne peut comprendre l'autre, qu'en marchant deux kilomètres dans ses mocassins". Proverbe Indien.
mercredi 9 juillet 2008
C'est le premier jour où le ciel est parfaitement bleu... Je pars après le petit déjeuner, par le large chemin qui remonte doucement en direction de la Suisse. Partis bien avant moi, je retrouve juste avant le col frontière de Chésery, Jean- Luc qui peine déjà de bon matin ; Etienne et sa fille sont largement devant! Je retrouve au passage le groupe de randonneurs suisses d'hier, prêts à partir du refuge de Chesery.
" Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles, mais par manque d'émerveillements". G.K CHESTERTON.
jeudi 10 juillet 2008
En moins d'une demi heure j'arrive au refuge de Moëde un peu plus bas. Etienne, Emilie, et Jean-Luc sont ici aussi.
Coucher de soleil sur le Mont Blanc vu de Villy
Excellent dîner : Potage, Diots, Polenta, fromage, mousse au chocolat maison... Le refuge est complet!
Je vais faire un tour, pour voir le coucher de soleil sur le Mont Blanc.
"Dès qu'on met son sac à dos, et que la chaussure bute sur les cailloux, l'esprit se désintéresse des dernières nouvelles." Régis Debray
vendredi 11 juillet 2008
Le grand beau temps, c'était trop beau pour que çà dure plus de deux jours! Ce matin, les nuages vont très vite.
Il faut une bonne heure pour continuer la descente en passant par la statue du Christ Roi, rejoindre la gare des Houches, et remonter au centre du village.
Premier bistrot, nous nous arrêtons casser la croûte, et attendre J-L... Eux restent aux Houches ; moi j'ai décidé d'aller plus loin.
Je traverse tout ce village en longueur, pour reprendre le sentier montant au col de Voza, à travers bois et prairie. Les éclaircies n'auront pas duré : il se met à pleuvoir très fort! J'arrive à mettre ma cape tout seul... En moins de deux heures je suis au Prarion, sommet à 1850 mètres dominant toute la vallée, des Houches à Argentière. En face les aiguilles de Bionnassay et du Goûter. Le reste est enveloppé dans le brouillard et les nuages.
Est-ce le fait que je sois seul? Je suis traité royalement, et tout le monde s'inquiète sur ce que je fait, d'où je viens, et où je vais. Le dîner est excellent : Potage, saumon riz, haricots verts, fromage, tarte.
Vers 21 heures, l'orage provoque une coupure de courant, et il n'y a plus d'électricité jusqu'au lendemain matin : mais je n'avais plus rien à faire que dormir.
" Il n'y a pas de chemin, il faut marcher. C'est en marchant que se fait le chemin." ST JEAN DE LA CROIX
Samedi 12 juillet 2008
Il a plu toute la nuit, et la chaîne du Mont Blanc est dans la grisaille. Le petit déjeuner est copieux. Je voulais faire une étape hors GR®, pour changer de ce Val Montjoie, qui n'a de "joie"que le nom. Mon idée était de passer par le col du Tricot, et les chalets de Miage pour rejoindre, au delà du Truc, la combe d'Armancette qui doit être très fleurie en ce moment, et faire étape au refuge de Tré la Tête.
Dans la soirée, le ciel se noircit à nouveau, et l'orage se déchaîne, illuminant le ciel de tout ses feux! Au dîner : Potage, sauté de veau, pâtes, fromage, gâteau.
" Tâche de vivre avec les 3 arbres qui sont en face de chez toi, comme si c'était une forêt." Etty HILLESUM
dimanche 13 juillet 2008
Il pleut, il pleut encore, et à torrent! Nous sommes tous dans le petit réfectoire, seul endroit où il fait à peu près bon : le dortoir est frisquet, et dehors la température est tout juste de quelques degrés! Les groupes d'alpinistes qui avaient prévu une course sur le secteur, ou de l'initiation sur le glacier, renoncent à leurs projets. La plupart redescendent dans la vallée, sans doute pour aller dormir!
Il est 10 heures et demie lorsque je me décide aussi à partir, autrement il sera trop tard, et malgré ce temps pourri et l'heure avancée, j'espère aller jusqu'au refuge de la Croix du Bonhomme. La descente par ce sentier est très glissante, boueuse. La pluie dégouline partout : je ne sais plus si je suis sur un chemin ou dans des torrents... Je passe par les chalets de la Laya, et je contourne une prairie. Après avoir traversé le torrent sur une passerelle, je remonte pour retrouver le chemin et arriver au refuge de la Balme deux heures après mon départ. La petite salle est bondée, mais beaucoup osent sortir en voyant que la pluie s'est un peu calmée! J'ai besoin de quelque chose de chaud : un grand café et une tartelette aux myrtilles.
Nous repartons : le sentier grimpe dans des rochers, et des éboulis, avec deux ou trois petits névés, une cascade à traverser. Le refuge de la Croix du Bonhomme est invisible, il faut être à vingt mètres pour le voir! Il est à peine 15 h 30. J'ai besoin de me réchauffer : une bonne soupe de légumes fait le plus grand bien, et je sais qu'ici en plus, elle est bonne.
Ce soir c'est pratiquement complet... le mauvais temps fait stopper tout le monde beaucoup plus tôt que prévu. A force de faire des étapes aussi courtes tous les jours, je me demande si je serai à Nice en juillet, en août, ou plus tard.
La plupart des randonneurs font le TMB ; certains, des portions de GR® 5. Des dizaines de paires de chaussures sont autour du poêle, et des vêtements en tous genres suspendus au-dessus. Enfin, question ambiance je ne regrette rien, en dehors du repas simple mais copieux : Potage, bœuf bourguignon, Polenta, fromage, gâteau, nous avons droit après à un concert improvisé de guitares, flûte et trompette, par le gardien, le cuistot, et serveurs, à l'occasion de l'anniversaire d'un randonneur.
" La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi." A. EINSTEIN .
lundi 14 juillet 2008
Je ne sais pourtant pas tout, mais rien ne veut fonctionner comme je l'avais imaginé.
Des randonneurs ont leur voiture aux Chapieux, et me propose de m'emmener à Bourg St Maurice. En temps normal, je n'aurai jamais accepté cette proposition, mais là je suis fatigué ; pas physiquement, mais moralement, et chaque jour je suis trempé et les chaussures ne sèchent pas pendant la nuit.
La météo est optimiste pour les jours à venir. On n'y croyait plus!
" Ce qui sauve, c'est de faire un pas." Antoine De St EXUPERY
mardi 15 juillet 2008.
En effet : le ciel est bleu, le soleil est bien là. Sur les conseils de la patronne de l'hôtel, je prends une piste cyclable le long de l'Isère jusqu'au village de Landry où je retrouve le GR® 5 lâchement abandonné hier!
Il fait beau ; tout est beau, et je suis heureux d'être ici.
" Avant de faire le tour du monde, si nous faisions le tour de nous mêmes?" DIDEROT
mercredi 16 juillet 2008
le Plan des Nettes
Le lac des assiettes est à sec!
A l'autre bout du village, l'hôtel la Vallée Blanche a des chambres libres et tarifs raisonnables : c'est mon étape du jour.
Dîner : tarte savoyarde, saucisses crozets, glace.
" Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles, mais par manque d'émerveillements". G.K CHESTERTON.
vendredi 18 juillet 2008
Ce matin aussi les nuages arrivent vite!
Le soleil arrive à percer quelques nuages, au moment où je repars! Il y a des montées entrecoupées de replats d'éboulis et de pierriers jalonnés de cairns ; avec la grisaille du ciel, le paysage devient lunaire. Plusieurs névés mènent à la dernière pente de schistes pour parvenir au col de Chavière.
Un écriteau indique 2796 mètres... Ce col se serait il effondré? Après avoir été considéré longtemps et à tort, comme le plus haut col franchi par un GR®, parce qu'il dépassait d'un petit mètre les 2800, voila que maintenant il est rabaissé à la taille modeste d'un autre col alpin. Les mesures d'altitude ne seraient pas une science exacte? Cinq mètres d'écart me paraissent beaucoup!
"Dès qu'on met son sac à dos, et que la chaussure bute sur les cailloux, l'esprit se désintéresse des dernières nouvelles." Régis BEBRAY
samedi 19 juillet 2008
Les bergers sont levés tôt, moi aussi. Il fait beau, et j'ai l'intention de faire une grande étape! Je pars à 7 heures un quart après le petit déjeuner.
Le sentier est plutôt caillouteux dans cette forêt de sapins, et j'arrive à Modane à 8 heures 45, pour prendre un café à la terrasse ensoleillée d'un bar, mais surtout pour faire quelques provisions, et aussi passer un coup de fil dans un gîte à Névache, où j'espère être ce soir : "mais faudra pas traîner!"
La montée est rude en direction du Lavoir, et encore plus pénible ensuite! Une fontaine près d'un chalet, est bienvenue. Il fait très chaud : je m'en aperçois d'avantage maintenant, étant à découvert ; plus une ombre.
Mon étape Modane - Névache : je "flirt" avec l'Italie...
" On ne peut comprendre l'autre, qu'en marchant deux kilomètres dans ses mocassins ". Proverbe Indien
dimanche 20 juillet 2008
En venant dans ce gîte à l'extrémité de Névache, j'avais dans l'idée de suivre ce matin la variante GR® 5C, dite "sportive", qui démarre tout près, et passe par la Porte de Cristol, le col de Granon, et surtout la crête de Peyrolle. Très belle étape alpine que j'avais réalisé en 1984. Le beau temps, et les conditions météo de la veille m'avaient encouragé à refaire ce parcours...
Hélas, trois fois hélas... à 6 heures du matin, le vent nord-ouest apporte déjà des nuages pas très sympathiques! Une heure plus tard, après avoir pris le petit déjeuner, le ciel s'est obscurcit : les prévisions ne sont guères encourageantes pour la journée!
Je change de plan. Il n'est pas recommandé de faire cette étape par mauvais temps, et j'en suis très conscient vu que je connais cet itinéraire ; il y a 24 ans certes, mais çà ne s'oublie pas!
Je quitte le gîte à 7 heures 10 en direction de la Clarée, comme je l'ai fait maintes fois...
J'ai le temps d'aller manger une assiette de spaghettis dans la brasserie la plus proche... en espérant que çà se calme!
Briançon la Belle... Fille la plus haute d'Europe, le soleil pleure sur ta cité Vauban.
"Un imbécile qui marche va plus loin qu'un intellectuel assis." Michel AUDIARD
Lundi 21 juillet 2008
Le chemin des Ayes est maintenant goudronné par endroits, et les parties qui ne le sont pas, sont en bon état pour que puissent rouler tous les véhicules! Voitures de touristes, 4x4, gaz d'échappement, poussières, et pollution... voila ce que l'on déguste! A chaque passage ici, je me demande si la prochaine fois je ne vais pas trouver une route qui rejoint Brunissard par le col des Ayes. Il ne faut pas désespérer, çà viendra! Il y a de plus en plus de pseudo randonneurs qui feraient bien de la montagne, si la voiture les emmenait au sommet! Je crois que l'essence ne doit pas encore être assez chère pour certains!
Les chalets des Ayes se sont multipliés aussi depuis 20 ans, les voitures n'ont pas de place pour se garer, et il parait que certains véhicules restent là des fois plus de huit jours, et posent des problèmes aux habitants! Il y a maintenant une buvette, tenue par une sympathique artiste sculpteur sur bois. Elle m'assure que de route ici? Il n'y en aura jamais, et aucun chalet ne sera vendu à des étrangers... On en reparlera!
Voila, c'était mon coup de gueule du jour, ou ma pensée du matin.
Il est 14 heures lorsque je m'arrête à la Chalp d'Arvieux. Trop tard pour aller plus loin, et je n'avais pas du tout envie de faire la grosse étape habituelle!
C'est l'un des villages du Queyras, où l'on travaille beaucoup le bois : atelier et exposition d'objets et jouets en mélèze et pin cembro.
Les gîtes du coin sont complets ; je trouve une chambre à "la Borne ensoleillée".
Dîner : Potage de légumes, curry de veau riz, fromage du pays, tarte.
" Il y a des moments où tout réussit ; il ne faut pas s'effrayer, çà passe." Jules RENARD
mardi 22 juillet 2008
Ensuite c'est la longue montée à travers le bois Bouchet, clairières, pâturages, et ruisseaux. Je sue à grosses gouttes, et les premières mouches qui me suivent et collent semblent m'avoir repéré! Je sais que ces accompagnatrices vont me suivre jusqu'à Nice, ou presque...
Au petit col des Prés de Fromage il y a une source bienfaisante! Le chemin continue en suivant la courbe de niveau, en passant par des sapins, et des pentes d'herbe, avec sur la droite la vue sur une partie de ce que j'ai traversé ce matin, au dessus de Château-Queyras.
J'arrive au col de Fromage à 14 heures pour la pause casse croûte d'une vingtaine de minutes. Descente par le bon sentier le long duquel ont été planté des mélèzes il y a près de vingt ans, pour servir à la fois de paravalanche et empêcher les gens de couper les lacets, ce qui a toujours pour effet de créer l'érosion, et par temps de pluie de transformer les sentiers en torrents. En terminant par la piste, je suis à Ceillac à 15 h 30. Je m'arrête trois bons quart d'heure ; le temps de faire quelques achats, et de téléphoner au refuge de la Cime que je ne connais pas. J'ai toujours été au gîte les Baladins dans le village, qui est très bien, mais aujourd'hui j'ai envie de voir ailleurs : il y a de la place, et en plus çà me rapprochera pour demain!
Il y a des randonneurs qui font une partie du GR® 5, et deux jeunes à la découverte du Queyras.
Dîner : Pâté, tartiflette salade, tarte aux myrtilles.
"Si tu veux comprendre, débattre sainement, imaginer, organiser ta pensée, concevoir et décider : Marche, marche, tu verras! " Henri Vincenot
mercredi 23 juillet 2008
Grand beau temps!
A partir de là, je retrouve le GR qui passe par les pistes, et les remontées mécaniques de la station. En continuant sur le terrain rocailleux, j'arrive à la Chapelle Ste Anne, et son magnifique lac.
Une petite pause, et je repars : la montée n'est pas très longue mais rude en suivant les lacets très étroits dans les schistes.
Un peu plus tard, arrivent les trois randonneurs d'hier soir, qui font une partie du GR® 5, un anglais, et Grégory un jeune parti de St Gingolph début juillet, mais on ne s'était encore jamais rencontré. Ce soir c'est presque complet!
Dîner : Potage, bœuf bourguignon, riz, salade, tarte.
" Si tu donnes un poisson à un homme, il ne mangera qu'une fois : si tu lui apprends à pêcher, il mangera toute sa vie ". Proverbe chinois
jeudi 24 juillet 2008
Grand beau temps. On va finir par s'y habituer. La montée à 8 heures est très agréable ; je prends mon temps, je n'irai pas plus loin que Larche aujourd'hui. Au delà, il n'y a pas d'hébergement possible avant Bousieyas. L'étape serait trop longue en partant tardivement!
Petite pause au lac du Vallonnet à sec! Voila plusieurs années qu'il n'y a plus d'eau dans ce lac, alors que j'ai eu l'occasion de le voir et le photographier rempli...
Plus bas, le sentier caillouteux devient une piste remontant vers les ruines d'une caserne ; le décor est assez lunaire. Des marmottes sifflent pour signaler la présence d'intrus. De nombreux randonneurs circulent, et certains s'aventurent au milieu des ruines...
Grande descente caillouteuse qui continue dans la verdure, et même un ruisseau. Il fait très chaud.
Arrivé à Larche à 14 heures : après midi de repos hôtel Relais d'Italie.
Dîner : Potage, rôti de veau ratatouille, fromage J'ai connu cet hôtel avec de meilleures prestations, et il est devenu trop cher! Mieux vaut aller au gîte d'étape.
"Quand nous parvenons au but, nous croyons que le chemin a été le bon." Paul VALERY
vendredi 25 juillet 2008
Je quitte Larche à 6 heures et demie. Le ciel est bleu, mais un voile nuageux approche. Après le terrain de camping il faut passer sur la rive gauche de l'Ubayette. La petite route en mauvais état doit souffrir ici aussi des rigoureux hivers. Arrivé au parking, j'entre dans le Parc National du Mercantour. J'ai toujours trouvé cette partie magnifique jusqu'au Pas de la Cavale : l'un des plus beaux paysages du GR® 5. C'est mon avis, mais tout le monde a le droit de ne pas être d'accord. Le sentier longe le très beau vallon du Lausannier. Des dizaines de marmottes ont élu domicile ici, et creusé leur terrier au bord du chemin ; certaines, assises sur leur derrière, sifflent et s'enfuient dans leur trou, comme par jeu! Les prairies sont vastes, les bergeries et granges sont dispersées. Quelques arbres, des bouquets de conifères, et le torrent, composent ce décor de carte postale.
Après avoir longé l'Ubayette, c'est la montée par quelques éboulis et pentes d'herbe, avant d'arriver au merveilleux lac du Lausannier d'un bleu sans ride. A proximité sur une butte de hautes herbes, un petit oratoire domine le vallon. Des randonneurs replient leurs tentes. Un peu plus haut, deux puis trois chamois détalent et semblent faire une course!
Un énorme troupeau de moutons et brebis se déplacent dans le vallon de la Gipière. L'effet est saisissant : j'ai l'impression de voir une avalanche ou une sorte de marée de bêtes déferlant dans cette pente. Je croise le berger, et ses chiens qui se tiennent à distance du troupeau, prêts à intervenir au moindre appel de leur Maître. Il n'y a pas de Patous. Il faut traverser le torrent asséché dans le vallon près des granges de Salse Morène, et remonter plein soleil par les pâturages au col des Fourches. Les mouches m'ont à nouveau repéré! En prenant les raccourcis qui coupent les lacets de la route de la Bonette, j'arrive à 13 heures à Bousiéyas : hameau sans vie, où jamais rien ne bouge. Le gîte n'est pas ouvert, comme d'habitude, et cependant la carte mentionnant salades, omelettes, sandwichs, est affichée à l'entrée. Une jeune fille est là, parait-il depuis midi. Enfin, quelqu'un sort, pour demander ce qu'on veut... je demande une omelette, et la fille une salade. Nous attendons presque une demi heure! Nous avons le temps de faire connaissance ; elle me raconte sa vie, ou presque... Toulousaine, étudiante en psycho, elle est serveuse dans un resto à deux kilomètres. Pour sa première journée de repos depuis trois semaines de travail, elle a décidé de marcher un peu, et a abouti ici à Bousièyas, ce qui n'est pas très original. Elle a décidé d'aller à St Dalmas le Selvage, comme moi, mais devra faire du stop ce soir pour retrouver sa chambre et son lieu de travail. Son repas a l'air de s'éterniser : après la salade, elle demande un gâteau au chocolat, et un café ; il faut un temps fou à la gérante du gîte pour servir les clients qui se pressent sur la terrasse. Je vois les nuages s'amonceler dangereusement ; la fille n'a pas l'air de s'en inquiéter et continue de me parler de ses études et d'Erasmus, qu'elle voudrait faire, moi je ne fais qu'écouter parce que si je commence à raconter ma vie aussi, on n'est pas sorti de l'auberge, et j'en suis peu enclin...
Mon impatience aurait elle été visible? elle finit par me dire : "allez-y je vous rejoindrai peut-être"! De toutes façons il faut suivre le chemin, pas d'erreur il n'y en a qu'un! C'est le "peut-être" qui m'a plu!
Presque une heure après, je repars. Un bout de route traverse le torrent, et une piste remonte en sous bois, pour atteindre une prairie, et contourner une combe menant au col de la Colombière. Je fais une petite pause : d'ici on voit toute la traversée de la combe, mais personne à l'horizon. Le ciel s'obscurcit, et je n'attends pas plus longtemps l'étudiante randonneuse qui devait me suivre!
Les premières gouttes de pluie arrivent après quelques minutes. Je n'attends pas et sors ma cape. J'arrive même à la mettre tout seul : je m'améliore! Cette descente est longue, non par la dénivellation, mais longue par le détour qu'il faut faire complètement à gauche de la Tête de Vinaigre, et revenir ensuite sous la crête de Caprasse, sous la pluie battante. Il m'a fallu une heure vingt, et à bonne allure, pour arriver à St Dalmas le Selvage depuis le col.
"Il n'y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va." SENEQUE
samedi 26 juillet 2008
La piste à gauche remonte légèrement parmi les sapins, et un sentier marqué "itinéraire" descend... Itinéraire de quoi? on n'en sait rien! Jusqu'à présent il y avait du blanc et rouge ou des panneaux indiquant clairement la destination. Maintenant d'un seul coup on trouve autre chose! çà évite la monotonie des balisages.
Descente par la forêt et des clairières. Je trouve ce passage beaucoup moins fleuri que les autres années, mais il et très boueux et glissant. Un gros torrent dévale la pente. Les toits de tuile de St Etienne de Tinée apparaissent. En coupant plusieurs lacets d'une petite route, j'arrive dans cette agréable cité considérée longtemps comme "la perle des alpes"... Il est 9 heures. Je suis abordé par un petit pépé étonné de voir quelqu'un marcher et en sueur! Je lui dis que je suis parti de St Dalmas vers 7 heures. "Ah en effet, autre fois on partait à 4 heures du matin pour monter au Rabuons ou pour faire le Corborant" (sommet frontalier). Il me raconte que son fils cuisinier de métier, est gérant du gîte de Roya avec sa femme! "C'est justement là où je vais!" "Donnez lui le bonjour de ma part" "Je n'y manquerai pas".
Une pause de plus d'une heure m'est nécessaire pour faire quelques achats, écrire des cartes postales, et prendre un café.
Il y a une route à suivre un bon moment pour sortir de St Etienne de Tinée ; ensuite un sentier passe en sous bois. C'est une montée raide et par endroits toute droite. "La montée qui tue". Nous sommes le matin! En début d'après midi c'est encore plus terrible. Je dépasse un couple, sûrement trop chargés!
Enfin, j'arrive en haut de cette côte ; Auron est en contrebas, maintenant il faut redescendre un peu!
En Savoie on peut éviter Tignes en contournant Val Claret, mais ici il faut traverser la station. Je fais une pause casse croûte à l'autre bout. Le couple de tout à l'heure arrive et continue.
Les nuages deviennent menaçants, et je ne tarde pas à me remettre en route. Il faut passer sous le téléphérique de Las Donnas, et monter par un sentier contournant une ferme équestre, et dans la forêt. Un chemin me parait récent, et coupe deux fois une piste de ski avant d'atteindre le col de Blainon dans les sapins. Je retrouve là le couple en train de manger malgré le tonnerre qui gronde de tous côtés.
Le gîte d'étape a été refait à neuf trois fois depuis dix ans, a changé de nom deux fois, ainsi que de gérant, et a même pris feu une fois! Maintenant il s'appelle "Ma vieille école". Il n'y a que le nom... Plus rien ne ressemble à cette école transformée en gîte que j'ai connu en 1984, et tenu par l'ancienne directrice. Petits dortoirs de quatre, et deux douches. Je salue le patron cuistot de la part de son père rencontré ce matin. Il met beaucoup plus de cœur à l'ouvrage pour les menus et cartes touristiques de midi, que les menus des randonneurs le soir.
Dîner : salade de tomates, spaghettis carbonara, gâteau. Banal, et cher. 38€ la 1/2 pension. On paie le confort.
Je retrouve l'Anglais rencontré à Fouillouse.
" Il est triste de penser que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas". Victor HUGO
dimanche 27 juillet 2008
Le ciel est bleu, le soleil brille...
Le sentier continue jusqu'au bas du vallon de la Gourgette, traverse plusieurs ruisseaux. Par ici la verdure est bien présente, mais peu de fleurs cette année ; c'est pourtant un endroit riche en plantes diverses.
Je remonte par l'autre versant ; il fait très chaud, mais le soleil a disparu! J'espère ne pas encore prendre l'orage aujourd'hui. Le chemin grimpe au milieu de barres rocheuses, et passe par les portes de Longon. Ensuite, les vastes pâturages en pente douce conduisent directement au refuge de Longon à 13 h 40. Je retrouve l'Anglais dévorant une assiette de spaghetti, puis il repart! Jusqu'où? Il ne le sait pas.
Moi, je reste là ; préférant la verdure, les pentes de sapins, et l'odeur ambiante de la ferme, que les nuisances de la vallée. La douche est presque froide ; les panneaux solaires ne chauffent pas assez!
Dans la soirée, je vois arriver Grégory que j'avais perdu de vue depuis plusieurs jours. Il vient de St Etienne de Tinée ce matin. Il y a aussi une autre randonneuse. Nous ne sommes que trois.
Dîner : Potage, Polenta tomate, fromage, crème caramel, biscuits.
Il pleut...
" Tâche de vivre avec les 3 arbres qui sont en face de chez toi, comme si c'était une forêt." Etty HILLESUM
lundi 28 juillet 2008
Il fait beau. Je quitte le refuge de Longon après le petit déj à 7 h 15.
On retrouve plus loin un chemin à peu près potable, pour rejoindre Roure, village accroché à flanc de montagne. Des escaliers, une ruelle pavée, une calade entre les maisons, mène au sentier qui coupe plusieurs fois la route, et arrive dans la vallée à St Sauveur sur Tinée. Il n'y a pas grand chose dans ce village, à part la boulangerie qui vend aussi des fruits!... une épicerie et deux bistrots. Il est seulement 10h45, je fais une pause casse croûte d'une heure. Il fait très chaud, mais déjà le ciel se couvre.
Une allée descend dans le fond du vallon jusque sur la route de Nice, et remonte en sous bois. J'arrive près de La Bolline, et en logeant des cultures, des vergers, et des villas, le chemin grimpe, et devient bitumé par endroits. Les immeubles en construction depuis quatre ans, ne sont pas encore terminés!
" Ce qui sauve, c'est de faire un pas." Antoine De St EXUPERY
mardi 29 juillet 2008
Je quitte St Dalmas à 7 heures et demie, par une raide montée à travers bois, menant au premier col de la journée : le col de Varaire à 8 h 20. La montée continue pour atteindre le col des deux Caïres. Le ciel est bleu à l'horizon vers le sud, mais à l'est et au nord, les nuages empêchent le soleil de sortir! Le sentier en balcon avec vue plongeante dans la vallée, passe sous la crête du Gros Caïre. Passage à un col avec un panneau : Baisse de la Combe. Il faut contourner le Mont Tournairet, et descendre par une très belle forêt de sapins et des clairières. Des cloches et sonnailles de vaches se font entendre : le troupeau n'est pas loin. Je passe aux Granges de la Brasque : bâtiments abandonnés, dont certains sont en ruines!
Voila plusieurs fois que je passe par là sans m'arrêter, mais ce matin, je vais aller voir ce qu'est cette ferme. En continuant la route sur environ cinq cents mètres, puis un chemin de terre, j'arrive chez Angèle, occupée à brasser le lait caillé. Elle me fait visiter la pièce où sont entreposées toutes les tomes pour plusieurs semaines. J'en achète une petite, et suis invité à m'asseoir à la table dehors pour faire mon casse croûte. Ca tombe bien il est 11 heures et demie.
Je ne m'attarde pas trop, car le ciel s'assombrit, et vu l'orage d'hier, qui a parait-il fait des dégâts considérables non loin d'ici, cela pourrait bien recommencer!
La petite route mène au col d'Andrion, où je retrouve un sentier en descente à travers bois. Il y a d'importants travaux forestiers, des arbres abattus et des branches coupées avant d'arriver au col des Fournès.
J'apprendrai plus tard, que j'étais sur le sentier des huit vallées! Ca m'aurait fait une belle jambe de le savoir, d'autant que ce sentier contourne une combe pour aboutir sur une route au hameau "Le Blaquet". Plus loin j'arrive au Figaret. Je demande mon chemin à un mécano dans son garage. En se grattant la tête le gars me dit : "Oh mais vous y êtes pas encore! mais je dois descendre, et si vous voulez je peux vous conduire à St Jean La Rivière, et de là vous monterez à Utelle." Je ne peux rien faire d'autre qu'accepter, car marcher sur la route de Vésubie pendant cinq ou six kilomètres, ce n'est pas le Top... et en plus il est déjà 16 h 30.
"Le ciel gronde : il a sûrement quelque chose à nous reprocher".
J'avais téléphoné ce matin à l'Hostellerie du sanctuaire de la Madone d'Utelle : je dois monter là-haut, on va m'attendre. Une demi heure plus tard, la pluie semble se calmer. Je me décide à y aller. Le sentier caillouteux contourne la combe, et en quarante cinq minutes j'y arrive!. Il est 19 heures!
Quatre touristes américains sont là pour quelques jours, ainsi que deux retraitants. Nous avons des petites chambres individuelles et douches à l'étage. Il n'y pas d'arrivée d'eau : elle est stockée dans des cuves. Tout le monde peut venir ici pour un ou plusieurs jours, sans obligation d'appartenance ou de croyance religieuse.
Dîner : Lentilles en salade, Polenta, viande, haricots verts, fromage, banane. A 28 € la demi pension, beaucoup de gîtes d'étapes devraient s'en inspirer!
"Là où il y a une volonté, il y a un chemin." Edward WHIMPER.
mercredi 30 juillet 2008
Ce sentier est en balcon au dessus de la vallée de Vésubie ; assez caillouteux, il est bordé de touffes de lavandes, de buis, et plantes sauvages des versants sud ensoleillés. Il fait déjà très chaud. Je passe à proximité des premières maisons du hameau du Cros d'Utelle. Les senteurs de figuiers tout proches rappellent s'il en est besoin, que le sud est bien là. Les premiers chants de cigales se font entendre!
Arrivé sur la route, je dois traverser la Vésubie sur le pont du Cros, et remonter par un chemin assez pentu dans un bois de pins. Il faut contourner la combe qui servait de décharge et de dépotoir : actuellement en travaux de déblayage et nettoyage à grands coups de pelleteuses et engins mécaniques...
Une petite route conduit au bas de Levens. Il est midi, j'ai envie de faire une pause : je monte dans le haut du village pour acheter de quoi manger, et j'y reste une heure! D'ici aussi la vue est magnifique sur la plaine du Var que l'on découvre jusqu'à la mer.
C'est le moment le plus chaud de la journée, et on m'a conseillé de prendre de l'eau. Je sais qu'il n'y en a plus avant Aspremont. Je retrouve la route au bas du village ; il faut la suivre un bon moment, et ensuite tourner à droite puis à gauche pour longer un grand champs. Les montées et descentes sont fréquentes, en sous bois et forêt de pins et de chênes. Le chant des cigales est omniprésent ; elles ne s'arrêtent jamais. Les mouches aussi sont collantes, et je me demande si elles ne me suivent pas depuis l'Ubaye...
Après le Mont Cima, plusieurs sentiers suivent des directions différentes sans explications en dehors de marques à la peinture, tantôt jaunes, ou flèches rouges, points rouges, balisages de GR®... tout cela ne sert pas à grand chose. Quand va-t-on uniformiser le balisage au lieu de laisser chaque association, chaque commune, peinturlurer de sa couleur préférée les poteaux et les arbres, au milieu des épineux et des ronces?
" La verticalité des montagnes n'est pas une ligne droite qui s'oppose à l'horizontalité de la mer, mais deux tempéraments différents qui se rejoignent en un point pour créer l'espace. " Jean-Claude LORDIER.
jeudi 31 juillet 2008
Dernière et très courte étape! Ciel bleu, et chaleur à 9 heures.
La montée est plein soleil, par le sentier caillouteux. Fini les orages, la pluie : je suis bien content d'avoir relégué, cape, et guêtres, au fond de mon sac!
Une petite descente par une prairie sèche, et une fontaine à l'ombre de quelques arbres. C'est le dernier point d'eau sur le GR® 5, après ce sera les bistrots!... Le chemin débouche sur une rue goudronnée ; voila l'Aire St Michel et le quartier de Gairaut. La pancarte qui indiquait jadis la fin du GR® 5 sentier européen de Hollande à la Méditerranée, n'est plus là! Même çà, disparaît.
Il n'y a plus besoin de balisage, il faut descendre tout droit : chemin de Gairaut, boulevard, rue, quartier St Maurice il est 11 heures et demie, c'est l'heure intense et chaude de la journée, il faut affronter la ville, ses nuisances, que j'avais un peu oublié : voitures, bus, tramways. L'avenue Malaussena passe sous la ligne de chemins de fer, et après le carrefour, devient l'avenue Jean Médecin, artère principale de Nice.
Je ne veux pas faillir à ma règle, qui est de continuer à pied jusqu'à la mer... Certains, tournent à droite et s'arrêtent à la gare SNCF : c'est bien dommage! mais ce qui l'est encore plus, ce sont ceux qui prennent un bus à l'Aire St Michel.
Il est 13 heures. Je vais poser mon sac à dos dans un hôtel proche, et faire un plongeon dans la Grande Bleue.
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