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DE MERCANTOUR...

...EN ITALIE


 

Mercredi 24 Juillet 1996

 

 

Les marques GR®, GRP®, les signes de balisage correspondants (blanc/rouge et jaune/rouge), 

et PR® sont des marques déposées par la Fédération Française de la randonnée pédestre.

 Autorisation de reproduction 2008.

 

 

Au réveil, le ciel est bleu, mais le temps de m’habiller, tout se couvre dehors aussi ! C’est inquiétant de voir ces changements si rapide de bonne heure. Cela n’annonce rien de bien bon pour la journée.

Petit déjeuner, et descente par le car de Nice. Je m’arrête, à ISOLA, petit village où j’ai largement le temps de prendre un café croissant. Une autre navette, dans laquelle je suis seul avec le chauffeur, mène à ISOLA 2000, plus importante station de ski des Alpes Maritimes. Ca ressemble étrangement à AURON de l’autre côté de la vallée. Le béton ne manque pas ; les pylônes, et câbles aussi.

 

 

Lac des Terres rouges

 

 

 

Le vent est plus fort qu’à ST ETIENNE DE TINEE, les nuages roulent dans le ciel ; le soleil est complètement caché. Il faut suivre un sentier à proximité des pistes, entre caillasse et mélèzes, pour parvenir assez rapidement au premier lac des Terres Rouges, dans un grondement de tonnerre venant de loin. Quelques secondes plus tard, d’autres détonations plus sèches et plus rapprochées, éclatent. Des promeneurs font demi tour. D’un seul coup, la pluie s’abat. Je n’y avais pas fait attention, tout est venu très vite, du fond de la vallée derrière moi.

Comme toujours, le temps de chercher la cape dans mon sac, et je suis déjà trempé ! Il n’est pas facile de la faire passer par dessus le sac sur le dos, dans le vent et les petits grêlons qui suivent les gouttes d’eau ! En jetant un rapide coup d’œil derrière, pour ne pas me laisser surprendre à nouveau, je m’aperçois que le ciel devient bleu, là où il était le plus sombre tout à l’heure. L’espoir renaît ; arrivé au plus grand lac des Terres Rouges, les nuages se sont disloqués, et la pluie cesse.

 

 

 

J’enlève ma cape, dans laquelle je commence à prendre un bain de vapeur!

Le soleil est là, et c’est tant mieux ! je rencontre un groupe de randonneurs : ils vont au col pour se promener. La partie terminale est assez raide, dans des éboulis, avec un névé assez pentu à traverser.

Arrivé à la Baisse de Druos, le panorama est dégagé sur la vallée d’ISOLA, mais côté italien de gros nuages remontent du val d’Entracque, et le Mont Malinvern est à moitié caché.

Des randonneurs font une pause en attendant leurs copains partis à l’assaut précisément du Malinvern.

« Le refuge est à vingt minutes d’ici » dit l’un.

Ça m’étonnerait !

Sur la carte il ne semble pas loin ; mais les cartes italiennes, je m’en méfie.

La descente se fait dans les éboulis, mais le sentier est bien tracé, avec de larges lacets.

On passe devant une caserne en ruine, les lacs di Valscura, et à nouveau des gouttes éparses précédant une pluie battante, me tombe dessus, d’un coup ! Par chance j’aperçois sur un rocher une inscription avec une flèche : « Ricovero ». Abri, refuge, baraque?

 

Je n’ai plus le temps de sortir ma cape, je file en direction de cette flèche et trouve effectivement un abri. Il suffit de tirer sur la porte quelque peu coincée pour se retrouver à l’intérieur. Il y a un trou en haut sur le côté, mais la pluie ne pénètre pas. Le toit en tôle vibre sous les grêlons, et par moments, des plaques semble s'élever sous les assauts des rafales de vent.

Des bruits sourds envahissent ce minuscule abri, à chaque grondement de tonnerre : les murs tremblent, et moi aussi ! Je n’aime pas trop ce genre de situation. Des bougies sont posées sur une étagère, au cas où il faudrait s’éclairer, et des recommandations en italien sont inscrites sur un panneau.

 

 

 

le Val d’Entracque, à la baisse de Druos.

 

le chemin vers le refuge Questa

 

Au bout d’un moment, la pluie diminue d’intensité, j’entrouvre la porte pour voir ce qui se passe dehors, et en fait je suis attiré par des voix. Je sors et me rapproche d’un énorme rocher. Trois italiens sont là, essayant de s’abriter tant bien que mal ! ils n’ont pas vu l’abri. Je leur fais signe de venir. Ils se précipitent dans le « Ricovero ». Ils ne parlent pas français, et sont heureux de m’avoir rencontré. Dommage que ce n’était pas plus tôt ! Ils me proposent du thé chaud ; je ne m’attarde pas, car le ciel se dégage comme par enchantement, et il vaut mieux filer sans perdre trop de temps. Je les laisse, essayant de se sécher un peu.

Le ciel est redevenu tout bleu, et le vent souffle plus fort.

 

Après une courte montée, le sentier est tracé avec de larges pierres posées les unes à côté des autres, en opus. J’apprends plus tard que ces chemins ont été faits par les italiens pendant la guerre, pour monter leurs batteries aux points stratégiques : caserne di Valscura et Baisse de Druos à la frontière.

Le chemin de pierres longe le lac del Claus. Ce paysage est très beau, et il y a des similitudes avec les lacs de la Vallée des Merveilles.

 

 

 

Légère descente, et remontée jusqu’au refuge Questa situé sur un promontoire, que l’on voit de loin. De l’autre côté, le grand lac delle Portette ; le pierrier autour plonge directement dans l’eau bleue.

Il fait beau, mais pas chaud. Le gardien du refuge est italien, sa femme allemande. La douche est dans une cabine dehors.

Mais ici, je n’ai pas envie de me mouiller !

A côté, il y a un grand bac avec un robinet d’eau chaude, luxe suprême, fonctionnant aux panneaux solaires.

 

La polenta affichée à l’entrée est alléchante. Je me laisse tenter une fois de plus !

L’après midi, je me balade un peu. Les nuages ont disparu. Les randonneurs rencontrés à la Baisse de Druos arrivent au refuge. Ils n’ont pas pris une goutte d’eau, paraît il ! Cela m’étonne, et je me méfie, ils racontent n’importe quoi : il faut bien plus de vingt minutes pour venir du col !

Un groupe d’italiens débarque et investit le refuge. Tout est plein ! Le dortoir est situé au dessus de la salle à manger, accessible par une échelle verticale contre le mur : pas très pratique pour monter et descendre avec un sac à dos, mais bon pour s’entraîner. On est directement sous le toit.

Le soir on se retrouve avec les italiens à table, ainsi que des hollandais, des belges des allemands, et des niçois! L'ambiance : "montagnardement européenne ".

Le repas est super copieux : j’ai encore droit à une polenta ! avec des pâtes et haricots (pasta fagioli), haricots verts, viande, crêpes, demi rouge, café. Ouf ! on se sent lourd pour monter au dortoir, et s’entasser sur les matelas serrés les uns contre les autres.

 

 


 

 

Jeudi 25 Juillet 1996

 

 

Le vent a été violent toute la nuit, et un bruit de tôle n’a pas cessé de battre sur la toiture. Tout le monde a très mal dormi. Nous ne sommes pas surpris au réveil, de voir que le ciel est parfaitement bleu.

Après le petit déjeuner, je quitte le refuge en suivant le sentier dans les éboulis et les cailloux du val Valasco, et c'est la rencontre avec deux ou trois chamois pas effrayés du tout, qui se laissent même approcher à cinq ou six mètres. La descente est très longue, bien plus longue que ce qu’avait dit le gardien du refuge.

Arrivé aux Termes di Valdieri, je fais une pause café. C’est un hameau, avec un grand hôtel et une auberge. De l’autre côté, le chemin remonte à travers bois, et prairies dans le val di Lourousa. Près d’un torrent, un chamois prend la pause devant les déclics de plusieurs randonneurs.

le refuge Morelli

 

La journée était assez dure, avec une grande descente, une montée, et une nouvelle descente. Une fois en bas, il n’y a plus de balisage. Je demande mon chemin à un ouvrier qui travaille sur le pont. Il faut traverser le barrage du premier lac, et passer sous un tunnel avant de retrouver le sentier balisé contournant la rive.

A gauche la trace monte au col de Fenestrelle, où je passerai demain.

Il est 16 heures, voila le refuge Genova : c’est un grand bâtiment assez neuf, bien aménagé, tout à fait le style de refuge 3 étoiles que l’on trouve en Italie.

 

 

Enfin je parviens au refuge Morelli, et m’y arrête pour grignoter quelques biscuits et croquer une pomme. Le ciel est tout bleu, le vent souffle toujours avec vigueur. Je ne vais pas m’arrêter ici, et décide de continuer plus loin.

Il faut remonter encore dans les éboulis, et déboucher sur un névé, avant de parvenir au col del Chiapous. La cime de l’Argentera se dresse à droite.

Devant, la descente paraît impressionnante : tout en bas, j’aperçois le refuge Genova, minuscule sur un bras de terre, au milieu de deux lacs. J’aborde la pente en zigzag, le sentier n’en finit pas de faire des lacets : je tourne, contourne. La fatigue se fait sentir, et j’ai mal aux genoux.

 

refuge Genova

Le soir, le repas est un vrai menu de restaurant : minestrone, rôti d’agneau, gratin d’aubergines, tarte. La qualité domine très largement la quantité !

Je suis seul dans un petit dortoir de quatre lits.

Dans la soirée, le vent se calme, et de suite les nuages envahissent le ciel.

 

 


 

 

Vendredi 26 Juillet 1996

 

 

 

Passage par le refuge Soria

 

Aussitôt levé, en regardant par la fenêtre du dortoir, je m’aperçois que tout est gris dehors ! On y voit rien. Ca promet !

Il faut retourner au croisement des chemins passés hier, et aborder la montée dans les éboulis. Des chamois bondissent de blocs en blocs en me voyant.

Parfois, j’aimerais grimper aussi aisément.

En attendant, le ciel se dégage petit à petit. Une fois au col di Fenestrelle, la vue sur la vallée est libre, l’Argentera est dégagée. La cime du Gelas côté italien, flotte sur les nuages.

La descente est assez rapide, et sans difficulté j’arrive au bas du vallon. Légère remontée pour accéder au refuge Soria.

Derrière, dans le prolongement : le col de Fenestre communique avec la France et la Madone de Fenestre.

Petite pause café au refuge Soria, pour demander au gardien des nouvelles du chemin montant au refuge Pagari. Il paraît que c’est très enneigé, et le petit glacier à traverser nécessite piolet et crampons. Dommage ! Je ne suis pas équipé pour çà : j’aurais aimé être à 2650 mètres pour mon anniversaire.

 

 

 

Le chemin est tranquille dans cette petite vallée.

 

J’arrive au hameau de San Giacomo. L’auberge ne sert que les repas ! la fille des patrons parle français sans aucun accent, et me conseille d’aller voir en face, la « Foresteria san Giacomo » ; sorte d’auberge de jeunesse envahie par des scouts.

Il vaudrait mieux avoir des lires italiennes ici, et j'ai beaucoup de mal à faire accepter mes Francs!

Après moult palabres, la fille consent à prendre mes Francs, si je mange chez eux, mais ils me rendront la monnaie en Lires !... Ca me permettra de payer la chambre à la Foresteria 18000 lires, soit environ 63,00 Frs. (Quelle galère!) Maintenant on n'a plus ce problème avec l'Euro... c'est au moins une bonne chose!

J’ai l'impression de marchander avec une vendeuse à la sauvette sur les Grands boulevards!...

Il est presque quatorze heures, les clients ont terminé ; je m’installe, car en plus la faim est là !

Par bonheur, je n’ai rien à regretter. La jeune tigresse est devenue toute douce, et c’est son mari, cuisinier qui me sert. 

Tiens ! elle a un mari ? Il ne parle pas un mot de français, et sourit tout le temps.

 

La polenta est abondante et délicieuse, avec au moins trois morceaux de lapins, des saucisses, et du fromage. Ensuite gâteau au citron. Un demi rouge, café. 34000 Lires, soit 119.00 frs.

Ensuite, je n’ai rien à faire,... d’ailleurs il n’y a rien ! je tourne en rond.

Dans la soirée le ciel se couvre un peu plus, et il pleut au moment d’aller dîner. 


 

 

Samedi 27 Juillet 1996

 

 

Je me lève tôt : l’étape risque d’être longue.

En ouvrant les volets, tout est noir ! Il fait encore sombre, mais en plus le ciel est couvert. Plus les minutes passent, et plus je me rends compte de l’ampleur du désastre. On ne voit pas à dix mètres, tant la brume est dense.

Après avoir grignoté des abricots secs, un bout de chocolat, et des biscuits, je descends, en prenant soin de refermer la porte derrière moi, comme l’a demandé hier la secrétaire de la Foresteria.

Cinq minutes après mon départ, je reçois les premières gouttes.

J’enfile ma cape, bien décidé à ne pas m’arrêter.

Le sentier de ce vallon du Monte Colombo doit être magnifique, par beau temps. On passe près de quelques bergeries, et ensuite le tracé grimpe en lacets serrés. Parfois, le ciel se noircit et la pluie se met à tomber, à d’autres moments, des accalmies apparaissent. Je mets et j’enlève ma cape plusieurs fois. J’ai trop chaud lorsqu’il ne pleut pas.

 

Le chemin surplombe le lac del Vei del Bouc. La dernière pente est très raide, dans des schistes glissants : courbé en avant j’ai l’impression de monter à quatre pattes. Je ne connais pas la signification de ce col : « del Vei del Bouc » mais en tous cas, des bouquetins sont là, impassibles, venant de tous côtés, ils semblent émerger des nappes de brouillard qui s’effilochent.

Je suis bien content d’être arrivé ici en moins de temps qu’indiquait le panneau à San Giacomo.

Derrière moi, le sentier se dessine dans la grisaille cotonneuse. Les sommets sont masqués : une ligne horizontale les coupe. On ne distingue pas les hauteurs.

Devant, c’est bien la même chose. Le sentier n’est plus balisé, les traces sont peu visibles : je distingue au loin une échancrure, qui pourrait ressembler au col des Sablons. Avec la carte, j’essaie de me repérer. 

Il y a encore des bouquetins blottis, immobiles contre une paroi, peut-être transis de froid : en effet, la température n’est pas élevée. Un peu plus bas je retrouve une sente descendant vers un petit lac. Je suis sur la bonne voie. il faut remonter vers un ancien blockhaus, pour atteindre le col frontière des Sablons.

des bouquetins près du col

 

De ce côté, les nuages sont moins volumineux, et laissent entrevoir de minuscules coins de ciel. Je passe par une immense prairie, envahie de moutons. Là, deux chemins sont tracés, l’un allant à la baisse de Peyrefique, que j’aurais d’ailleurs dû suivre, et l’autre où une pancarte indique : sentier non balisé, alors qu’il figure en trait bleu sur ma carte !

Je décide de prendre celui-ci, et me retrouve bien vite au milieu de rhododendrons, d’arbustes, sur une pente parfois très raide, où je suis obligé de me rattraper aux branches!

Enfin je retrouve un chemin au bas du vallon, et même une route forestière, allant d’un côté au refuge de Valmasque, et de l’autre vers Fontanalbe. 

Bien vite, je ne suis plus tout seul, et je retrouve les touristes du week end.

 

Après le parking, le chemin remonte légèrement. Je voulais m’arrêter au refuge de Fontanalbe, mais plutôt que de grimper encore à travers les mélèzes, je préfère continuer la descente, et j’arrive au hameau de Casterino.

On m’en avait dit le plus grand bien, mais j’ai trouvé cela, moche!

Trois ou quatre hôtels, de petites constructions ressemblant à des bungalows, quelques maisonnettes disséminées dans la vallon, des marchands de cartes postales, et surtout des 4x4 partout pour emmener les touristes visiter la vallée des merveilles! quand ce n’est pas à dos de mulets, ou en charrettes!

Certains ont cru entrevoir des affaire juteuses en motorisant la vallée de Fontanalbe, pendant que d’autres s’occuperaient des charmants bambins restés inactifs en l’absence de leurs parents, mais beaucoup, à ce qu’on dit dans le coin, "se cassent le nez."

Ce qui ne les empêche pas de recommencer.

En attendant, çà laisse des traces, et la vallée n'a pas besoin de cela.

Juste en face, se trouve la Baisse de Peyrefique, chemin plus rapide, descendant directement dans le val Castérino, et évite de contourner le vallon de Valmasque.

Je fais étape à l’Auberge Ste Marie Madeleine, dans un dortoir pour randonneurs. Le temps est toujours gris, et il se remet à pleuvoir dans la soirée. Je retrouve ici le groupe d’italiens qui était au refuge Questa mercredi dernier.

Au dîner, on nous sert une raclette. Visiblement les italiens ne connaissent pas cette spécialité, et c’est plutôt comique de les voir manger la charcuterie et les pommes de terre, puis le fromage chaud après. 

Il faut leur expliquer la façon de déguster ce plat, et finissent par se débrouiller avec leur spatule et leurs carrés de fromage.

Le jour disparaît bien vite, la fraîcheur s’installe. Nous sommes plusieurs à regagner le dortoir pour nous enfouir sous les couvertures.

Dans une chambre voisine, un violoncelliste nous aide à trouver le sommeil.


 

 

Dimanche 28 Juillet 1996

 

 

Tout le dortoir est réveillé à 5 heures du matin par le tonnerre, et la pluie se remet à tomber !

7 h 30 : il pleut toujours. Je me lève, les autres en font autant. Dehors il fait sombre.

 

Les estomacs sont creux, les petits déjeuners sont servis. Sans hâte, nous mangeons, car nous n’avons rien à faire !

Sans nous en apercevoir la pluie a cessé. Tout à coup un rayon de soleil illumine les arbres, et les gouttes d’eau deviennent brillantes.

Je mets le nez dehors, il semble que les nuages remontent tout doucement.

En moins de cinq minutes, j’ai changé d’avis : je ne reste plus ici, je pars ; je monte plus haut. On verra bien !

Je prends le même chemin qu’hier à la descente. Bien vite j’arrive au croisement des sentiers, et en suivant un groupe de randonneurs, nous parvenons ensemble au refuge de Fontanalbe.

De l’extérieur, il ressemble à un chalet tout en longueur, avec une grande terrasse, des tables, des chaises, le tout entouré de pins, de mélèzes. 

Un décor visiblement sympathique ouvert sur le vallon de Fontanalbe.

Les nuages toujours présents gâchent un peu le décor, mais enfin ! Il ne pleut plus, c’est déjà çà !

En s’approchant un peu plus près, on voit sur une table un écriteau : « table réservée aux gardiens ». 

Ah bon !...

 

J’entre à l’intérieur, pour prendre un café, histoire de me réchauffer un peu. Deux ou trois marmots font du coloriage dans un coin. Le gardien envoie des messages par radio téléphone. Sur une table est inscrit : 

« Réservé aux gardiens ». Tiens ! Ils ont l’air d’y tenir !

A plusieurs endroits sur les murs, on lit des : « réservé » « ne pas s’installer ici » etc... Ils ont vraiment marqué leur territoire.

A se demander si on est chez eux, où dans un refuge !

Je commande un sandwich pour tout à l’heure, et je file. Les randonneurs arrivés en même temps que moi, remontent aussi. 

 

Lac vert de Fontanalbe 

 

 

 

En peu de temps je parviens au lac vert de Fontanalbe. Les sapins se reflètent dans l’eau, la grisaille du ciel apporte de la mélancolie à ce lieu magnifique.

 

Les jeunes qui marchaient derrière moi, font une "pause romantique ! "

Je continue, espérant trouver les lacs Jumeaux, dont on parle tant. Un petit sentier longe un ruisseau, au milieu de la verdure. Cet endroit me semble plus beau que le reste du vallon, et la vallée des Merveilles de l’autre côté.

 

 

 

Le Mont Bego, « montagne aux écritures » est caché. Après avoir franchi une petite butte, j’arrive au premier des lacs jumeaux, puis le second. Ils sont remplis de plantes aquatiques rares et endémiques. 

Tout est très beau. Je fais une pause casse-croûte. A côté, un chalet des gardes : ils veillent sur tout ! piolets, bâtons, cannes ferrées sont interdits.

Les gravures préhistoriques sont super protégées. Je n’en vois pas beaucoup ; la plupart sont en dehors des sentiers, et il est interdit de s'y aventurer, tout comme dans la vallée des Merveilles.

 

 

 

 

 

 

Les Lacs Jumeaux

 

 

 

Je redescends par un autre chemin, et contourne le lac vert.

 

Les randonneurs de tout à l’heure ne sont plus là. Petite remontée non balisée, indiquée par les jeunes, pour passer à la Baisse de Valaurette. Il y a des gens tranquillement installés, à contempler le paysage. Le ciel est devenu noir sur le Bego. Ils feraient mieux de se dépêcher, la descente va être longue !

En effet, sitôt contourné un grand ravin, les premiers coups de tonnerre retentissent à ma droite, les premières gouttes tombent. Ca y est ! bien sûr, ça ne pouvait pas se terminer autrement ! Je cherche ma cape dans le sac avant d’être complètement trempé. Il faut activer dans la descente, mais le terrain devient glissant. Une fois arrivé au bas du sentier, je continue dans le vallon de la Minière ; passage au premier petit lac et ensuite le lac des Mesches.

Je me retrouve sur la route goudronnée. On m’avait dit qu’une navette partait d’ici vers 16 heures, mais je ne vois rien : pas d’arrêt de bus, pas d’abri, seulement deux parkings, l’un plus haut que l’autre, et personne. Je ne sais plus où me mettre, pour m’abriter un peu. Il est préférable de continuer plutôt que de rester planté, à attendre.

J’étais bien inspiré, et j’ai de la chance : le long de la route, je retrouve deux des jeunes de ce matin en train de charger leur sac à dos dans leur voiture. Quelle aubaine ! ils me racontent leur descente, juste devant moi : je ne les ai pas vu !

 

Ils descendent à NICE, et se proposent de m’emmener à ST DALMAS DE TENDE. Cà sera parfait !

Arrivés au bas de la vallée, ils prennent à gauche, et décident de monter à TENDE. Alors là c’est encore plus que parfait ! Trente minutes plus tôt j’étais sous la pluie là-haut, maintenant je vais pouvoir me sécher. Je propose de prendre un pot, mais ils n’ont pas le temps : ils doivent retrouver des parents au train à NICE.

Je rentre à l’hôtel où j’ai réservé hier, heureux que la journée se termine enfin. Maintenant, le soleil se montre. Après la douche, je visite un peu cette ville bâtie en escaliers à flanc de montagne, et à deux pas du col de Tende, frontière avec l'Italie.

Je plains ceux qui habitent en haut. De loin, on a l’impression que les maisons sont posées les unes sur les autres.

Tende


 

 

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