1er
jour :
Départ
du village d'Etsaut dans la vallée d'Aspe, où je suis arrivé tant
bien que mal à 11 heures du matin ce lundi 13 juillet 2009, après une
nuit de train, des changements de bus, des navettes, et des attentes,
suite à une grève SNCF...
Il
est 11h30 quand je quitte Etsaut, après quelques derniers achats. Il
fait beau et chaud!
Une
petite route conduit au départ du sentier sur la gauche. C'est le
chemin de la Mâture! Taillé dans la roche au 18e siècle pour
transporter des troncs d'arbres qui devaient servir de mâts à la
marine royale. Le passage le plus large mesure quatre mètres, mais il
est souvent très étroit dans les falaises. En regardant en bas, c'est
vertigineux ; en regardant en l'air par endroits on ne voit pas le haut
des rochers verticaux!
C'est
tout un parcours en corniche incurvée presque comme une demi voûte.
On imagine le travail qui a dû être réalisé à l'époque par des
forçats, pour tailler ce chemin!
Après
une petite montée dans les bois, le sentier débouche au milieu des
larges prairies fleuries de gentianes jaunes et d'iris bleus...
Des
vaches et leur vacher sont ici et là, ainsi que quelques beaux chevaux.
Je
fais une pause casse-croûte, avant d'attaquer la longue côte se
distinguant depuis une cabane de berger, où j'ai posé mon sac et me
suis assis. La chaleur est forte, je suis en sueur! Ma poche de deux
litres d'eau n'est pas de trop, d'autant qu'ici il n'est pas possible de
refaire le plein!
La
longue montée au soleil est assez pénible, et mon sac pèse sur les
épaules malgré le serrage autour de la taille...
Je
parviens au col Hourquette de Larry. Encore un effort, et plus haut sur
la crête j'arrive au col d'Ayous.
Le
spectacle est magnifique : je découvre en face le Pic du Midi d'Ossau,
et au bas de la pente, les lacs...
Le
vent, et les quelques nuages devant le soleil, parviennent à donner un
peu de fraîcheur dans cette descente.
J'arrive
au lac Gentau près du refuge d'Ayous à 18h15.
Il
y a de nombreux campeurs... ou plutôt "bivouaqueurs"!
Deux
jeunes arrivent à 20 heures passées, complètement épuisés!
Le
soleil couchant colore le Pic du Midi d'Ossau, et ses reflets dans le
lac ; mais vu d'ici, Pic et lac semblent si proches que l'on n'imagine
pas entre les deux, la profonde vallée qu'il faudra traverser demain!
2ème
jour :
Je
quitte le lac Gentau et le refuge d'Ayous quelques dizaines de mètres
au dessus à 8h45.
Hier
c'était le GR®10, aujourd'hui c'est la HRP. Pas de balisage particulier, mais le
tracé et si évident qu'il n'y a aucun risque de se tromper!
Il
faut contourner les premiers lacs et un peu plus haut, le lac Bersau
bien plus grand que les précédents. On passe entre les Pics Castérau
et Paradis dans des pierriers proches de petits lacs.
Descente dans les
prairies fleuries jusqu'aux bergeries où l'on peut acheter du fromage.
Tout le long du chemin paissent des vaches et aussi des brebis.
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Une
piste assez large conduit à un chalet où il faut chercher le
passage au milieu de la végétation, et ensuite remonter parmi
les fleurs, notamment les gentianes jaunes. |
Arrivé sur un plateau je fais ma pause
casse-croûte au bord du lac de Peyreget. En face se trouve les éboulis
et les roches qu'il va falloir grimper pour atteindre le col de Peyreget,
entre son Pic et le versant sud du Midi d'Ossau... Montée assez
pénible!
La
descente de l'autre côté n'est pas plus aisée : des cailloux, des
éboulis plus ou moins stables. Après le passage de deux petits lacs,
je retrouve un peu de verdure, et j'arrive au lac de Pombie avec son
refuge à proximité.
Il
fait chaud. Un groupe d'irlandais se baignent dans le lac. Après
quelques hésitations je me décide à en faire autant en y allant
progressivement! En fait, l'eau n'est pas si froide à 2000
mètres!
Le
coucher de soleil n'est pas aussi beau qu'hier. Le lac de Pombie est
entouré de sommets, le Pic du Midi d'Ossau fait de l'ombre, et de
nombreux nuages envahissent le ciel dans la soirée...
Des
jeunes hollandais et allemands se sont joint aux irlandais pour nous
donner quelques chansons : du folklore, mais aussi des Beatles, avec
guitares, flûtes, ukulélé... Dommage, il aurait fallu un feu de camp!
3ème
jour :
Ce
matin le temps est orageux, lourd, nuageux : tout est dans le
brouillard!
Je
ne perds pas mon temps ; sitôt tout emballé dans le sac, et prêt, je
prends mon chemin...
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Une
descente dans les prairies brumeuses toujours très fleuries :
gentianes, digitales, chardons bleus, et une multitude d'iris
mauves.
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Le
sentier mentionné sur ma carte comme étant HRP, mène en fond de
vallée sur la route du col du Pourtalet et l'Espagne, après être
passé dans un bois. Beaucoup de circulation touristique, et agitation
aux abords du parking.
Le
chemin remonte par le vallon : quelques chevaux en liberté
regardent passer les randonneurs. Le brouillard s'évapore et le
soleil fait son apparition.
En
se retournant on a une autre vue du Pic du Midi d'Ossau, et on
distingue au loin le refuge de Pombie.
Je
passe près de la cabane d'Arrious, un long pierrier contourne à
gauche et remonte au col d'Arrious et à son lac.
En
continuant de suivre les éboulis, et un névé, j'arrive au lac
d'Arrémoulit, et le refuge entouré de rochers. Ce n'est pas
l'endroit idéal pour bivouaquer, mais certains trouvent les deux
mètres carrés d'herbe nécessaires pour planter leur
tente.
Pour
ma part, je préfère le marabout dressé à côté du refuge.
Je
n'ai pas voulu continuer plus haut, ayant constaté une ampoule à
chaque talon, j'ai préféré m'arrêter là et mettre les pieds
à l'air!
Il
fait très beau et chaud.
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En
remontant des éboulis, je parviens au passage d'Orteig : falaise
très étroite et abrupte
équipée de mains courantes...
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Même
scénario qu'hier, je retrouve les irlandais ; certains n'hésitent pas
à se jeter à l'eau, mais la fraîcheur ne les incite pas à barboter
longtemps! Il est vrai que l'altitude n'est plus la même...
Ce
soir il n'y a plus qu'un matelas de libre.
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A
19 heures, alors que le soleil disparaît peu à peu, le dîner
a lieu sur des grandes tables devant le refuge : la salle est
trop petite pour contenir tout le monde, même en deux services.
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Grand
vent toute la nuit : la toile du Marabout claque comme sur un voilier!
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4ème
jour :
Ce
matin, le vent n'a pas faibli, mais il fait beau!
Voila
pour ce qui est de la météo...
Pour
le physique, c'est différent : mes deux ampoules sont toujours là!
Elles ne se sont pas éteintes pendant la nuit!!
Au
talon droit, elle paraît moins importante et moins gênante que
l'autre, mais j'ai une douleur au tendon rotulien droit depuis hier, et
je n'y prêtais pas attention.
Aujourd'hui
je voulais aller vers le refuge Larribet en passant par le col du Palas,
et le Port de Lavedan... mais ampoules et tendon m'incitent à une sorte
de prudence, surtout que j'en suis seulement à mon 4ème jour de
marche, et j'ai prévu quatre bonnes semaines!
La
prudence se confirme, lorsque la gardienne du refuge me décrit l'étape
: pour monter au col du Palas rien de bien compliqué, il faut suivre
les cairns dans les éboulis... ensuite il faut atteindre le Port du
Lavedan, et dans la descente de l'autre côté, un beau névé en pente
raide stagne comme tous les étés, mais cette année avec
l'accumulation de neige il est plus important.
Il
paraît même qu'un randonneur a fait une belle glissade il y a deux
jours!
Mon
piolet est utile, mais peut être insuffisant pour m'aventurer seul par
là-haut... Après recherches, je n'ai trouvé personne allant dans la
même direction.
Mes
ampoules et mon tendon rotulien risquent de m'handicaper sur un terrain
délicat...
Je
décide de changer mon fusil d'épaule : je vais aller au refuge
Respumoso en Espagne. C'est assez court, et je pourrai me reposer!
D'autre part c'est l'étape que j'avais prévu de faire demain (Larribet
- Respumoso en passant par le Port de la Peyre St Martin).
Je
grimpe péniblement dans les éboulis qui mènent au col d'Arrémoulit.
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La
descente côté espagnol se déroule dans un long pierrier
jusqu'au lac d'Arriel que je longe à droite avec le sommet du
Palas derrière moi, et le Balaïtous à gauche. D'autres petits
lacs entourés maintenant de verdure, et de pins à crochets. Le
sentier est presque plat, il faut le suivre jusqu'au refuge
Respumoso : grand bâtiment d'allure moderne!
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Première
chose : je libère mes pieds des chaussures, chaussettes... Etant
arrivé tôt, je peux m'installer dans un dortoir d'une douzaine de
lits, et prendre une douche "froide" ; il n'y a pas d'eau
chaude.
J'ai
le temps de soigner mes pieds, et de les laisser à l'air, ce qui est la
meilleure chose pour les ampoules.
Le
ciel s'est couvert dans l'après midi, et dans la soirée l'orage gronde
et il pleut!
Le
dîner ce soir n'a rien de génial... On se croirait dans une cantine
scolaire : chacun doit se présenter devant le passe de la cuisine, pour
se faire servir sur un plateau, soupe de pois chiches, une saucisse,
riz, et une pomme.
On
a mangé en dix minutes...
Cinq
français arrivent à 20 heures, fatigués et trempés! Ils ont fait
l'ascension du Palas, mais ont dû traîner en route...
5ème
jour :
Ce
matin le temps est assez nuageux.
Mes
ampoules se sont un peu arrangées : je mets la double peau et l'elastoplast
pour éviter les frottements. Pour le tendon rotulien, les massages avec
le Baume St Bernard, me soulagent assez bien. La mini étape d'hier a
été efficace.
Le
desayuno (petit déjeuner) se résumant à trois biscottes et une
madeleine emballée sous vide, ne nécessite pas de rester des heures à
table!
Je
suis prêt à 8h30, et je pars!
Après
le lac de Respumoso, il faut traverser sept ou huit ruisseaux sur des
pierres instables, et remonter les pentes herbeuses du cirque de
Piedrafita. Sur un plateau, un lac entouré d'un névé, où je
rencontre plusieurs randonneurs espagnols, anglais, et hollandais ; à
partir de là, une rude montée nous attend dans les éboulis et
pierriers de schistes, ainsi que deux gros névés inattendus!
Un
passage sur le rocher en s'aidant des mains, pour parvenir au col de
Tebarray. Petite pause...
Le
brouillard remonte, et laisse entrevoir la pente raide et caillouteuse
avec le lac de Tebarray quelques deux cents mètres plus bas.
Il
faut descendre à mi chemin pour trouver la trace à niveau dans le
pierrier, qui mène au coello del Infierno.
Les
nuages se dissipent et le soleil fait une apparition.
Il
y a un grand névé en pente ; la neige porte bien, je n'hésite pas à
y aller face à la pente en plantant bien les talons : c'est mon jeu
favori en montagne...
Je
regarde d'un oeil amusé, deux randonneurs mettre leurs crampons! Qu'en
serait-il si la neige était gelée? je ne pense plus aux
ampoules.
Une
fois arrivé au bas, il y a des torrents à traverser, encore un névé,
pour atteindre ensuite les pâturages, les prairies où je fais ma pause
casse-croûte.
L'un
des rares panneaux indique Banos de Panticosa à 1h45 : il me faut une
heure de plus!
D'une
manière générale, les indications (quand elles existent) sont
nettement en dessous de la réalité, et je ne suis pas le seul à le
constater!
Après
être passé par les deux lacs Azul et ensuite le lac Bachimana, la
descente est très pénible pour les pieds et les genoux dans les
pierriers, éboulis, cailloux, rochers!
Le
sentier arrive dans des parties fleuries, et des pins à crochets, un
peu avant l'entrée à Banos de Panticosa ; station de ski assez moderne
et sans vie! Un grand hôtel de luxe, et des appartements inoccupés!
J'arrive
avec la pluie... Je n'ai réservé nulle part, mais je trouve de la
place au refuge Casa de Piedra. C'est un grand bâtiment de trois
étages.
La
satisfaction du jour : les ampoules aux talons sont en voie de
guérison, et le tendon rotulien ne m'a pas posé de problèmes, malgré
les caillasses de la journée...
Le
menu ce soir est un peu mieux qu'hier : potage, rôti de porc à la
tomate, salade, yaourt, au milieu d'un brouhaha indescriptible.
Je
me réjouissais d'être seul dans un dortoir, mais peu avant minuit un
groupe d'espagnols envahi les lieux bruyamment, et commence un long
ballet de frontales qui éclairent tous azimuts! S'apercevant qu'ils ne
sont pas seuls, des schuuttt... se font entendre, mais trop tard, je
suis réveillé!
Il
faudra du temps pour me rendormir.
6ème
jour :
Grand
beau temps!
Je
me retrouve avec deux jeunes hollandais à chercher le départ du GR®11... Finalement au bout d'une demi heure nous suivons intuitivement une
piste entre des maisons en ruine : c'est le seul sentier qui grimpe
conformément à la carte.
La
montée est rude, comme d'habitude dans les éboulis, les cailloux, mais
sous couvert de pins odorants.
Nous
passons aux lacs de Brazato, et puis un gros pierriers suivi d'un névé
assez pentu menant au Collado del Brazato.
Vue
splendide sur le versant sud du Vignemale, mais aussi sur toute la
descente qui nous attend, dans les cailloux, les rochers, etc.... je
commence à m'inquiéter pour mes talons et mon genoux, qui pour le
moment ne se manifestent pas!
Il
y a deux ou trois petits lacs, et des ruisseaux à traverser sur des
pierres.
Un
peu plus bas, on retrouve de la verdure, mais aussi un gros torrent. Les
deux jeunes hollandais sont devant, et passent en se mouillant les
pieds!
Le
gars veut m'aider à traverser en me tendant la main, mais je glisse sur
des cailloux, et je me retrouve dans l'eau jusqu'aux genoux : je
n'imaginais pas que ce soit aussi profond! Manque de chance, dans ma
glissade, mon appareil photos pourtant dans sa pochette de protection autour de mon cou, trempe dans
l'eau!...
Le
gars est confus, sa copine qui est aussi trempée jusqu'aux mollets, se
tord de rire!
Quant
à moi, je ne sais quelle attitude prendre!
La
première chose que je fais ; enlever la carte mémoire, espérant
sauver les 74 photos déjà prises! L'appareil lui, est mouillé : c'est
le moins qu'on puisse dire, et je crains qu'il soit HS.
J'enlève
mes chaussures ; je ne peux pas continuer à marcher avec deux litres
d'eau aux pieds! Ca n'arrangera pas mes ampoules...
Nous
faisons une pause casse-croûte d'une heure...
La
descente est longue, très longue... mais heureusement avec de la
verdure, des prairies, et des troupeaux de vaches.
Plus
tard, des randonneurs me diront qu'ils ont fait cette étape en deux
jours, en bivouaquant près d'une cabane!
Le
chemin est fleuri, et nous passons par une forêt de pins avant de
trouver une large piste menant à Bujaruelo : il est 17h10... J'étais
parti à 8h ce matin : longue et pénible étape, avec en plus
l'appareil photos qui ne fonctionne plus!
Les
deux hollandais vont s'installer sur le terrain de camping.
Je
suis un peu dépité par ce qui s'est passé... et à voir ce camping
entouré par la route poussiéreuse, et le parking juste à côté, je
préfère demander une place dans le refuge.
L'accueil
est excellent! La responsable parle français, et me fais savoir que
j'ai de la chance (je pensais que ce n'était pas le jour), il reste un
lit dans une chambre de deux avec douche et wc! Je me retrouve avec un
sympathique espagnol qui grimpe dans le coin, et revient au refuge le
soir.
Ce
refuge bar restaurant situé au bout de la route, avec un parking,
attire de nombreux touristes, et on peut même payer par carte bancaire,
ce qui m'arrange bien.
J'en
arrive à regretter que la route ne soit pas goudronnée, il y aurait
moins de poussière!
Le
cadre est pourtant agréable, en fond de vallée à 1300 mètres proche
du Parc National d'Ordesa.
Un
ruisseau coule à proximité, mais il y a un magnifique pont romain pour
le traverser!
Dîner
le soir, dans la grande salle, où tout le monde s'exprime à haute voix
et dans des langues différentes!
Soupe
pois chiches légumes, saucisses salade, glace.
7ème
jour : Évidemment, je n'ai aucune photo de ce jour!
Je
suis debout à 6h.
Le
petit déjeuner buffet est très copieux!
Je
veux aller à Torla, ce n'est pas très loin : trois heures tout au
plus.
C'est
une étape que j'avais prévu, un beau village paraît-il à voir, et le
plus proche pour retirer de l'argent, et me ré-approvisionner. Il faut
aussi que je cherche un photographe, pour savoir si ma carte mémoire
est fichue ou pas, et me procurer au moins un appareil jetable : chose
que je n'ai pas utilisée depuis des décennies!
Première
surprise de taille : au moment de payer le refuge par CB, ma carte est
invalide! Après plusieurs tentatives, je suis obligé de payer en
espèces. Je pense que c'est leur appareil qui a un problème! Il est
temps que j'aille à Torla retirer de l'argent : il ne me reste que 20
euros...
Je
quitte Bujaruelo à 8h20 par cette piste de terre, où chaque passage de
voiture soulève un nuage de poussière. Arrivé à l'intersection du
chemin et de la route, je continue en suivant le bas côté sur le
goudron.
J'arrive
à Torla. En effet le village est magnifique : maisons aux façades de
pierres, toits d'ardoises. Au loin le sommet du Mondarruego et les
falaises de l'Ordesa.
Tout
cela ne doit pas me faire oublier la réalité : deuxième surprise,
impossible de retirer le moindre euro au distributeur!!
Ici
aussi ma carte est invalide, et un message me prie de contacter ma
banque... Quelle bonne blague! on est dimanche et ma banque est fermée
aussi le lundi!
Je
regarde ma carte dans tous les sens, pour voir si c'est bien la
mienne...
Je
ne peux rien acheter : je dois repartir, il est 11 heures. La seule
solution est de repasser en France, et le plus proche est Gavarnie!
J'aurais d'ailleurs dû y aller directement ce matin... si j'avais
su!
Je
reprends la même route en sens inverse. Arrivé à la bifurcation route
d'Ordesa à droite, et Bujaruelo à gauche, je remonte par ce chemin
poussiéreux. A la première voiture, je lève mon pouce! Quelle
chance... une famille d'espagnols me prend en stop. Je leur raconte mon
périple du jour : ils n'en reviennent pas. Un aller retour Bujaruelo -
Torla pour rien! c'est cinq heures de perdues, sans parler de la fatigue
inutile!
Enfin,
pour changer on en vient à parler du Barça... parce qu'ils sont de
Barcelone.
Nous
arrivons au parking de Bujaruelo. Il est midi!
Je
vais chercher un sandwich (bocadillo jamon) au bar du refuge. Je raconte
brièvement à la fille ce qui se passe...
Je
n'ai pas de temps à perdre, il y a près de 5 heures de marche pour
arriver à Gavarnie!
La
montée est longue et pénible, bien que tout soit verdoyant. Il fait
chaud, très chaud, je sue. Je ressens la fatigue, le poids de mon
sac qui ne s'allège pas sur mon dos du matin au soir. J'essaie de
fixer mon regard sur les fleurs, des tapis de genets jaunes au ras du
sol, sur les pentes.
Après
quelques derniers efforts, j'arrive au col frontière : le Port Boucharo.
La
descente est ici aussi caillouteuse côté français. J'arrive enfin
dans des prairies pour faire la pause "bocadillo jamon" près
de la cabane des soldats...
La
descente continue dans les pierriers et les fleurs, puis sous les
arbres.
J'arrive
à Gavarnie à 17 h 20.
Première
chose : le premier distributeur de billet que je trouve, et qui est
l'unique!
Aucun
problème... Je retire ce que je veux, et le maximum!
Je
suis rassuré : ma carte est bien la mienne, mon compte est toujours
approvisionné, je ne suis pas amnésique, et je connais mon code...
Je
trouve une chambre dans un petit hôtel : je vais rester ici deux nuits.
Demain
lundi j'irai à Luz St Sauveur avec le bus, pour trouver une borne qui
me permettra de visualiser la carte mémoire de mon APN, et acheter des
appareils jetables!
Je
passe sur cette journée à Luz : la carte mémoire n'a pas souffert du
bain forcé, et les 74 photos sont intactes. L'appareil ne s'allume
plus!
Quant
à l'hôtel, je le paye par CB sans aucune difficulté!
Je
suis persuadé que le problème vient des appareils espagnols!
8ème
jour de marche, et à partir de ce jour j'ai eu recours à 4
appareils jetables...
Je
suis un peu reposé par cette journée d'hier sans marcher, sans
dénivellations, et surtout sans sac à dos!
Il
fait beau et chaud.
J'ai
contacté ma banque : ils cherchent le problème, et j'espère qu'ils
auront trouvé d'ici ce soir.
Je
quitte Gavarnie à 9h45 pour retourner à Bujaruelo... Eh oui! je tenais
à repartir là où j'ai interrompu.
Tout
ce que j'ai fait dans un sens dimanche, je le refais mardi dans l'autre
sens!
Remontée
au Port Boucharo, mais là je me prends un vent violent en pleine
figure. Pour un peu je serais déséquilibré!
Descente
sur le côté espagnol : je retrouve les cailloux, mais aussi les
pâturages et des centaines de vaches sur le versant en face.
Le
vent est moins fort en arrivant à 14 h 45 à Bujaruelo, il fait même
très chaud!
Des
touristes, des jeunes, se baignent dans le torrent ; certains
n'hésitent pas à sauter depuis le pont romain... Heureusement il y a
de la profondeur!
Je
retourne au refuge : la responsable en me voyant m'appelle par mon
prénom! C'est vrai il y a seulement deux jours que je suis passé ici,
mais je n'imaginais pas.....
Dîner
: potage, saucisses salade de crudités, yaourt. Merveille!
ma CB fonctionne ; je ne sais pas ce qui s'est passé... mais pour moi
c'était deux jours perdus.... Je
me console en pensant que cette pause a fait beaucoup de bien à mes
ampoules et mon genoux! 9ème
jour, Nouvelle étape dans les Pyrénées aragonaises. Après
le petit déjeuner buffet, je pars de Bujaruelo à 8 h 15. Le ciel est
très nuageux... Il
faut suivre le même chemin poussiéreux que dimanche, mais aujourd'hui
mercredi il y a moins de véhicules que dimanche dernier! A
la bifurcation de la route vers Torla "qui me rappelle quelque
chose..." je prends le petit sentier GR®11 dans un sous bois de
hêtres, pour traverser le Parc National de l'Ordesa.
Le
chemin devient assez large, sans difficulté, c'est tout plat,
on longe le torrent et ses importantes cascades : cascada de
Molinieto, de Torrambotera... Après être passé sur l'autre
rive par la passerelle de Briet, je rejoins la route venue de la
vallée et le parking... avec son flot de voitures et des
groupes de touristes.
|
|
Il
n'y a plus de quiétude ; ça parle fort, ou plutôt çà
hurle! On se croirait dans un concours à celui qui fera le
plus de bruit... Je ne peux pas faire autrement que suivre
cette sorte de horde sauvage! Et s'il m'arrive d'en dépasser
quelques uns, il y en a toujours d'autres devant! Heureusement,
certaines cascades étouffent un peu le brouhaha des paroles! Les
nuages se sont disloqués, et le soleil peut inonder la
nature... Des
grandes et belles cascades en chute ou en gradins sur des
paliers de roches plates ; elles se succèdent les unes aux
autres... Cascada
de Arripas, del Estrecho, de la Cueva, et au fond du cirque de
Soazo, sa cascade entourée de petites fleurs de genêts
jaunes, plonge dans des vasques. L'eau claire permet de
distinguer les moindres détails : couleur des cailloux au
fond, sable, flore aquatique. Depuis
mon départ, c'est ce que j'ai trouvé de plus beau.
|
Le
sentier très raide grimpe au dessus de la cascade de Cola de
Caballo. Vue panoramique sur tout le canyon que je viens de
traverser, avec au premier plan des bouquets d'iris bleus
mauves.
|
|
Un
peu plus haut, le décor change : les prairies verdoyantes et fleuries
font place au terrain plus aride et rocailleux... Le
chemin continue sa montée en lacets et atteint le refuge Goriz, base de
départ pour l'ascension du Monte Perdido. Le
temps est redevenu très nuageux. Il
y a de nombreux randonneurs qui installent leur bivouac autour du
refuge.
|
Le
temps devient incertain, ma tente n'est pas très imperméable,
et produit une forte condensation... Je ne veux pas prendre le
risque de me retrouver trempé demain matin. En plus, bivouaquer
autour d'un refuge n'est pas vraiment mon truc! J'ai toujours préféré
soit, être à l'intérieur, ou carrément bivouaquer hors de
portée de tout refuge. Compte
tenue de la météo, ce soir j'ai opté pour le refuge ; il est
pratiquement plein! Je me retrouve dans un dortoir sur un
matelas au troisième niveau. C'est vraiment pas le Top comme
refuge. Il y a des marteaux piqueurs qui creusent un trou dans
le rocher juste à côté. Des sacs de ciments plus ou moins
éventés entreposés dans un coin du dortoir cachés par un
vieux matelas tout pisseux! Les
deux cabanes en tôle Algeco servant de toilettes et douches
(froides) ne sont vraiment pas rationnelles, et en plein Parc
National de l'Ordesa on ne peut pas dire que l'esthétique soit
harmonieuse! Je
positive en me disant que je suis au moins à l'abri en cas de
mauvais temps! |
Un
bon point pour le repas ce soir très copieux!
Soupe
de lentilles, salade de crudités, steak de porc haché, pâtes, crème
dessert.
J'ai
même une réduction sur la nuitée et le repas, en tant que membre du
CAF...
Inattendu
et agréable!
D'ailleurs
dans plusieurs refuges espagnols j'ai eu des réductions sur les repas
et petits déjeuners, alors qu'en France çà n'existe pas : (ce n'est
que sur la nuitée)!
10ème
jour, Je
pensais que la majorité des gens dans le refuge feraient le Mont Perdu
ce matin, mais apparemment personne ne monte là-haut! Le
gardien me dit qu'il fait trop mauvais temps, çà ne vaut pas le coup! En
effet, tout est bouché : il n'y a pas grande visibilité. J'avais
prévu de partir direction est, vers le cirque de Pineta par un sentier
non balisé et en pointillé sur ma carte contournant le Mont Perdu,
mais je préfère aller dans l'autre sens direction brèche de Roland,
plutôt que de passer par la brèche Tuquerouye demain! Je
me demande encore aujourd'hui si j'ai bien fait, car je ne crois pas que
Tuquerouye aurait été plus difficile que ce que j'ai fait aujourd'hui
pour atteindre la brèche de Roland sur le versant espagnol! Il
n'est pas 8 heures, je quitte le refuge Goriz en suivant une trace
indiquée par des cairns : je m'en méfie il y a des tas de cailloux
partout, et comme je suis déjà dans les éboulis, pierriers et cairns
se confondent et se mélangent! Le
ciel est très couvert, le brouillard descend de plus en plus. Il faut
passer par des pentes d'herbe pour atteindre le cuello y brecha del
Descargador. J'ai dû prendre une mauvaise piste dans la descente et je
me retrouve plus bas sur le plano de Millaris. Je suis obligé de
remonter la pente : il y a des randonneurs plus haut, où il semble y
avoir un sentier! Je
retrouve une trace, mais bien au dessus du collado de Millaris, et je
suis rejoint par quatre randonneurs qui ont bivouaqué dans le coin...
|
Nous
montons tous les cinq en contournant la combe sur la droite par
le cuello de los Sarrios, avec des passages très délicats dans
les éboulis et les rochers très abrupts qu'il faut atteindre
par le haut pour éviter le grand névé très pentu devant
l'immense grotte pouvant servir d'abri.
Un
court passage avec peu de place pour poser les pieds, mais des
chaînes tout le long, plus ou moins bien fixées dans la paroi pour se tenir!
|
On
finit par arriver à la Brèche de Roland côté espagnol, en traversant
un grand pierrier! Un
vent violent souffle de part et d'autre de la brèche... Je
ne m'attarde pas : encore quelques blocs de pierres à descendre et on
atteint le glacier, ou plutôt ce qu'il en reste : c'est à dire un
grand névé glissant jusqu'au refuge des Sarradets : il est
préférable de suivre la moraine.
Les
quatre randonneurs sont Bretons, et pour quelques jours dans les
Pyrénées. Ils ont leur voiture garée au col des Tentes, et me
proposent de me conduire à Gavarnie ; ce que j'accepte avec joie, car
je n'ai pas trop envie de refaire une troisième fois depuis cinq jours,
le chemin Port Boucharo - Gavarnie... Nous
continuons la descente par les éboulis, les pierriers, et la cascade du
glacier du Taillon à gros débit à traverser sur des roches instables,
et des mains courantes pour éviter une glissade.... Encore
et toujours des pierriers jusqu'au Port Boucharo... Normalement je
n'avais pas prévu de passer par Gavarnie dans cette randonnée! J'y
aurais fait étape trois fois en moins d'une semaine, pour les raisons
que l'on sait maintenant! On
peut tout prévoir, les choses ne se passent pas toujours ainsi... Une
petite route goudronnée encombrée de chutes de pierres nous mènent au
parking du col des tentes. Les
quatre bretons sont heureux de retrouver leur voiture, et moi content de
descendre à Gavarnie après cette étape! 11ème
jour, Ce
matin il fait très beau : après avoir fait quelques achats, je quitte
Gavarnie à 10 heures et demie! Je
prévois une courte étape, puisque mes plans sont chamboulés depuis
mes mésaventures... Je
prends le sentier à gauche du cirque de Gavarnie : montée agréable
par la forêt de pins, des prairies fleuries de nombreux iris. J'arrive
sans difficulté à midi au refuge des Espuguettes sur un promontoire
face au cirque. Le
panorama est magnifique : le Marboré, le Casque, le Taillon, et dans le
fond juste en face le Port Boucharo, encore lui! Maintenant je peux le
contempler de loin... Sur la droite, le Vignemale et son glacier très
reconnaissable...
L'après
midi je me balade. Je monte sur la crête qui mène au Piméné :
petit sommet à 2800m, et je redescends par la Hourquette d'Alans
où je passerai demain. Je
n'ai pas envie d'aller plus loin : je me sens bien ici avec cette
vue magnifique, et au milieu de cette verdure. Enfin pas de
cailloux! Je
cherche un endroit pour bivouaquer un peu à l'écart des
vaches, et des ânes qui appartiennent au refuge. |
|
En
apprenant que les deux jeunes gardiens préparent des cuisses de
canards confites, j'ai décidé de dîner au refuge et de garder mes
sachets lyophilisés pour un autre jour! Nous
sommes une dizaine à table, et certains bivouaquent aussi. Ca
valait la peine! et en plus çà me donne l'occasion d'une petite
promenade digestive après manger... Potage
de légumes, tarte au thon maison (j'ai vu faire la pâte), cuisses de
canards avec des pennes, crème caramel. 12ème
jour, Au
réveil, le paysage magnifique d'hier est dans le brouillard total! J'attends
un bon moment, espérant voir le soleil sécher un peu ma tente... Ne
voyant rien venir, je plie bagage, et mets mon sac sur le dos sur le
coup de 9 heures.
|
Arrivé
à la Hourquette d'Alans, le soleil parvient à percer... Histoire
de me compliquer un peu la tâche, je prends une trace à droite
qui contourne le cirque d'Estaubé, au lieu de descendre tout
droit dans le cirque! J'ai voulu voir au pied de la pente, ce
que donne cette brèche du Tuquerouye in situ... Bien
que je ne m'en sois pas approché, car trop bas, je ne voyais
pas la partie haute de cette brèche, pentue et enneigée, ce
passage ne m'a paru d'une grande difficulté ce 25 juillet...
J'ai presque des regrets d'avoir modifié mes étapes depuis le
refuge Goriz! |
Le
ciel est devenu limpide, et le soleil chauffe... Je
rattrape le sentier dans le vallon et les prairies où paissent de
nombreuses vaches. Il
faut suivre le Gave d'Estaubé, et le traverser sur une passerelle en
amont du lac des Gloriettes. Le
sentier grimpe sur la droite en plusieurs lacets, et atteint une large
piste en pente douce jusqu'à la route, et son flot de véhicules... J'arrive
à l'auberge du Maillet. Je dois sortir de mon sac, ma tente toute
humide et mouillée par la nuit de brume et d'humidité, que je n'ai pas
eu le temps de faire sécher ce matin! Le
gérant remarque un tournoiement de vautours, et à la jumelle nous
distinguons dans une pente une brebis morte ; nous essayons de nous
rapprocher un peu. Il y a un nombre impressionnant de ces volatiles
posés tout autour du cadavre, et semblant attendre l'ordre du
"Chef" après qu'il ait dévoré le premier, les meilleurs
morceaux! On a compté pas moins de 70 vautours!! Les
animaux aussi ont le respect de la hiérarchie...
L'après
midi étant bien avancé, je décide de rester ici, il y a de la place
au dortoir : nous sommes cinq randonneurs, dont un qui arrive dans la
soirée, après avoir perdu sa compagne!
Les
recherches de la gendarmerie étaient sur le point de commencer,
lorsqu'il apprend par le téléphone de l'auberge que sa compagne a
regagné Luz St Sauveur en stop! Soulagement...
13ème
jour, Il
fait très beau... Mes
prévisions d'étapes étant changées depuis plusieurs jours, je me
contente de suivre la grande ligne de mon itinéraire sans tenir compte
du lieu où je m'arrêterai le soir!
Je
monte par un sentier dans les rochers le long d'une cascade,
pour éviter les lacets de la route. J'arrive au parking, et après
avoir traversé plusieurs ruisseaux, je remonte sur une colline
où se trouve une statue de la Vierge, en plein centre du cirque
de Troumouse. J'avais
déjà entendu parler de ce cirque, comme étant magnifique, et
beaucoup plus sauvage que son illustre voisin Gavarnie. J'ai
été frappé par la beauté de ce lieu. Bien sûr il faut monter
un peu sur les buttes, et les vallons pour voir disparaître le
parking et les restes de la civilisation. Selon les endroits où
l'on se trouve, on est entouré par une muraille infranchissable
: l'impression est saisissante, on est vraiment au cœur d'un
site sauvage dans un cirque de quatre kilomètres de diamètre,
avec le Pic de la Munia qui domine...
|
|
En
suivant un sentier je rejoins l'un des lacs des Aires. Des vaches
semblent déguster avec plaisir l'herbe épaisse environnante! Je
suis là depuis un bon moment à regarder, à défaut de pouvoir prendre
de belles photos avec un vrai appareil.... Quel dommage que je ne le
puisse! Je
ne vois pas le temps passer, et le temps qui change! Suis-je
resté trop longtemps à regarder autour de moi de gauche à droite, et
de droite à gauche? Le
beau ciel bleu de ce matin devient gris et sombre. Il faut trouver une
solution. La cabane après les lacs ferait bien l'affaire, mais elle est
porte close! Je bivouaquerai bien par ici, mais avec ce qui risque de
dégringoler, et ma tente qui prend l'eau, je préfère reprendre le
chemin, en allant au plus proche. J'ai raison de ne plus prévoir
d'étapes, et je m'arrêterai où je pourrai! Je
descends par un sentier dans un vallon très étroit, avec de belles
cascades venues des lacs. Ici
aussi c'est très fleuri, et j'arrive à la chapelle d'Héas : parking
et route! Il y a un refuge et camping. En
regardant l'autre versant, je vois le Maillet, où j'étais encore ce
matin! J'ai fait presque un tour complet... En
d'autres temps, je me serais dit : "j'ai perdu une
journée!" Mais
en fait, j'ai le sentiment de n'avoir rien perdu du tout, même si je
n'ai pas avancé ; je me suis seulement attardé dans un lieu
magnifique, et le seul regret est le mauvais temps arrivant à grands
pas! 14ème
jour, Beaucoup
de vent toute la nuit, et pluie... Le
ciel est couvert ce matin, mais se dégage un peu au fil des heures. Je
prends le sentier dans une montée raide et fleurie jusqu'à la cabane
Aguila : troupeau de vaches en pâturage. Il faut remonter encore une
pente pour atteindre un replat herbeux, et suivre un ruisseau asséché
jusqu'à la cabane des Aguilous servant de bergerie.
|
Arrivé
en haut d'une petite côte, je me trouve face à une harde d'isards ;
ils sont une bonne vingtaine! C'est les premiers que je vois depuis le
début de ma randonnée... Ils ne semblent pas effrayés, et sont à une
cinquantaine de mètres ; je n'ose même plus bouger! Je tente une
photo... qu'est-ce que çà va donner avec un appareil jetable? On verra
bien... voila le résultat! Ils
finissent par détaler. Un
peu plus loin, j'en vois encore six! |
Par
ici il n'y a personne, alors ils se sentent en sécurité, mais jusqu'à
un certain point, et ils ne tardent pas à prendre la fuite.
Je
continue à grimper par une piste raide en lacets dans les pierriers, et
les rochers, pour arriver à la Hourquette d'Héas. Le vent est violent,
une nappe de brouillard remonte derrière moi, et au loin j'aperçois
encore le Vignemale. La
descente est pénible dans les caillasses, et à l'intersection de
sentiers je prends celui de droite partant à la Hourquette de
Chermentas, où je fais une pause d'un quart d'heure : le ciel se couvre
encore.
|
|
Descente
par les éboulis, et trace peu visible ; quelques marques à la peinture
de temps à autres... Je
rencontre trois randonneurs venus du refuge Barroude, et qui cherchent
aussi leur chemin!
Le
brouillard envahit le vallon : nous descendons à travers les pentes
d'herbe en faisant attention de ne pas glisser...
Je
retrouve une piste caillouteuse et large le long du torrent, et mène à
la route ; d'un côté la station de ski de Piau Engaly, et de l'autre
côté Aragnouet. Il fait gris et frisquet, par moments il tombe
quelques gouttes. Je ferais bien du stop, mais comme je n'ai pas défini
où je vais, je dois suivre cette route à pied, et m'arrêter au
premier village où il y a un hébergement possible.
Aragnouet,
il n'y a rien : c'est un hameau sans activité... Une vieille dame me
dit qu'à Fabian il y a un gîte d'étape. Je continue ma descente
jusque dans ce village où se trouve un centre d'information à la
mairie.
Effectivement,
le gîte Fouga, camping, se trouve à un kilomètre plus bas.
J'y
arrive et il y a de la place de libre.
Je
suis content de pouvoir prendre une douche chaude, et de laver mon
linge, alors que dehors il tombe une sorte de crachin ou de bruine!
Dîner
: Potage, côtelettes frites, caillé au miel. 15ème
jour, Grand
beau temps. Les nuages, le brouillard d'hier soir se sont volatilisés
pour notre plus grand plaisir! J'avais
prévu de faire un large détour par la réserve naturelle de
Néouvielle, et c'est la raison de mon étape d'hier : rejoindre la
vallée d'Aure, et passer la nuit entre Piau
Engaly et le hameau de Fabian... Je
quitte le gîte à 9 heures. Très peu de marche aujourd'hui : la longue
route touristique menant au lac d'Orédon m'incite à faire du stop, et
çà marche au premier coup! Il vaut mieux éviter la dizaine de
kilomètres sur le bitume avec les bagnoles!... Il
n'est pas encore 10 heures et le parking est déjà plein, et tout est
prévu pour les touristes, de l'accueil à la garderie pour chiens... en
passant par les toilettes, etc...! Je
remonte par un petit raccourci au refuge de l'Orédon. En arrivant on
peut se demander si on est dans un refuge ou un hôtel ***. Grande
bâtisse en pierre de taille, terrasse panoramique, parasols, grande
entrée, cartes postales, bar, accueil souriant par une jeune femme, et
le sympathique Christophe : La famille Carrère est gardien/gérant de
père en fils. Il
s'agit en fait, d'un chalet refuge qui dispose de dortoirs, mais aussi
de chambres.
|
Je
pose mon sac dans un coin en attendant ce soir, et je vais par le
sentier des laquettes qui contourne le lac d'Orédon, et remonte
par les pins à crochets, et les prairies fleuries aux laquettes :
deux petits lacs dans lesquelles se mirent le Pic Ramoun et le Pic
de Néouvielle. Plus
haut, le barrage d'Aubert et son lac avec une petite île au
milieu. Des vaches pâturent tranquillement au son de leur
sonnaille. Derrière
le lac, un parking et fin de route autorisée avant 9 heures 30 et
après 18 heures ; seulement des navettes de bus circulent ente
les parkings d'Orédon et d'Aubert toute la journée, facilitant
l'accès au centre de la réserve naturelle.
|
Dire
qu'il y a du monde ici, les jours de grand beau temps, serait un
euphémisme! C'est une concentration touristique entre les lacs d'Orédon,
d'Aubert et d'Aumar, mais tout ceux qui viennent pique-niquer autour des
lacs semblent assez respectueux de l'environnement : on ne trouve
heureusement pas de détritus!
Dès
que l'on s'éloigne du circuit type, il n'y a plus personne...
En
fin d'après midi le flot de promeneurs disparaît.
Le
refuge est quand même bien rempli : il y a deux services au dîner.
Potage,
cuisses de canard lentilles, compote de pommes.
Si
le rez-de-chaussée avec sa terrasse, son bar, sa salle à manger donne
l'impression d'un hôtel, les dortoirs par contre avec leur dizaine de
lits superposés, nous rappellent que nous sommes bien dans un refuge!
16ème
jour, Le
petit déjeuner buffet est très copieux. Toujours
grand beau temps... On
me dit que les crampons seraient utiles pour l'ascension du Néouvielle.
Je m'abstiens donc de grimper là-haut... Je
remonte au lac d'Aubert avant 8 heures : il n'y a personne! Je suis
seul..., et c'est un vrai plaisir de voir les premières lumières du
jour sur les sommets descendre lentement jusqu'aux lacs, et
réchauffer l'air. Je
reprends les sentiers sous les pins à crochets qui peuvent vivre à
plus de 2000 mètres d'altitude pendant plusieurs siècles, ce qui est un record! Les
lacs sont habités par quantité d'algues et de plantes aquatiques :
plus de 500 espèces ont été recensées. La
roche est essentiellement granitique sur tout le massif. Comme
l'autre jour dans le cirque de Troumouse, je reste là assis par terre,
à regarder autour de moi, et me dire qu'avec mon appareil numérique
j'aurais mitraillé tous azimuts!... Les
premiers touristes arrivent et me font sortir de ma torpeur... Je
repars, mais en évitant les grandes voies de passages! une
trace contourne le lac d'Aumar sur la gauche, et m'évite le GR®10 sur
l'autre rive. Arrivé à l'extrémité du lac, je suis obligé de
continuer par le GR®, mais peu fréquenté car il s'éloigne du centre...
Il descend par un petit vallon, et remonte au milieu des pins pour
atteindre le col d'Estoudou. Longue
descente par les prairies et la forêt jusqu'au chemin au bord du lac de
l'Oule. En un quart d'heure j'arrive au barrage qui permet de traverser
et aller au refuge de l'Oule. Les
tables de midi ne sont même pas débarrassées : ils sont pourtant
trois à s'occuper de la dizaine de clients! On se demande ce qu'ils
font là-dedans... Mille
regrets! j'aurais dû aller bivouaquer plus loin, là où je passerai
demain ; mais encore fallait-il le savoir! 17ème
jour, Au
réveil, on ne voit rien! tout est dans le brouillard... Après
le petit déjeuner je quitte le refuge à 9 heures ; le soleil essaie de
percer... Je
fais le tour du lac par la rive droite, et ensuite je retrouve le GR®10
qui grimpe par les pâturages.
|
Le
brouillard s'estompe, l'air devient moins humide. En haut d'une
côte je parviens au premier lac de Bastan : une vraie
merveille! la brume s'élève au dessus du lac et au loin le Pic
de Néouvielle se détache! Un
peu plus haut le deuxième lac entouré de prairies et de pins,
où des randonneurs ont bivouaqué! C'est
ici que j'aurais dû venir hier soir...
|
|
En
remontant plus haut, au milieu d'un bouquet de pins à crochets
se trouve le refuge de Bastan : petit chalet où quelques
randonneurs allemands finissent seulement leur petit
déjeuner. Il
est 11 heures ; je prendrai bien la soupe de légumes affichée
sur le panneau : on me sert un bol plein!
|
|
Le
ciel est devenu d'un bleu sans nuage, et le soleil réchauffe bien
l'atmosphère. Depuis
les petits lacs de Bastan jusqu'ici, c'est un superbe décor que j'ai du
mal à quitter : mais il est midi moins le quart, et je dois continuer.
Je ne peux pas faire des demi étapes tous les jours... Plutôt
que passer par le col de Portet en suivant le GR®10, ce qui m'obligerait
à redescendre bien en dessous du premier lac de Bastan pour passer au
milieu des remontées mécaniques de la station de St Lary, j'ai
préféré suivre un sentier non balisé au dessus du refuge de Bastan
près du troisième lac, et monter à un col sans nom sur ma carte, mais
qui paraît-il est le col de Bastan... La
vue est magnifique sur les petits lacs, et le Néouvielle en face. Par
contre de l'autre côté, où je dois descendre, çà se gâte : un
épais brouillard remonte de la vallée!
J'essaie
de ne pas trop traîner, car je ne sais pas le temps qu'il faut pour
rejoindre le premier village, et l'endroit où je passerai la nuit! Dans
la descente de ce col, je retrouve des éboulis et des pierriers que
j'avais un peu oublié depuis plusieurs jours! Plus
bas dans les prairies, le sentier se perd et se confond avec des traces
de troupeaux : je cherche le chemin à plusieurs reprises. Le
ciel s'obscurcit de plus en plus. Il faisait grand beau pendant une
bonne partie de la journée, mais avec le brouillard au réveil, le
temps aura changé trois fois... Je
passe par la cabane Auloueilh, et je retrouve le sentier en bordure du
torrent. En perdant de l'altitude la végétation devient plus
importante. Le chemin aussi devient plus large, et peu après les
granges de Lurgues, j'arrive au petit village d'Aulon. Je
ne savais même pas qu'il y avait un gîte ici! "Le Pic
Noir".
A
voir, le sentier fleuri : une multitude de fleurs et plantes sont
entretenues le long d'un chemin par les habitants des maisons. Dîner
: Salade, bourguignons pommes vapeur, gâteau. 18ème
jour, Comme
souvent le matin au réveil, c'est grand beau temps! Le
petit déjeuner buffet et super copieux. Je
quitte Aulon un peu avant 9 heures. L'étape ne sera pas longue : je
vais à St Lary, où j'aurai dû être hier si j'avais suivi le GR®10...
mais la variante que je m'étais concoctée m'en a détournée. Rien de
dramatique, cela m'a fait découvrir un petit vallon, un village et un
gîte bien sympathique, le tout à l'écart des pistes... Je
ne suis plus à un jour de retard en plus sur mes prévisions! Depuis
quelques années, j'ai pris conscience du temps... Etre en retard veut
dire quoi? et par rapport à quoi? En
cherchant je ne sais pas ; je ne trouve pas... Je
laisse de côté mes pensées, et tout ce qui peut faire trop
réfléchir et douter de mes choix, tout ce qui peut avoir un aspect
négatif sur cette randonnée pyrénéenne. Il fait beau, chaud ; au 18e
jour de marche, je n'ai pas été mouillé par la pluie! Oui j'ose le
dire, comme si je me touchais la tête, en disant "je touche du
bois, et pourvu que çà dure"! J'ai toujours eu un abri pour la
nuit, sans réserver nulle part, j'ai toujours mangé à ma faim!
D'autres n'ont pas autant de chance! Je
me retrouve sur un chemin qui n'est pas le bon ; voila ce qui arrive
quand on a la tête ailleurs! A
une intersection de quatre chemins, il fallait prendre un tout petit
sentier à droite dans la végétation ; et comme il y a plutôt
pénurie d'indications, on part tout droit devant! Une
journée de deux heures de marche, peut bien être doublée! Je
me rappelle ce que m'a dit hier le gérant du gîte : "vous passez
par la forêt de pins, en suivant le sentier des Nobis... (sentier des
futurs mariés). Dans
le temps, (mais je ne sais pas lequel) les familles de deux vallées
voisines de Soulan et d'Aulon ne cessaient de se quereller, comme c'est
souvent le cas partout... Les jeunes seulement passaient outre, et se
donnaient des rendez-vous galants dans les pentes boisées : ce qui
finissait le plus souvent par des mariages entre jeunes des deux
villages, au grand regret des parents!..."
La
pente se relève dans les sapins, et j'arrive dans une clairière à la
crête arrondie.
Passage
délicat par une clôture de fil barbelés... et descente dans les
pâturages et les granges.
Voila
le village de Soulan. Il semble en effet que les conflits de jeunesse
avec Aulon, aient cessé depuis belle lurette!
Après
avoir consulté ma carte, je retrouve un sentier qui descend en lacets
à travers bois sans balisage et aucune indication, mais depuis là-haut
la vue sur la vallée, et la station de Vieille Aure, ne me faisaient
pas douter de la direction.
Je
passe par le village de Vignec, et dix minutes plus tard j'arrive à St
Lary. Agréable village très animé ; c'est l'une des stations de ski
des Pyrénées, et pourtant il n'y a pas de remontées mécaniques
disgracieuse dans le village... Il faut prendre le téléphérique pour
être sur les pistes plus haut.
Rien
à voir avec les stations de ski des alpes, où tout est
défiguré.
Ici
la station reste un village, tout en étant assez récente.
Je
vais voir à l'hôtel Orédon : on me propose une grande chambre avec
télé, salle de bains, et terrasse, pour 35€ petit déjeuner compris!
Je n'en reviens pas...
C'est
le début d'après midi, j'ai du temps devant moi : je porte la quasi
totalité de mon sac à dos à la laverie automatique, et ensuite sèche
sur la terrasse ensoleillée de la chambre.
J'ai
du temps pour faire des courses, et me réapprovisionner.
A
21 heures, je vais assister à un concert par le quatuor baroque
d'Olt à la chapelle Ste Marie.
19ème
jour, Le
petit déjeuner à l'hôtel est très copieux... Je
pars de St Lary à 8 heures 15 : il fait très beau. Lente
montée par sentier et petite route en passant par Sailhan, Estensan, et
Azet, trois villages dominants la vallée d'Aure, avec la vue sur une
partie du chemin parcouru hier. J'arrive
au col d'Azet au milieu des prairies. Je retrouve le GR®10 qui coupe les
lacets de la route en passant dans les fougères et des herbes sèches. Il
est 12h20 lorsque j'arrive à Loudenvielle. Vu d'en haut ce village me
paraissait très important, mais une fois dans la rue principale, la
plupart des maisons sont fermées et inhabitées... Je trouve un petit
bistrot pizzeria pour manger un panini et boire un Perrier. Ma
pause aura durée plus d'une heure! Il
fait très chaud, je remplis ma poche d'eau à une fontaine et je repars
en suivant la route. Après
une bonne demi heure de marche en plein soleil, la première voiture
s'arrête : c'est un couple. Je leur demande s'ils vont au Pont du Prat.
Ils vont au parking, terminus de la route. Je m'épargne ainsi une bonne
heure de marche sur le goudron en plein cagnard. Il
y a une belle montée par des lacets en sous bois, avec une végétation
abondante. Tous
les 50 mètres il y a des panneaux expliquant la flore, la faune,
l'érosion, les minéraux, etc.... On
aimerait qu'il y ait des panneaux de ce genre pour indiquer plus souvent
le chemin à suivre!
Le
sentier devient abrupte, en balcon, taillé dans la falaise, un
peu comme le chemin de la Mâture le premier jour. On
surplombe le torrent en passant dans les gorges de Clarabide. La
piste empierrée s'élargit et traverse des prairies. Un
ronronnement se fait entendre. On m'avait prévenu! Il y a une
usine hydroélectrique, et le refuge de la Soula juste
derrière.
|
|
Ce
bruit n'est pas forcément agréable, mais une fois à l'intérieur du
refuge on n'entend plus rien. L'avantage est qu'il y a des douches
rudimentaires certes, mais extrêmement chaudes, pour ne pas dire
brûlantes! Ce qui est inattendu dans un refuge... Mais le gardien me
signale que cela est grâce à l'usine à côté : l'électricité ne
manque, pas la lumière fonctionne partout... Nous
sommes sept randonneurs : allemands, anglais et français. Je serai le
seul à monter demain, ils descendent tous. Pour
le moment, nous sommes bien contents d'être à l'abri : dans la soirée
un violent orage éclate, et la pluie ne cesse pas de la nuit!
Le
dîner est excellent : salade de crudités, poulet pois chiches, fromage
de brebis, gâteau au chocolat.
20ème
jour,
Brouillard
épais en quittant le refuge relativement tard : 8 h 45.
La
montée est très raide dans les rochers, et ensuite un plateau d'herbe
trempée, quelques petits ruisseaux, des cairns un peu partout qui ne
conduisent pas là où veut aller. Il faut chercher carte en mains un
passage sur la droite peu visible, remonter dans les pâturages avec des
brebis. Le brouillard est toujours présent. Un peu plus haut, je
retrouve le sentier qui suit le vallon d'Aygues Tortes et remonte
lentement dans les prairies.
Les
nuages, le brouillard m'empêchent de voir où se trouve le col qu'il
faut passer... Je me retrouve devant plusieurs traces, des cairns, un
grand névé montant à gauche, et un grand pierrier à droite. J'ai le
choix! Reste à savoir quel est le bon...
Le
névé paraît bien pentu, et semble aboutir nulle part malgré que je
distingue des cairns.
Le
grand pierrier n'est pas mon terrain de jeu favori, mais voir des cairns
ou une trace au milieu des cailloux, avec le brouillard et la grisaille
ambiante, n'est pas évident du tout.
J'essaie
de grimper dans ce pierrier en observant dans cette pente s'il n'y a pas
une trace qui me mettrait sur la voie!
Je
monte, et j'aperçois en effet ce qui ressemble à des cairns et à un
sentier dans la caillasse... C'est bien la bonne piste, mais par moment
elle se perd dans les éboulis et les roches, et il faut rechercher à
nouveau le moindre petit tas de cailloux comme indice...
Une
bonne chose : plus je monte, moins il y a de brouillard! Par contre, la
pente est de plus en plus raide... Je distingue une échancrure : sûrement
mon col?
Je
retrouve des traces, des bouts de pistes, et aussi des cairns que des
gens s'amusent à faire partout où ils passent!
|
Il
faut continuer à remonter à droite dans ces rochers et éboulis, car
de l'autre côté la pente paraît trop raide pour pouvoir passer : j'en
déduis qu'en montant je vais arriver sur la crête et la suivre pour
atteindre le col d'Aygues Tortes.
Enfin
j'y arrive! Le brouillard stagne légèrement plus bas. Des nuages dans
le ciel n'empêchent pas le soleil de briller...
Je
rencontre le premier et seul randonneur de la journée, faisant sa pause
calfeutré derrière un mur de pierres. Il vient de l'autre côté : là
où je vais descendre, c'est l'Espagne. Nous sommes sur l'arête
frontalière...
En
face de nous il y a le massif du Posets, à moitié dans les nuages.
|
Je
ne m'attarde pas, car il fait frisquet, et j'ai encore du chemin. Une
descente scabreuse dans les caillasses, les roches, et deux ou trois
passages délicats... je retrouve le brouillard.
Il
faut traverser des ruisseaux et continuer dans les pentes
d'herbes au bas du torrent, et les prairies fleuries pour
arriver à Biados : quelques cabanes, des granges, et le refuge
où je n'ai pas réservé comme d'habitude... Il est 17 heures.
Le
refuge est presque plein : en majorité des espagnols. Je suis
le seul français.
Le
bivouac est interdit, et s'il n'y a plus de place au refuge, il
faut remonter en arrière ou descendre plus bas! |
|
Enfin,
la douche chaude est à 2 euros.
J'attends
le repas à 20 heures avec impatience, mon estomac est vide depuis le
petit déjeuner...
Potage,
haricots plats, sauté de mouton, une orange.
L'étroitesse
du dortoir et les ronflements ne m'empêchent pas de dormir...
21ème
jour, dans le Parc Naturel Posets Maladeta.
Le
temps n'a pas changé depuis hier : nuages, grisailles, aucune
visibilité...
Mon
idée était d'aller vers le refuge Angel Orus sur le versant sud
du Posets, et peut être en faire l'ascension.
Les
conditions météo ne m'incitent guère à faire cette longue étape, et
qui rendrait la journée de demain encore plus longue pour rejoindre
Benasque!
Je
décide d'aller plutôt vers Estos sur le versant nord du Posets. J'ai
tout mon temps, je ne suis pas à un jour près, et je préfère faire
une étape courte, en me disant que demain sera peut être meilleur, et
que je verrai le paysage...
Je
reprends le même sentier qu'hier : le GR®11 par les prairies embrumées,
jusqu'au torrent et je remonte à droite une pente qui rejoint le col
"Puerto de Gistain". La descente de l'autre côté se fait
dans des pierriers, éboulis, et caillasse, ensuite des prairies et des
fleurs des champs.
J'arrive
au refuge de Estos quatre heures après être parti, et sans me presser!
Plus loin c'est Benasque, la ville.
Je
préfère rester ici, et je me balade un peu autour du refuge, mais
hélas il n'y a rien à voir : tout est dans les nuages!
Le
soir, le dîner est du même style qu'à Respumoso... mais ici on nous
appelle par notre nom, pour nous remettre un plateau avec une tasse de
soupe très liquide, une assiette de pâtes, un steak cuit et recuit, et
une crème dessert... chacun dans son coin. Les espagnols en plus grand
nombre se regroupent
En
dix minutes le plateau est liquidé et rendu à la cuisine!
22ème
jour,
Ce
matin il fait beau! les nuages sont partis pendant la nuit... Le
chemin est assez large, agréable, et entouré de fleurs des champs. Plus
loin c'est la route, et après deux terrains de camping, je continue en
suivant la piste de l'autre côté de la route. J'arrive
à Benasque : petite ville très vivante aux nombreux commerces. Je dois
faire des courses pour ce soir et demain, où je n'aurai rien pour
m'approvisionner. Il
y a une navette de bus à 15 heures pour aller dans la vallée de
Ballibierna : je ne me vois pas marcher sur la route pendant une
quinzaine de kilomètres! Il
fait très beau et chaud.
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Le
minibus grimpe par des lacets très étroits, et le vide peu
rassurant! On
est content d'arriver au bout de la route, près du refuge de
Coronas sur le versant sud de l'Aneto, et le massif de
Maladeta. Le
refuge est non gardé, c'est plus un abri ou une cabane, dans
une clairière avec des pins, et un torrent. Le paysage est
agréable, enfin on voit quelque chose!
|
La
plupart des randonneurs qui étaient dans le minibus, vont
bivouaquer dans le valle de Coronas où il y a une cabane pour
éventuellement s'abriter. Moi
je monte tout droit par le GR®11, qui passe par les sapins, les
prairies fleuries, et quelques belles cascades. Plus
haut j'aborde des pierriers ; beaucoup de cailloux... Pendant ce
temps, le ciel se couvre : de gros nuages arrivent! J'espère
que çà ne va pas se dégrader! Le
premier lac de Ballibierna est entouré de blocs de rochers, et
de caillasses. Un peu plus haut il y a quelques espaces de
verdure. J'ai envie de rester là... Au
bout d'un moment, il arrive une famille espagnole : le père, la
mère et leur fille. Je les avais vu dans le bus... Ils
ont l'air fatigué sous le poids de leur sac! Eux
aussi restent là! Nous
montons nos tentes, et c'est l'heure de casser la croûte avec
ce que j'ai acheté à Benasque.
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Les
nuages ont tendance à se volatiliser, et une lueur rosée venant du
couchant, colorie le lac et les pentes pierreuses.
23ème
jour,
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La
nuit a été claire, et je n'ai pas beaucoup dormi sur ce lit de
cailloux... Je
pars à 9 heures sous un soleil resplendissant! La
montée est rude, encore et toujours dans les éboulis et la
rocaille, avec deux ou trois passages délicats. Petite
pause en arrivant au col de Ballibierna dont les derniers
mètres sont assez raides!
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Je
redescends par les blocs de granit. Au bas de la pente, des cascades, et
le lac Cap de Llauset, où je fais une longue pause pour enlever mes
chaussures : j'ai mal au bout des doigts de pieds, et la douleur au
tendon rotulien réapparaît!...
Nouvelle
montée au col Solana, pendant que le ciel change de couleur, et le soleil
disparaît.
Il
faut redescendre de ce col par un grand pierrier jusqu'au premier lac d'Anglos,
et ensuite un deuxième lac au milieu des prairies et des ruisseaux.
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A
proximité se trouve le refuge Anglos, qui est plutôt une
cabane. Il n'y a personne ; l'étape n'était pas longue mais
deux montées et deux descentes ont fait resurgir des douleurs
que j'avais un peu oublié... En plus le temps se gâte, et je
n'ai pas envie d'aller bivouaquer plus bas dans la vallée.
Je
profite de la solitude pour faire un brin de toilette dans une
vasque du torrent : c'est très agréable de se tremper jusqu'au
cou dans cette eau claire, et même si je n'utilise pas de savon
pour ne pas créer de pollution, je me sens propre en sortant de
l'eau!
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Le
couple espagnol et leur fille arrivent à 17h30, l'air épuisé comme
hier! D'autres
randonneurs espagnols arrivent aussi, et trois français originaires de
l'Ariège à 19 heures! Ils préfèrent bivouaquer à côté, voyant que
le refuge est plein! En effet il n'y a que six places, et nous sommes
déjà huit... Pas
de matelas, on dort directement sur les planches! Hier c'était les
cailloux. Le
soir je dîne avec ce que j'ai dans mon sac, et chacun en fait autant... Dans
la nuit, un vent violent se lève et fait claquer la toiture, des
courants d'air passent par les planches disjointes... et un gros orage
éclate. Les trois ariégeois arrivent en courant, abandonnant sur place
leur tente qui est paraît-il bien amarrée, mais prend l'eau... Je ne
suis pas mécontent d'avoir choisi cette cabane en arrivant! Comme
c'était déjà complet avant qu'ils viennent, il ne reste qu'un peu de
place à même le sol. A
onze là dedans, nous dormons peu!...
24ème
jour,
Le
ciel a été lavé par le vent et l'orage de cette nuit... il fait frais
mais beau!
Je
pars à 8h10 après mon petit déj...
Belle
descente par le sentier très pentu dans les roches granitiques et
caillouteuses!
Je
passe parmi les pins et les rhododendrons ; plus bas végétation
fleurie, bois de bouleaux et hêtres. Une importante cascade longe le
chemin.
Une
petite pause au pont de Salenques ; il faut traverser la grande route
qui mène au tunnel de Vielha, et suivre un sentier de l'autre côté à
travers bois, en remontant jusqu'à Espitau de Vielha.
Il
est environ midi, je fais ma pause casse-croûte.
Ensuite,
la montée est rude en plein soleil, par ce sentier caillouteux.
Belle vue sur toute la vallée d'où je viens. J'arrive
au col de Rius à 15 heures, et derrière se trouve le premier
lac de Rius qu'il faut contourner par la gauche. Le paysage est
magnifique! Plus
loin, la pente caillouteuse et les roches mènent à des
pâturages, ainsi qu'une petite source fraîche et bienvenue
sortant d'un rocher. Je
ne vois plus la fin de cette descente ; aussi agréable soit
elle, je la trouve interminable, et le ciel se charge de nuages,
comme chaque jour en fin d'après midi!
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A
un moment il faut quitter le chemin dans le bas du vallon, pour suivre
à droite les balisages du GR®11 et remonter par un sentier se
transformant bien vite en trace peu visible dans les éboulis et la
végétation ; je m'arrête plusieurs fois pour consulter ma carte et
l'altimètre, et m'assurer que je
suis sur la bonne voie...
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Je
retrouve un bout de sentier qui descend encore, et traverse une
combe. A partir de là, m'attend une pénible montée assez
raide dans les rochers au milieu de bouquets de pins... En haut
de cette côte, je trouve enfin le lac et le refuge dera
Restanca à l'autre bout du barrage. Il est 18h30... Je ne
pensais pas venir ici, donc pas réservé! Le refuge est bondé,
mais il reste de la place...
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Des
dizaines de paires de chaussures et des sacs à dos sont entreposés
dans l'entrée. Il faut se frayer un passage au milieu : interdiction de
monter avec les sacs dans les dortoirs, où il y a peu de place... En
moins de trente minutes j'ai attendu mon tour à la douche, et j'ai
lavé short et t'shirt... Je
suis un peu crevé, et des courbatures partout!... 19
heures, je suis à table avec sept espagnols, dont trois charmantes
jeunes femmes, mais ne parlant pas un mot de français. Ce
n'est pas un problème : on fait ce qu'on peut! Gros
dîner et à volonté : enfin çà fait plaisir!! Potage
de légumes, lentilles, rôti de veau carottes et purée, yaourt... Le
ciel s'obscurcit de plus en plus, et pendant la nuit l'orage gronde, et
il pleut!
25ème
jour,
Tôt
ce matin, les éclairs illuminent le dortoir! Au
réveil, le brouillard plane sur le lac, et en quittant le refuge on ne
voit pas à dix mètres! Il
faut rejoindre le pontet de Rius par un sentier en pente dans les
caillasses et les éboulis. Ensuite un chemin assez large conduit à un
parking, et la route goudronnée, peu fréquentée. J'arrive
à 11 heures à Artiès, beau village du Val d'Aran, avec son église du
XIe siècle. Je
fais une longue pause : vu le temps, je ne sais pas trop quoi faire! En
début d'après midi je décide d'aller à Salardu, en passant par un
sentier à l'écart de la grande route. J'arrive
en moins d'une heure au refuge Rosta au centre du village.
J'espère
que le temps s'améliorera demain et me permettra de faire l'étape
normalement prévue jusqu'au gîte d'Eylie en France, de l'autre côté
du Mauberné... C'est
mal parti : le brouillard ne s'évacue pas, le temps est gris et frais,
et il pleut par moments... Dîner
: potage, veau légumes, flan... C'est
ici que je paye le plus cher : 41 euros! On
peut se demander ce qui motive ce prix? Sûrement pas le repas, ni le
dortoir! Il
paraît que le bâtiment est du XVIe siècle!
26ème
jour,
Il
pleut! Aucune amélioration n'est prévue pour les 48 heures...
L'étape
prévue est trop longue pour être faite dans dans ces conditions :
remonter jusqu'au Port d'Urets, col frontalier et redescendre jusqu'au
gîte du hameau d'Eylie.
Normalement,
j'aurais dû finir cette randonnée après demain, avec l'étape à
l'étang d'Araing et ensuite dans la vallée de St Béat ou Bagnères de
Luchon...
Il
y a des bus qui vont au delà de Vielha. Ca me rapprochera de la
frontière. Le bus est terminus au village de "LES", où se
trouvent plusieurs grandes surfaces vendant alcool, tabac, et tout, et
tout.... moins cher qu'en France!
Dans
ma candeur naïve, je pensais qu'un de ces "braves" véhicules
immatriculés 31, 65, 81, 82, enfin des voisins! me prendraient en stop,
moi un pauvre "vieux" randonneur sous le poids de son sac, et
sous la petite pluie fine intermittente...
C'est
un défilé de bagnoles qui ne s'arrêtent pas!!
Je
suis resté près d'une heure le pouce en l'air, devant un abri, à la
sortie du parking...
Je
me suis dit qu'il n'y avait peut être plus de place dans les voitures
remplies de bouteilles et de cartouches de cigarettes!
Ou
alors, ils n'ont pas envie de prendre un inconnu, sac à dos et piolet,
sur une route espagnole près de la frontière ; des fois que çà
serait un trafiquant, un terroriste, un membre de l'ETA...
Je
me résous à marcher à pied sur la route, de préférence sur le bas
côté... Heureusement, c'est en pente douce et il n'y a pas grand
effort!
Je
trouve çà presque agréable de ne pas être dans les éboulis et les
caillasses aujourd'hui!
J'arrive
à la frontière marquée par deux panneaux se tournant le dos : Espagne
- France. Il n'y a rien. Il faut continuer plus loin juste avant
l'entrée dans le village de Fos, pour trouver un poste de douane
fermé! Évidemment çà n'existe plus!
Fos
est un village inanimé, traversé par la RN125 venant d'Espagne et
allant à Toulouse, via Montréjeau. Les maisons le long de la route
sont inhabitées, fermées, ou à vendre! Voila encore un lieu qui a
fini de vivre au fil des ans.... En passant devant le cimetière, je me
dis qu'il doit y avoir plus de monde ici que de l'autre côté.
La
principale curiosité du coin est la Garonne qui a sa source sur les
pentes de l'Aneto, et passe en France dans cette vallée, et
fréquentée par les pêcheurs.
La
porte du gîte d'étape n'est pas fermée : j'entre. Personne! sur la
table un papier : "Si vous n'avez pas réservé, et qu'il y a de la
place, installez vous... aujourd'hui vendredi exceptionnellement pas de
repas ce soir, mais le restaurant la gentilhommière est
ouvert"...
Il
y a un numéro de téléphone que j'appelle : je tombe sur un
répondeur, et je laisse un message. J'attends!
Aujourd'hui
on est samedi et j'ai l'impression que personne n'est venu depuis hier,
autrement le papier ne serait plus là!
Toujours
est il qu'au bout d'un moment, ne voyant rien venir, je suis parti!
J'ai
été voir ce qu'était cette "Gentilhommière" : un hôtel
restaurant. La seule ressource de ce village! Comme il faut manger ici
ce soir, autant dormir aussi... Il y a une chambre avec douche à
l'étage à 28€. C'est moins cher que le gîte en dortoir à Salardu
hier!
Il
continue de pleuvoir l'après midi et la soirée!
Dîner
: bavette bordelaise frites, crumble aux pommes.
27ème
jour,
Il
a plut toute la nuit, et ce matin j'attends presque 9 heures et demie
pour partir. Je
voulais prendre le GR®10
pour rejoindre Luchon, mais il est beaucoup trop tard, et les 1500
mètres à grimper à travers bois pour aller au col d'Esclot d'Aou,
doivent être détrempés, selon les patrons de l'hôtel. De ce col il y
a ensuite une longue descente jusqu'à Luchon. Le
brouillard est toujours tenace. Je
décide de contourner la difficulté. Je vais suivre un chemin à
travers bois jusqu'au village d'Argut, et ensuite une petite route mène
à St Béat : un village un peu plus important, mais d'une grisaille
inouïe! Je vais à l'office du tourisme demander s'il y a des navettes
pour Luchon. Oui
mais dans moins d'une heure, et il faut aller à Marignac à 4
kilomètres. Il n'y a pas une minute à perdre : je ne tente même pas
le stop, je perdrai du temps, et il y a peu de voitures aujourd'hui
dimanche avec ce temps pourri! A
Marignac, il faut traverser le village pour aller à la gare SNCF, mais
il y a belle lurette que les trains ne s'arrêtent plus... L'arrêt du
bus est ici ; j'arrive même en avance! En
moins d'une demi heure le bus arrive à Luchon...
Voila,
c'est fini! J'aurai préféré que ces derniers jours se déroulent
comme prévu, avec les étapes au gîte d'Eylie, à l'étang d'Araing,
Fos, et Bagnères de Luchon, mais le temps ne l'a pas permis!
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