Aller à Mont Prologue

Aller en bas

Quatre semaines n'étaient pas de trop, pour aller de la vallée d'Aspe au val d'Aran, 

en passant par les versants espagnols du Balaïtous, du Vignemale, du Posets, et l'Aneto,

 tout en faisant des détours par l'Ordesa, le Néouvielle, les cirques de Gavarnie, d'Estaubé, et Troumouse.

 

 

Les marques GR®, GRP®, les signes de balisage correspondants (blanc/rouge et jaune/rouge), et PR® sont des marques déposées 

par la Fédération Française de la randonnée pédestre

 Autorisation de reproduction 2008.   

 

 

un clic sur la carte.

 

 

Ayant une connaissance peu approfondie des Pyrénées, je me suis laissé aller à écouter certains conseilleurs et habitués de ces massifs! 

- " Les refuges pyrénéens sont souvent complets, petits avec peu de place : il faut emmener une tente, pour plus d'autonomie, de liberté, etc... "

Qui dit emmener tente, dit aussi avoir un duvet, un camping gaz, des couverts, et de la nourriture!

Dans les alpes, et pour deux ou trois jours, quand il s'agit d'éviter une marche d'approche le lendemain pour atteindre un sommet, je suis tout à fait partant pour le bivouac. Mais partir un mois (en terrain inconnu) avec au moins 15kg sur le dos (plus l'eau), çà n'est pas mon "trip" ni mon truc! Mais enfin, je l'ai fait...

 

Ce que je retiens de cette expérience, c'est que les refuges pyrénéens ne sont jamais pleins, loin de là, même entre le 14 juillet et le 15 août! 

Question nourriture, je préfère un repas complet dans un refuge, plutôt qu'un sachet lyophi seul sous ma tente! (sauf certains refuges espagnols, où le dîner et le petit déjeuner, ne valent pas le prix.) 

Enfin bref, çà fait partie des petits plus et des petits moins qu'on rencontre partout. Je voulais simplement le dire.

A propos de dire ce que je ressens pour les Pyrénées, tout au moins dans la partie centrale, que j'ai sillonné pendant quatre semaines : c'est beau, merveilleux, splendide! 

J'ai volontairement raccourci certaines étapes pour prendre mon temps, et en avoir plein la vue. 

Il y a des lacs magnifiques, des fleurs partout, des champs d'iris, et de gentianes, des forêts de pins à crochets à plus de 2000m, mais aussi des dénivellations importantes, des montées et descentes dont on ne voit plus la fin : c'est la montagne comme on l'aime avec ses paysages grandioses au cœur du Pyrénéisme.... mais alors qu'est-ce qu'il y a comme cailloux, éboulis, rochers, pierriers!!! Je n'en avais jamais vu autant. Des journées entières dans la caillasse, çà peut lasser ; mais heureusement au dessus de tout cela il y a le Merveilleux!... 

"Sur les pavés, les fleurs."

 

Le temps aussi était assez beau, malgré quelques journées de grisaille, et les derniers jours où j'ai été obligé de modifier mon parcours à cause d'une perturbation tenace. 

Deux mots sur les balisages : quand ils existent, ils sont peu visibles, même sur les GR® autant sur le versant français qu'espagnol, et il n'y a pas souvent de panneaux ou pancartes. 

Dans certains massifs la surabondance de balisages crée une forme de pollution, ce n'est pas le cas pour les Pyrénées!

Il faut se méfier aussi des cairns qui mènent nulle part, et parfois là où on ne doit pas aller! Tout le monde s'amuse à faire son petit tas de cailloux n'importe où, et çà peut devenir dangereux...

Mieux vaut avoir un très bon sens de l'orientation, une boussole, un altimètre. 

 

Il m'est arrivé quelques imprévus, ou plutôt des mésaventures! 

1) Ma carte bancaire pourtant internationale qui ne voulait pas fonctionner en Espagne un dimanche! Catastrophe... je n'avais plus que 20 euros sur moi, et pas assez pour payer ce que je devais ; alors qu'en France je pouvais retirer ce que je voulais "ou presque"! Le problème a été résolu le mardi, après avoir appelé ma banque!

Entre temps j'ai fait une étape non prévue : un aller retour Bujaruelo - Gavarnie pour des retraits... 

2) Mon appareil numérique a pris un bain forcé, et n'a pas apprécié!  Il refuse de se mettre en marche. Heureusement les 70 photos faites précédemment sont intactes, mais l'appareil est HS. J'ai dû continuer mon chemin avec des appareils jetables!... Ce n'est pas vraiment le Top, mais c'était çà ou rien!...

 

Je suis donc parti avec ma "vieille tente" de plus de 20 ans! mais qui ne pèse qu'1 kg 200, et mon duvet de la même époque et du même poids. 

On était MUL sans le savoir dans les années 80 ; et qui le voulait, pouvait déjà randonner léger! 

Avant le départ, j'ai fait la liste du contenu de mon sac, et pesé chaque article!... C'est la première fois depuis plus de 30 ans de rando que je m'adonne à ce jeu. 

 

Voila mon tableau : on peut y puiser toutes idées, et tous commentaires, seront bienvenus.

 

 

 

 

 

 

L'un des lacs de Bastan - Néouvielle -

 

Descriptions 

 

sac à dos Lafuma Face Nord 75, vide

duvet Salewa

tente ultralight Maréchal

mousse de sol

housse de pluie sur-sac

piolet Charlet Moser 

(à la main)

camping gaz rando 360 + 3 recharges 

CV360 + récipient cuisson, bol, cuillère, fourchette

 

nourriture lyophilisée

sachets de thé

couteau Opinel + gobelet

piles appareil numériques

appareil photo avec housse et piles

 

gourde Platypus 2L (vide 100g)

1 polaire

1 polaire fine

2 tee shirts

1 short maillot

2 slips

1 maillot de bain pour se laver dans les torrents sans faire de nudisme

1 caleçon et t'shirt pour la nuit

2 paires chaussettes rando

1 paire chaussettes coton

1 paires de sandales

 

1 pantalon coton

1 pantalon montagne 

1 veste de pluie

1 paire de guêtres stop tout

1 serviette toilette 

1 paire de gants 

1 bonnet 

1 casquette

lunettes de soleil

1 lampe frontale 

1 genouillère 

téléphone portable + chargeur

4 paquets mouchoirs en papier

Papier toilette 

trousse toilette + pharmacie (*)

(voir détail)

rasoir et accessoires

serpentins anti moustiques

poche banane : carnet stylo crème solaire... 

porte-feuille chéquier CB

7 cartes IGN

abricots secs

 

 TOTAL 

 

 A rajouter le poids de l'eau dans le Platypus 2L 

 

Poids en gr 

1800

1200

1200

  360

  180

 

 

 

 

  900

  

  420

    35

    40

  200

 

 

  100

  310

  210

  150

  

    80

 

    30

  

  250

    60

    30

  600

  400

  300

  410

  

  140

    50

    40

 

    50

    80

    60

  180

    80

    60

 1200

 

   220

     60

 

 

   300

   640

   250


12675

vêtements sur moi

 

 

 

 

 

740

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 450

 

 

 

 

 150

 130

 

 

 

 

 

   60

 

 

 

 

 

   80

 

 

 

 100 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 380

 

 

 


2090

 

 

 

 

au Port d'Aygues Tortes - Posets -

 

(*) Détail toilette - pharmacie
savon + boîte elastoplast
brosse à dents hansaplast
dentifrice double peau
petite brosse akiléine nok
petit ciseau paracétamol 1g
fil aiguille crème solaire
lime à ongles stick lèvres
pince à épiler bétadine
  compresses
  répulsif insectes
  sporténine
  2 doses arnica 9ch
  baume St Bernard

 

 

Mes étapes

- Vallée d'Aspe : départ d'Etsaut

- Lac d'Ayous

- Lac de Pombie

- refuge Arrémoulit

- refuge Respumoso

- Banos de Panticosa

- Bujaruelo

- Gavarnie

- Bujaruelo

- refuge Goritz

- Gavarnie

- les Espuguettes

- le Maillet

- Héas

- gîte de Fabian

- refuge d'Orédon

- refuge de l'Oule

- gîte d'Aulon

- St Lary Soulan

- refuge de la Soula

- refuge de Biados

- refuge d'Estos

- lacs de Ballibierna

- cabane d'Anglos

- refuge dera Restanca

- Salardu

- Fos

- Luchon

 

1er jour : 

Départ du village d'Etsaut dans la vallée d'Aspe, où je suis arrivé tant bien que mal à 11 heures du matin ce lundi 13 juillet 2009, après une nuit de train, des changements de bus, des navettes, et des attentes, suite à une grève SNCF...

Il est 11h30 quand je quitte Etsaut, après quelques derniers achats. Il fait beau et chaud!

 

Une petite route conduit au départ du sentier sur la gauche. C'est le chemin de la Mâture! Taillé dans la roche au 18e siècle pour transporter des troncs d'arbres qui devaient servir de mâts à la marine royale. Le passage le plus large mesure quatre mètres, mais il est souvent très étroit dans les falaises. En regardant en bas, c'est vertigineux ; en regardant en l'air par endroits on ne voit pas le haut des rochers verticaux!

 

C'est tout un parcours en corniche incurvée presque comme une demi voûte. On imagine le travail qui a dû être réalisé à l'époque par des forçats, pour tailler ce chemin!

 

Après une petite montée dans les bois, le sentier débouche au milieu des larges prairies fleuries de gentianes jaunes et d'iris bleus... 

Des vaches et leur vacher sont ici et là, ainsi que quelques beaux chevaux.

 

Je fais une pause casse-croûte, avant d'attaquer la longue côte se distinguant depuis une cabane de berger, où j'ai posé mon sac et me suis assis. La chaleur est forte, je suis en sueur! Ma poche de deux litres d'eau n'est pas de trop, d'autant qu'ici il n'est pas possible de refaire le plein!

La longue montée au soleil est assez pénible, et mon sac pèse sur les épaules malgré le serrage autour de la taille...

 

Je parviens au col Hourquette de Larry. Encore un effort, et plus haut sur la crête j'arrive au col d'Ayous.

Le spectacle est magnifique : je découvre en face le Pic du Midi d'Ossau, et au bas de la pente, les lacs...

 

Le vent, et les quelques nuages devant le soleil, parviennent à donner un peu de fraîcheur dans cette descente.

J'arrive au lac Gentau près du refuge d'Ayous à 18h15.

 

Il y a de nombreux campeurs... ou plutôt "bivouaqueurs"! 

Deux jeunes arrivent à 20 heures passées, complètement épuisés!

 

Le soleil couchant colore le Pic du Midi d'Ossau, et ses reflets dans le lac ; mais vu d'ici, Pic et lac semblent si proches que l'on n'imagine pas entre les deux, la profonde vallée qu'il faudra traverser demain!

 

 

 

 

 

 

 

 

2ème jour : 

Je quitte le lac Gentau et le refuge d'Ayous quelques dizaines de mètres au dessus à 8h45.

Hier c'était le GR®10, aujourd'hui c'est la HRP. Pas de balisage particulier, mais le tracé et si évident qu'il n'y a aucun risque de se tromper!

 

Il faut contourner les premiers lacs et un peu plus haut, le lac Bersau bien plus grand que les précédents. On passe entre les Pics Castérau et Paradis dans des pierriers proches de petits lacs. 

 

Descente dans les prairies fleuries jusqu'aux bergeries où l'on peut acheter du fromage. Tout le long du chemin paissent des vaches et aussi des brebis.

 

 

Une piste assez large conduit à un chalet où il faut chercher le passage au milieu de la végétation, et ensuite remonter parmi les fleurs, notamment les gentianes jaunes.

 

 Arrivé sur un plateau je fais ma pause casse-croûte au bord du lac de Peyreget. En face se trouve les éboulis et les roches qu'il va falloir grimper pour atteindre le col de Peyreget, entre son Pic et le versant sud du Midi d'Ossau... Montée assez pénible!

La descente de l'autre côté n'est pas plus aisée : des cailloux, des éboulis plus ou moins stables. Après le passage de deux petits lacs, je retrouve un peu de verdure, et j'arrive au lac de Pombie avec son refuge à proximité.

 

 

 

Il fait chaud. Un groupe d'irlandais se baignent dans le lac. Après quelques hésitations je me décide à en faire autant en y allant progressivement! En fait, l'eau n'est pas si froide à 2000 mètres!

 

Le coucher de soleil n'est pas aussi beau qu'hier. Le lac de Pombie est entouré de sommets, le Pic du Midi d'Ossau fait de l'ombre, et de nombreux nuages envahissent le ciel dans la soirée...

Des jeunes hollandais et allemands se sont joint aux irlandais pour nous donner quelques chansons : du folklore, mais aussi des Beatles, avec guitares, flûtes, ukulélé... Dommage, il aurait fallu un feu de camp!

 

 

 

 

 

3ème jour : 

Ce matin le temps est orageux, lourd, nuageux : tout est dans le brouillard!

Je ne perds pas mon temps ; sitôt tout emballé dans le sac, et prêt, je prends mon chemin... 

 

 

 

Une descente dans les prairies brumeuses toujours très fleuries : gentianes, digitales, chardons bleus, et une multitude d'iris mauves.

 

Le sentier mentionné sur ma carte comme étant HRP, mène en fond de vallée sur la route du col du Pourtalet et l'Espagne, après être passé dans un bois. Beaucoup de circulation touristique, et agitation aux abords du parking.

 

Le chemin remonte par le vallon : quelques chevaux en liberté regardent passer les randonneurs. Le brouillard s'évapore et le soleil fait son apparition. 

 

 

En se retournant on a une autre vue du Pic du Midi d'Ossau, et on distingue au loin le refuge de Pombie. 

Je passe près de la cabane d'Arrious, un long pierrier contourne à gauche et remonte au col d'Arrious et à son lac.

 

 

En continuant de suivre les éboulis, et un névé, j'arrive au lac d'Arrémoulit, et le refuge entouré de rochers. Ce n'est pas l'endroit idéal pour bivouaquer, mais certains trouvent les deux mètres carrés d'herbe nécessaires pour planter leur tente. 

Pour ma part, je préfère le marabout dressé à côté du refuge.

 

Je n'ai pas voulu continuer plus haut, ayant constaté une ampoule à chaque talon, j'ai préféré m'arrêter là et mettre les pieds à l'air!

Il fait très beau et chaud.

 

 

 

 

 

 En remontant des éboulis, je parviens au passage d'Orteig : falaise très étroite et abrupte équipée de mains courantes...

 

 

 

 

 

Même scénario qu'hier, je retrouve les irlandais ; certains n'hésitent pas à se jeter à l'eau, mais la fraîcheur ne les incite pas à barboter longtemps! Il est vrai que l'altitude n'est plus la même...

 

Ce soir il n'y a plus qu'un matelas de libre. 

 

 

 

 

A 19 heures, alors que le soleil disparaît peu à peu, le dîner a lieu sur des grandes tables devant le refuge : la salle est trop petite pour contenir tout le monde, même en deux services.

 

 

 

 

 

Grand vent toute la nuit : la toile du Marabout claque comme sur un voilier!

 

 

 

 

 

 

 

4ème jour : 

Ce matin, le vent n'a pas faibli, mais il fait beau!

Voila pour ce qui est de  la météo... 

Pour le physique, c'est différent : mes deux ampoules sont toujours là! Elles ne se sont pas éteintes pendant la nuit!!

Au talon droit, elle paraît moins importante et moins gênante que l'autre, mais j'ai une douleur au tendon rotulien droit depuis hier, et je n'y prêtais pas attention.

Aujourd'hui je voulais aller vers le refuge Larribet en passant par le col du Palas, et le Port de Lavedan... mais ampoules et tendon m'incitent à une sorte de prudence, surtout que j'en suis seulement à mon 4ème jour de marche, et j'ai prévu quatre bonnes semaines!

 

La prudence se confirme, lorsque la gardienne du refuge me décrit l'étape : pour monter au col du Palas rien de bien compliqué, il faut suivre les cairns dans les éboulis... ensuite il faut atteindre le Port du Lavedan, et dans la descente de l'autre côté, un beau névé en pente raide stagne comme tous les étés, mais cette année avec l'accumulation de neige il est plus important. 

Il paraît même qu'un randonneur a fait une belle glissade il y a deux jours!

Mon piolet est utile, mais peut être insuffisant pour m'aventurer seul par là-haut... Après recherches, je n'ai trouvé personne allant dans la même direction.

Mes ampoules et mon tendon rotulien risquent de m'handicaper sur un terrain délicat...

 

Je décide de changer mon fusil d'épaule : je vais aller au refuge Respumoso en Espagne. C'est assez court, et je pourrai me reposer! D'autre part c'est l'étape que j'avais prévu de faire demain (Larribet - Respumoso en passant par le Port de la Peyre St Martin).

Je grimpe péniblement dans les éboulis qui mènent au col d'Arrémoulit. 

 

 

 

La descente côté espagnol se déroule dans un long pierrier jusqu'au lac d'Arriel que je longe à droite avec le sommet du Palas derrière moi, et le Balaïtous à gauche. D'autres petits lacs entourés maintenant de verdure, et de pins à crochets. Le sentier est presque plat, il faut le suivre jusqu'au refuge Respumoso : grand bâtiment d'allure moderne!

 

 

Première chose : je libère mes pieds des chaussures, chaussettes... Etant arrivé tôt, je peux m'installer dans un dortoir d'une douzaine de lits, et prendre une douche "froide" ; il n'y a pas d'eau chaude.

J'ai le temps de soigner mes pieds, et de les laisser à l'air, ce qui est la meilleure chose pour les ampoules.

 

Le ciel s'est couvert dans l'après midi, et dans la soirée l'orage gronde et il pleut!

 

Le dîner ce soir n'a rien de génial... On se croirait dans une cantine scolaire : chacun doit se présenter devant le passe de la cuisine, pour se faire servir sur un plateau, soupe de pois chiches, une saucisse, riz, et une pomme.

On a mangé en dix minutes... 

 

Cinq français arrivent à 20 heures, fatigués et trempés! Ils ont fait l'ascension du Palas, mais ont dû traîner en route...

 

 

 

 

5ème jour : 

Ce matin le temps est assez nuageux.

Mes ampoules se sont un peu arrangées : je mets la double peau et l'elastoplast pour éviter les frottements. Pour le tendon rotulien, les massages avec le Baume St Bernard, me soulagent assez bien. La mini étape d'hier a été efficace.

 

Le desayuno (petit déjeuner) se résumant à trois biscottes et une madeleine emballée sous vide, ne nécessite pas de rester des heures à table!

Je suis prêt à 8h30, et je pars!

Après le lac de Respumoso, il faut traverser sept ou huit ruisseaux sur des pierres instables, et remonter les pentes herbeuses du cirque de Piedrafita. Sur un plateau, un lac entouré d'un névé, où je rencontre plusieurs randonneurs espagnols, anglais, et hollandais ; à partir de là, une rude montée nous attend dans les éboulis et pierriers de schistes, ainsi que deux gros névés inattendus!

 

 

Un passage sur le rocher en s'aidant des mains, pour parvenir au col de Tebarray. Petite pause...

Le brouillard remonte, et laisse entrevoir la pente raide et caillouteuse avec le lac de Tebarray quelques deux cents mètres plus bas.

Il faut descendre à mi chemin pour trouver la trace à niveau dans le pierrier, qui mène au coello del Infierno.

Les nuages se dissipent et le soleil fait une apparition. 

 

Il y a un grand névé en pente ; la neige porte bien, je n'hésite pas à y aller face à la pente en plantant bien les talons : c'est mon jeu favori en montagne... 

Je regarde d'un oeil amusé, deux randonneurs mettre leurs crampons! Qu'en serait-il si la neige était gelée? je ne pense plus aux ampoules. 

Une fois arrivé au bas, il y a des torrents à traverser, encore un névé, pour atteindre ensuite les pâturages, les prairies où je fais ma pause casse-croûte. 

L'un des rares panneaux indique Banos de Panticosa à 1h45 : il me faut une heure de plus! 

D'une manière générale, les indications (quand elles existent) sont nettement en dessous de la réalité, et je ne suis pas le seul à le constater!

 

Après être passé par les deux lacs Azul et ensuite le lac Bachimana, la descente est très pénible pour les pieds et les genoux dans les pierriers, éboulis, cailloux, rochers! 

Le sentier arrive dans des parties fleuries, et des pins à crochets, un peu avant l'entrée à Banos de Panticosa ; station de ski assez moderne et sans vie! Un grand hôtel de luxe, et des appartements inoccupés!

J'arrive avec la pluie... Je n'ai réservé nulle part, mais je trouve de la place au refuge Casa de Piedra. C'est un grand bâtiment de trois étages.

La satisfaction du jour : les ampoules aux talons sont en voie de guérison, et le tendon rotulien ne m'a pas posé de problèmes, malgré les caillasses de la journée...

 

Le menu ce soir est un peu mieux qu'hier : potage, rôti de porc à la tomate, salade, yaourt, au milieu d'un brouhaha indescriptible.

 

Je me réjouissais d'être seul dans un dortoir, mais peu avant minuit un groupe d'espagnols envahi les lieux bruyamment, et commence un long ballet de frontales qui éclairent tous azimuts! S'apercevant qu'ils ne sont pas seuls, des schuuttt... se font entendre, mais trop tard, je suis réveillé!

Il faudra du temps pour me rendormir. 

 

 

 

 

6ème jour : 

Grand beau temps!

Je me retrouve avec deux jeunes hollandais à chercher le départ du GR®11... Finalement au bout d'une demi heure nous suivons intuitivement une piste entre des maisons en ruine : c'est le seul sentier qui grimpe conformément à la carte.

La montée est rude, comme d'habitude dans les éboulis, les cailloux, mais sous couvert de pins odorants.

Nous passons aux lacs de Brazato, et puis un gros pierriers suivi d'un névé assez pentu menant au Collado del Brazato.

Vue splendide sur le versant sud du Vignemale, mais aussi sur toute la descente qui nous attend, dans les cailloux, les rochers, etc.... je commence à m'inquiéter pour mes talons et mon genoux, qui pour le moment ne se manifestent pas!

Il y a deux ou trois petits lacs, et des ruisseaux à traverser sur des pierres. 

 

Un peu plus bas, on retrouve de la verdure, mais aussi un gros torrent. Les deux jeunes hollandais sont devant, et passent en se mouillant les pieds!

Le gars veut m'aider à traverser en me tendant la main, mais je glisse sur des cailloux, et je me retrouve dans l'eau jusqu'aux genoux : je n'imaginais pas que ce soit aussi profond! Manque de chance, dans ma glissade, mon appareil photos pourtant dans sa pochette de protection autour de mon cou, trempe dans l'eau!...

Le gars est confus, sa copine qui est aussi trempée jusqu'aux mollets, se tord de rire!

Quant à moi, je ne sais quelle attitude prendre!

La première chose que je fais ; enlever la carte mémoire, espérant sauver les 74 photos déjà prises! L'appareil lui, est mouillé : c'est le moins qu'on puisse dire, et je crains qu'il soit HS.

J'enlève mes chaussures ; je ne peux pas continuer à marcher avec deux litres d'eau aux pieds! Ca n'arrangera pas mes ampoules...

Nous faisons une pause casse-croûte d'une heure...

 

La descente est longue, très longue... mais heureusement avec de la verdure, des prairies, et des troupeaux de vaches.

Plus tard, des randonneurs me diront qu'ils ont fait cette étape en deux jours, en bivouaquant près d'une cabane!

 

Le chemin est fleuri, et nous passons par une forêt de pins avant de trouver une large piste menant à Bujaruelo : il est 17h10... J'étais parti à 8h ce matin : longue et pénible étape, avec en plus l'appareil photos qui ne fonctionne plus!

 

Les deux hollandais vont s'installer sur le terrain de camping. 

Je suis un peu dépité par ce qui s'est passé... et à voir ce camping entouré par la route poussiéreuse, et le parking juste à côté, je préfère demander une place dans le refuge.

L'accueil est excellent! La responsable parle français, et me fais savoir que j'ai de la chance (je pensais que ce n'était pas le jour), il reste un lit dans une chambre de deux avec douche et wc! Je me retrouve avec un sympathique espagnol qui grimpe dans le coin, et revient au refuge le soir.

 

Ce refuge bar restaurant situé au bout de la route, avec un parking, attire de nombreux touristes, et on peut même payer par carte bancaire, ce qui m'arrange bien.

J'en arrive à regretter que la route ne soit pas goudronnée, il y aurait moins de poussière!

Le cadre est pourtant agréable, en fond de vallée à 1300 mètres proche du Parc National d'Ordesa.

Un ruisseau coule à proximité, mais il y a un magnifique pont romain pour le traverser!

 

Dîner le soir, dans la grande salle, où tout le monde s'exprime à haute voix et dans des langues différentes!

Soupe pois chiches légumes, saucisses salade, glace.

 

 

 

7ème jour :  Évidemment, je n'ai aucune photo de ce jour!

 

Je suis debout à 6h. 

Le petit déjeuner buffet est très copieux!

 

Je veux aller à Torla, ce n'est pas très loin : trois heures tout au plus. 

C'est une étape que j'avais prévu, un beau village paraît-il à voir, et le plus proche pour retirer de l'argent, et me ré-approvisionner. Il faut aussi que je cherche un photographe, pour savoir si ma carte mémoire est fichue ou pas, et me procurer au moins un appareil jetable : chose que je n'ai pas utilisée depuis des décennies!

 

Première surprise de taille : au moment de payer le refuge par CB, ma carte est invalide! Après plusieurs tentatives, je suis obligé de payer en espèces. Je pense que c'est leur appareil qui a un problème! Il est temps que j'aille à Torla retirer de l'argent : il ne me reste que 20 euros...

Je quitte Bujaruelo à 8h20 par cette piste de terre, où chaque passage de voiture soulève un nuage de poussière. Arrivé à l'intersection du chemin et de la route, je continue en suivant le bas côté sur le goudron.

J'arrive à Torla. En effet le village est magnifique : maisons aux façades de pierres, toits d'ardoises. Au loin le sommet du Mondarruego et les falaises de l'Ordesa.

 

Tout cela ne doit pas me faire oublier la réalité : deuxième surprise, impossible de retirer le moindre euro au distributeur!!

Ici aussi ma carte est invalide, et un message me prie de contacter ma banque... Quelle bonne blague! on est dimanche et ma banque est fermée aussi le lundi!

Je regarde ma carte dans tous les sens, pour voir si c'est bien la mienne... 

Je ne peux rien acheter : je dois repartir, il est 11 heures. La seule solution est de repasser en France, et le plus proche est Gavarnie! J'aurais d'ailleurs dû y aller directement ce matin... si j'avais su! 

Je reprends la même route en sens inverse. Arrivé à la bifurcation route d'Ordesa à droite, et Bujaruelo à gauche, je remonte par ce chemin poussiéreux. A la première voiture, je lève mon pouce! Quelle chance... une famille d'espagnols me prend en stop. Je leur raconte mon périple du jour : ils n'en reviennent pas. Un aller retour Bujaruelo - Torla pour rien! c'est cinq heures de perdues, sans parler de la fatigue inutile!

Enfin, pour changer on en vient à parler du Barça... parce qu'ils sont de Barcelone.

 

Nous arrivons au parking de Bujaruelo. Il est midi!

Je vais chercher un sandwich (bocadillo jamon) au bar du refuge. Je raconte brièvement à la fille ce qui se passe...

 

Je n'ai pas de temps à perdre, il y a près de 5 heures de marche pour arriver à Gavarnie!

La montée est longue et pénible, bien que tout soit verdoyant. Il fait chaud, très chaud, je sue. Je ressens la fatigue, le poids de mon sac  qui ne s'allège pas sur mon dos du matin au soir. J'essaie de fixer mon regard sur les fleurs, des tapis de genets jaunes au ras du sol, sur les pentes.

Après quelques derniers efforts, j'arrive au col frontière : le Port Boucharo.

La descente est ici aussi caillouteuse côté français. J'arrive enfin dans des prairies pour faire la pause "bocadillo jamon" près de la cabane des soldats...

 

La descente continue dans les pierriers et les fleurs, puis sous les arbres.

J'arrive à Gavarnie à 17 h 20.

 

Première chose : le premier distributeur de billet que je trouve, et qui est l'unique! 

Aucun problème... Je retire ce que je veux, et le maximum!

Je suis rassuré : ma carte est bien la mienne, mon compte est toujours approvisionné, je ne suis pas amnésique, et je connais mon code...

 

Je trouve une chambre dans un petit hôtel : je vais rester ici deux nuits.

Demain lundi j'irai à Luz St Sauveur avec le bus, pour trouver une borne qui me permettra de visualiser la carte mémoire de mon APN, et acheter des appareils jetables!

 


 

Je passe sur cette journée à Luz : la carte mémoire n'a pas souffert du bain forcé, et les 74 photos sont intactes. L'appareil ne s'allume plus!

Quant à l'hôtel, je le paye par CB sans aucune difficulté!

Je suis persuadé que le problème vient des appareils espagnols!

 

 

 

 

8ème jour de marche, et à partir de ce jour j'ai eu recours à 4 appareils jetables...

 

Je suis un peu reposé par cette journée d'hier sans marcher, sans dénivellations, et surtout sans sac à dos!

Il fait beau et chaud.

J'ai contacté ma banque : ils cherchent le problème, et j'espère qu'ils auront trouvé d'ici ce soir.

 

Je quitte Gavarnie à 9h45 pour retourner à Bujaruelo... Eh oui! je tenais à repartir là où j'ai interrompu.

Tout ce que j'ai fait dans un sens dimanche, je le refais mardi dans l'autre sens!

Remontée au Port Boucharo, mais là je me prends un vent violent en pleine figure. Pour un peu je serais déséquilibré!

 

Descente sur le côté espagnol : je retrouve les cailloux, mais aussi les pâturages et des centaines de vaches sur le versant en face. 

Le vent est moins fort en arrivant à 14 h 45 à Bujaruelo, il fait même très chaud! 

Des touristes, des jeunes, se baignent dans le torrent ; certains n'hésitent pas à sauter depuis le pont romain... Heureusement il y a de la profondeur! 

 

Je retourne au refuge : la responsable en me voyant m'appelle par mon prénom! C'est vrai il y a seulement deux jours que je suis passé ici, mais je n'imaginais pas..... 

 

Dîner : potage, saucisses salade de crudités, yaourt.

 

Merveille! ma CB fonctionne ; je ne sais pas ce qui s'est passé... mais pour moi c'était deux jours perdus....

Je me console en pensant que cette pause a fait beaucoup de bien à mes ampoules et mon genoux!

 

 

 

 

 

9ème jour, Nouvelle étape dans les Pyrénées aragonaises.

Après le petit déjeuner buffet, je pars de Bujaruelo à 8 h 15. Le ciel est très nuageux...

 

Il faut suivre le même chemin poussiéreux que dimanche, mais aujourd'hui mercredi il y a moins de véhicules que dimanche dernier!

A la bifurcation de la route vers Torla "qui me rappelle quelque chose..." je prends le petit sentier GR®11 dans un sous bois de hêtres, pour traverser le Parc National de l'Ordesa.

Le chemin devient assez large, sans difficulté, c'est tout plat, on longe le torrent et ses importantes cascades : cascada de Molinieto, de Torrambotera... Après être passé sur l'autre rive par la passerelle de Briet, je rejoins la route venue de la vallée et le parking... avec son flot de voitures et des groupes de touristes. 

 

 

Il n'y a plus de quiétude ; ça parle fort, ou plutôt çà hurle! On se croirait dans un concours à celui qui fera le plus de bruit... Je ne peux pas faire autrement que suivre cette sorte de horde sauvage! Et s'il m'arrive d'en dépasser quelques uns, il y en a toujours d'autres devant! Heureusement, certaines cascades étouffent un peu le brouhaha des paroles!

 

Les nuages se sont disloqués, et le soleil peut inonder la nature...

Des grandes et belles cascades en chute ou en gradins sur des paliers de roches plates ; elles se succèdent les unes aux autres...

Cascada de Arripas, del Estrecho, de la Cueva, et au fond du cirque de Soazo, sa cascade entourée de petites fleurs de genêts jaunes, plonge dans des vasques. L'eau claire permet de distinguer les moindres détails : couleur des cailloux au fond, sable, flore aquatique. 

Depuis mon départ, c'est ce que j'ai trouvé de plus beau.

 

Le sentier très raide grimpe au dessus de la cascade de Cola de Caballo. Vue panoramique sur tout le canyon que je viens de traverser, avec au premier plan des bouquets d'iris bleus mauves.

 

Un peu plus haut, le décor change : les prairies verdoyantes et fleuries font place au terrain plus aride et rocailleux...

Le chemin continue sa montée en lacets et atteint le refuge Goriz, base de départ pour l'ascension du Monte Perdido. 

 

Le temps est redevenu très nuageux.

Il y a de nombreux randonneurs qui installent leur bivouac autour du refuge.

 

 

 

Le temps devient incertain, ma tente n'est pas très imperméable, et produit une forte condensation... Je ne veux pas prendre le risque de me retrouver trempé demain matin. En plus, bivouaquer autour d'un refuge n'est pas vraiment mon truc! J'ai toujours préféré soit, être à l'intérieur, ou carrément bivouaquer hors de portée de tout refuge. 

Compte tenue de la météo, ce soir j'ai opté pour le refuge ; il est pratiquement plein! Je me retrouve dans un dortoir sur un matelas au troisième niveau. C'est vraiment pas le Top comme refuge. Il y a des marteaux piqueurs qui creusent un trou dans le rocher juste à côté. Des sacs de ciments plus ou moins éventés entreposés dans un coin du dortoir cachés par un vieux matelas tout pisseux!

Les deux cabanes en tôle Algeco servant de toilettes et douches (froides) ne sont vraiment pas rationnelles, et en plein Parc National de l'Ordesa on ne peut pas dire que l'esthétique soit harmonieuse!

Je positive en me disant que je suis au moins à l'abri en cas de mauvais temps!

 

Un bon point pour le repas ce soir très copieux! 

Soupe de lentilles, salade de crudités, steak de porc haché, pâtes, crème dessert.

 

J'ai même une réduction sur la nuitée et le repas, en tant que membre du CAF... 

Inattendu et agréable!

 

D'ailleurs dans plusieurs refuges espagnols j'ai eu des réductions sur les repas et petits déjeuners, alors qu'en France çà n'existe pas : (ce n'est que sur la nuitée)!

 

 

 

 

 

10ème jour, 

Je pensais que la majorité des gens dans le refuge feraient le Mont Perdu ce matin, mais apparemment personne ne monte là-haut!

Le gardien me dit qu'il fait trop mauvais temps, çà ne vaut pas le coup!

En effet, tout est bouché : il n'y a pas grande visibilité.

 

J'avais prévu de partir direction est, vers le cirque de Pineta par un sentier non balisé et en pointillé sur ma carte contournant le Mont Perdu, mais je préfère aller dans l'autre sens direction brèche de Roland, plutôt que de passer par la brèche Tuquerouye demain!

Je me demande encore aujourd'hui si j'ai bien fait, car je ne crois pas que Tuquerouye aurait été plus difficile que ce que j'ai fait aujourd'hui pour atteindre la brèche de Roland sur le versant espagnol!

 

Il n'est pas 8 heures, je quitte le refuge Goriz en suivant une trace indiquée par des cairns : je m'en méfie il y a des tas de cailloux partout, et comme je suis déjà dans les éboulis, pierriers et cairns se confondent et se mélangent!

Le ciel est très couvert, le brouillard descend de plus en plus. Il faut passer par des pentes d'herbe pour atteindre le cuello y brecha del Descargador. J'ai dû prendre une mauvaise piste dans la descente et je me retrouve plus bas sur le plano de Millaris. Je suis obligé de remonter la pente : il y a des randonneurs plus haut, où il semble y avoir un sentier!

Je retrouve une trace, mais bien au dessus du collado de Millaris, et je suis rejoint par quatre randonneurs qui ont bivouaqué dans le coin...

 

 

 

 

 

 

Nous montons tous les cinq en contournant la combe sur la droite par le cuello de los Sarrios, avec des passages très délicats dans les éboulis et les rochers très abrupts qu'il faut atteindre par le haut pour éviter le grand névé très pentu devant l'immense grotte pouvant servir d'abri.

 

 

 

 

Un court passage avec peu de place pour poser les pieds, mais des chaînes tout le long, plus ou moins bien fixées dans la paroi pour se tenir!

 

 

On finit par arriver à la Brèche de Roland côté espagnol, en traversant un grand pierrier!

 

Un vent violent souffle de part et d'autre de la brèche...

Je ne m'attarde pas : encore quelques blocs de pierres à descendre et on atteint le glacier, ou plutôt ce qu'il en reste : c'est à dire un grand névé glissant jusqu'au refuge des Sarradets : il est préférable de suivre la moraine.

 

Les quatre randonneurs sont Bretons, et pour quelques jours dans les Pyrénées. Ils ont leur voiture garée au col des Tentes, et me proposent de me conduire à Gavarnie ; ce que j'accepte avec joie, car je n'ai pas trop envie de refaire une troisième fois depuis cinq jours, le chemin Port Boucharo - Gavarnie...

 

Nous continuons la descente par les éboulis, les pierriers, et la cascade du glacier du Taillon à gros débit à traverser sur des roches instables, et des mains courantes pour éviter une glissade....

Encore et toujours des pierriers jusqu'au Port Boucharo... Normalement je n'avais pas prévu de passer par Gavarnie dans cette randonnée! J'y aurais fait étape trois fois en moins d'une semaine, pour les raisons que l'on sait maintenant!

 

On peut tout prévoir, les choses ne se passent pas toujours ainsi...

 

Une petite route goudronnée encombrée de chutes de pierres nous mènent au parking du col des tentes.

Les quatre bretons sont heureux de retrouver leur voiture, et moi content de descendre à Gavarnie après cette étape!

 

 

 

 

 

11ème jour, 

Ce matin il fait très beau : après avoir fait quelques achats, je quitte Gavarnie à 10 heures et demie!

Je prévois une courte étape, puisque mes plans sont chamboulés depuis mes mésaventures...

Je prends le sentier à gauche du cirque de Gavarnie : montée agréable par la forêt de pins, des prairies fleuries de nombreux iris. J'arrive sans difficulté à midi au refuge des Espuguettes sur un promontoire face au cirque. 

Le panorama est magnifique : le Marboré, le Casque, le Taillon, et dans le fond juste en face le Port Boucharo, encore lui! Maintenant je peux le contempler de loin... Sur la droite, le Vignemale et son glacier très reconnaissable...

 

 

L'après midi je me balade. Je monte sur la crête qui mène au Piméné : petit sommet à 2800m, et je redescends par la Hourquette d'Alans où je passerai demain. 

 

Je n'ai pas envie d'aller plus loin : je me sens bien ici avec cette vue magnifique, et au milieu de cette verdure. Enfin pas de cailloux!

Je cherche un endroit pour bivouaquer un peu à l'écart des vaches, et des ânes qui appartiennent au refuge.

 

 

 

 

En apprenant que les deux jeunes gardiens préparent des cuisses de canards confites, j'ai décidé de dîner au refuge et de garder mes sachets lyophilisés pour un autre jour!

 

Nous sommes une dizaine à table, et certains bivouaquent aussi.

Ca valait la peine! et en plus çà me donne l'occasion d'une petite promenade digestive après manger...

Potage de légumes, tarte au thon maison (j'ai vu faire la pâte), cuisses de canards avec des pennes, crème caramel.

 

 

 

 

 

12ème jour, 

Au réveil, le paysage magnifique d'hier est dans le brouillard total!

J'attends un bon moment, espérant voir le soleil sécher un peu ma tente...

Ne voyant rien venir, je plie bagage, et mets mon sac sur le dos sur le coup de 9 heures.

 

 

 

Arrivé à la Hourquette d'Alans, le soleil parvient à percer...

Histoire de me compliquer un peu la tâche, je prends une trace à droite qui contourne le cirque d'Estaubé, au lieu de descendre tout droit dans le cirque! J'ai voulu voir au pied de la pente, ce que donne cette brèche du Tuquerouye in situ... 

Bien que je ne m'en sois pas approché, car trop bas, je ne voyais pas la partie haute de cette brèche, pentue et enneigée, ce passage ne m'a paru d'une grande difficulté ce 25 juillet... J'ai presque des regrets d'avoir modifié mes étapes depuis le refuge Goriz!

 

Le ciel est devenu limpide, et le soleil chauffe...

 

Je rattrape le sentier dans le vallon et les prairies où paissent de nombreuses vaches.

Il faut suivre le Gave d'Estaubé, et le traverser sur une passerelle en amont du lac des Gloriettes.

Le sentier grimpe sur la droite en plusieurs lacets, et atteint une large piste en pente douce jusqu'à la route, et son flot de véhicules...

J'arrive à l'auberge du Maillet. Je dois sortir de mon sac, ma tente toute humide et mouillée par la nuit de brume et d'humidité, que je n'ai pas eu le temps de faire sécher ce matin!

 

Le gérant remarque un tournoiement de vautours, et à la jumelle nous distinguons dans une pente une brebis morte ; nous essayons de nous rapprocher un peu. Il y a un nombre impressionnant de ces volatiles posés tout autour du cadavre, et semblant attendre l'ordre du "Chef" après qu'il ait dévoré le premier, les meilleurs morceaux! On a compté pas moins de 70 vautours!! 

Les animaux aussi ont le respect de la hiérarchie...

 

L'après midi étant bien avancé, je décide de rester ici, il y a de la place au dortoir : nous sommes cinq randonneurs, dont un qui arrive dans la soirée, après avoir perdu sa compagne!

Les recherches de la gendarmerie étaient sur le point de commencer, lorsqu'il apprend par le téléphone de l'auberge que sa compagne a regagné Luz St Sauveur en stop! Soulagement...

 

 

 

 

 

13ème jour, 

Il fait très beau...

Mes prévisions d'étapes étant changées depuis plusieurs jours, je me contente de suivre la grande ligne de mon itinéraire sans tenir compte du lieu où je m'arrêterai le soir! 

Je monte par un sentier dans les rochers le long d'une cascade, pour éviter les lacets de la route. J'arrive au parking, et après avoir traversé plusieurs ruisseaux, je remonte sur une colline où se trouve une statue de la Vierge, en plein centre du cirque de Troumouse. 

J'avais déjà entendu parler de ce cirque, comme étant magnifique, et beaucoup plus sauvage que son illustre voisin Gavarnie. J'ai été frappé par la beauté de ce lieu. Bien sûr il faut monter un peu sur les buttes, et les vallons pour voir disparaître le parking et les restes de la civilisation. Selon les endroits où l'on se trouve, on est entouré par une muraille infranchissable : l'impression est saisissante, on est vraiment au cœur d'un site sauvage dans un cirque de quatre kilomètres de diamètre, avec le Pic de la Munia qui domine... 

 

 

En suivant un sentier je rejoins l'un des lacs des Aires. Des vaches semblent déguster avec plaisir l'herbe épaisse environnante!

 

Je suis là depuis un bon moment à regarder, à défaut de pouvoir prendre de belles photos avec un vrai appareil.... Quel dommage que je ne le puisse! 

 

Je ne vois pas le temps passer, et le temps qui change! 

Suis-je resté trop longtemps à regarder autour de moi de gauche à droite, et de droite à gauche? 

Le beau ciel bleu de ce matin devient gris et sombre. Il faut trouver une solution. La cabane après les lacs ferait bien l'affaire, mais elle est porte close! Je bivouaquerai bien par ici, mais avec ce qui risque de dégringoler, et ma tente qui prend l'eau, je préfère reprendre le chemin, en allant au plus proche. J'ai raison de ne plus prévoir d'étapes, et je m'arrêterai où je pourrai!

 

Je descends par un sentier dans un vallon très étroit, avec de belles cascades venues des lacs.

Ici aussi c'est très fleuri, et j'arrive à la chapelle d'Héas : parking et route! Il y a un refuge et camping.

En regardant l'autre versant, je vois le Maillet, où j'étais encore ce matin! J'ai fait presque un tour complet...

En d'autres temps, je me serais dit : "j'ai perdu une journée!" 

Mais en fait, j'ai le sentiment de n'avoir rien perdu du tout, même si je n'ai pas avancé ; je me suis seulement attardé dans un lieu magnifique, et le seul regret est le mauvais temps arrivant à grands pas!

 

 

 

 

 

14ème jour, 

Beaucoup de vent toute la nuit, et pluie...

Le ciel est couvert ce matin, mais se dégage un peu au fil des heures.

Je prends le sentier dans une montée raide et fleurie jusqu'à la cabane Aguila : troupeau de vaches en pâturage. Il faut remonter encore une pente pour atteindre un replat herbeux, et suivre un ruisseau asséché jusqu'à la cabane des Aguilous servant de bergerie. 

 

 

Arrivé en haut d'une petite côte, je me trouve face à une harde d'isards ; ils sont une bonne vingtaine! C'est les premiers que je vois depuis le début de ma randonnée... Ils ne semblent pas effrayés, et sont à une cinquantaine de mètres ; je n'ose même plus bouger! Je tente une photo... qu'est-ce que çà va donner avec un appareil jetable? On verra bien... voila le résultat!

 

Ils finissent par détaler.

Un peu plus loin, j'en vois encore six! 

 

Par ici il n'y a personne, alors ils se sentent en sécurité, mais jusqu'à un certain point, et ils ne tardent pas à prendre la fuite.

 

Je continue à grimper par une piste raide en lacets dans les pierriers, et les rochers, pour arriver à la Hourquette d'Héas. Le vent est violent, une nappe de brouillard remonte derrière moi, et au loin j'aperçois encore le Vignemale.

La descente est pénible dans les caillasses, et à l'intersection de sentiers je prends celui de droite partant à la Hourquette de Chermentas, où je fais une pause d'un quart d'heure : le ciel se couvre encore.

 

 

 

Descente par les éboulis, et trace peu visible ; quelques marques à la peinture de temps à autres... 

Je rencontre trois randonneurs venus du refuge Barroude, et qui cherchent aussi leur chemin!

Le brouillard envahit le vallon : nous descendons à travers les pentes d'herbe en faisant attention de ne pas glisser...

 

Je retrouve une piste caillouteuse et large le long du torrent, et mène à la route ; d'un côté la station de ski de Piau Engaly, et de l'autre côté Aragnouet. Il fait gris et frisquet, par moments il tombe quelques gouttes. Je ferais bien du stop, mais comme je n'ai pas défini où je vais, je dois suivre cette route à pied, et m'arrêter au premier village où il y a un hébergement possible.

Aragnouet, il n'y a rien : c'est un hameau sans activité... Une vieille dame me dit qu'à Fabian il y a un gîte d'étape. Je continue ma descente jusque dans ce village où se trouve un centre d'information à la mairie. 

Effectivement, le gîte Fouga, camping, se trouve à un kilomètre plus bas.

J'y arrive et il y a de la place de libre.

Je suis content de pouvoir prendre une douche chaude, et de laver mon linge, alors que dehors il tombe une sorte de crachin ou de bruine!

 

Dîner : Potage, côtelettes frites, caillé au miel.

 

 

 

 

 

15ème jour, 

Grand beau temps. Les nuages, le brouillard d'hier soir se sont volatilisés pour notre plus grand plaisir!

J'avais prévu de faire un large détour par la réserve naturelle de Néouvielle, et c'est la raison de mon étape d'hier : rejoindre la vallée d'Aure, et passer la nuit entre Piau Engaly et le hameau de Fabian...

 

Je quitte le gîte à 9 heures. Très peu de marche aujourd'hui : la longue route touristique menant au lac d'Orédon m'incite à faire du stop, et çà marche au premier coup! Il vaut mieux éviter la dizaine de kilomètres sur le bitume avec les bagnoles!... 

Il n'est pas encore 10 heures et le parking est déjà plein, et tout est prévu pour les touristes, de l'accueil à la garderie pour chiens... en passant par les toilettes, etc...!

Je remonte par un petit raccourci au refuge de l'Orédon. En arrivant on peut se demander si on est dans un refuge ou un hôtel ***. 

Grande bâtisse en pierre de taille, terrasse panoramique, parasols, grande entrée, cartes postales, bar, accueil souriant par une jeune femme, et le sympathique Christophe : La famille Carrère est gardien/gérant de père en fils. 

Il s'agit en fait, d'un chalet refuge qui dispose de dortoirs, mais aussi de chambres.

 

 

 

Je pose mon sac dans un coin en attendant ce soir, et je vais par le sentier des laquettes qui contourne le lac d'Orédon, et remonte par les pins à crochets, et les prairies fleuries aux laquettes : deux petits lacs dans lesquelles se mirent le Pic Ramoun et le Pic de Néouvielle. 

Plus haut, le barrage d'Aubert et son lac avec une petite île au milieu. Des vaches pâturent tranquillement au son de leur sonnaille. 

Derrière le lac, un parking et fin de route autorisée avant 9 heures 30 et après 18 heures ; seulement des navettes de bus circulent ente les parkings d'Orédon et d'Aubert toute la journée, facilitant l'accès au centre de la réserve naturelle.

 

Dire qu'il y a du monde ici, les jours de grand beau temps, serait un euphémisme! C'est une concentration touristique entre les lacs d'Orédon, d'Aubert et d'Aumar, mais tout ceux qui viennent pique-niquer autour des lacs semblent assez respectueux de l'environnement : on ne trouve heureusement pas de détritus!

Dès que l'on s'éloigne du circuit type, il n'y a plus personne...

 

En fin d'après midi le flot de promeneurs disparaît.

Le refuge est quand même bien rempli : il y a deux services au dîner.

Potage, cuisses de canard lentilles, compote de pommes.

 

Si le rez-de-chaussée avec sa terrasse, son bar, sa salle à manger donne l'impression d'un hôtel, les dortoirs par contre avec leur dizaine de lits superposés, nous rappellent que nous sommes bien dans un refuge!

 

 

 

 

 

16ème jour, 

Le petit déjeuner buffet est très copieux. 

 

Toujours grand beau temps...

On me dit que les crampons seraient utiles pour l'ascension du Néouvielle. Je m'abstiens donc de grimper là-haut...

 

Je remonte au lac d'Aubert avant 8 heures : il n'y a personne! Je suis seul..., et c'est un vrai plaisir de voir les premières lumières du jour sur les sommets descendre lentement jusqu'aux lacs, et réchauffer l'air. 

Je reprends les sentiers sous les pins à crochets qui peuvent vivre à plus de 2000 mètres d'altitude pendant plusieurs siècles, ce qui est un record!

Les lacs sont habités par quantité d'algues et de plantes aquatiques : plus de 500 espèces ont été recensées.

La roche est essentiellement granitique sur tout le massif.

 

Comme l'autre jour dans le cirque de Troumouse, je reste là assis par terre, à regarder autour de moi, et me dire qu'avec mon appareil numérique j'aurais mitraillé tous azimuts!...

Les premiers touristes arrivent et me font sortir de ma torpeur... Je repars, mais en évitant les grandes voies de passages! 

une trace contourne le lac d'Aumar sur la gauche, et m'évite le GR®10 sur l'autre rive. Arrivé à l'extrémité du lac, je suis obligé de continuer par le GR®, mais peu fréquenté car il s'éloigne du centre... Il descend par un petit vallon, et remonte au milieu des pins pour atteindre le col d'Estoudou. 

Longue descente par les prairies et la forêt jusqu'au chemin au bord du lac de l'Oule. En un quart d'heure j'arrive au barrage qui permet de traverser et aller au refuge de l'Oule. 

 

Les tables de midi ne sont même pas débarrassées : ils sont pourtant trois à s'occuper de la dizaine de clients! On se demande ce qu'ils font là-dedans... 

Mille regrets! j'aurais dû aller bivouaquer plus loin, là où je passerai demain ; mais encore fallait-il le savoir!

 

 

 

 

 

 

17ème jour, 

Au réveil, on ne voit rien! tout est dans le brouillard...

Après le petit déjeuner je quitte le refuge à 9 heures ; le soleil essaie de percer... 

Je fais le tour du lac par la rive droite, et ensuite je retrouve le GR®10 qui grimpe par les pâturages.

 

Le brouillard s'estompe, l'air devient moins humide. En haut d'une côte je parviens au premier lac de Bastan : une vraie merveille! la brume s'élève au dessus du lac et au loin le Pic de Néouvielle se détache!

Un peu plus haut le deuxième lac entouré de prairies et de pins, où des randonneurs ont bivouaqué! 

C'est ici que j'aurais dû venir hier soir...

 

 

 

En remontant plus haut, au milieu d'un bouquet de pins à crochets se trouve le refuge de Bastan : petit chalet où quelques randonneurs allemands finissent seulement leur petit déjeuner. 

Il est 11 heures ; je prendrai bien la soupe de légumes affichée sur le panneau : on me sert un bol plein!

 

 

Le ciel est devenu d'un bleu sans nuage, et le soleil réchauffe bien l'atmosphère. 

Depuis les petits lacs de Bastan jusqu'ici, c'est un superbe décor que j'ai du mal à quitter : mais il est midi moins le quart, et je dois continuer. Je ne peux pas faire des demi étapes tous les jours...

 

Plutôt que passer par le col de Portet en suivant le GR®10, ce qui m'obligerait à redescendre bien en dessous du premier lac de Bastan pour passer au milieu des remontées mécaniques de la station de St Lary, j'ai préféré suivre un sentier non balisé au dessus du refuge de Bastan près du troisième lac, et monter à un col sans nom sur ma carte, mais qui paraît-il est le col de Bastan...

La vue est magnifique sur les petits lacs, et le Néouvielle en face. Par contre de l'autre côté, où je dois descendre, çà se gâte : un épais brouillard remonte de la vallée!

 

 

 

J'essaie de ne pas trop traîner, car je ne sais pas le temps qu'il faut pour rejoindre le premier village, et l'endroit où je passerai la nuit!

 

Dans la descente de ce col, je retrouve des éboulis et des pierriers que j'avais un peu oublié depuis plusieurs jours!

Plus bas dans les prairies, le sentier se perd et se confond avec des traces de troupeaux : je cherche le chemin à plusieurs reprises. 

Le ciel s'obscurcit de plus en plus. Il faisait grand beau pendant une bonne partie de la journée, mais avec le brouillard au réveil, le temps aura changé trois fois... 

Je passe par la cabane Auloueilh, et je retrouve le sentier en bordure du torrent. En perdant de l'altitude la végétation devient plus importante. Le chemin aussi devient plus large, et peu après les granges de Lurgues, j'arrive au petit village d'Aulon. 

Je ne savais même pas qu'il y avait un gîte ici! "Le Pic Noir".

 

A voir, le sentier fleuri : une multitude de fleurs et plantes sont entretenues le long d'un chemin par les habitants des maisons.

 

Dîner : Salade, bourguignons pommes vapeur, gâteau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

18ème jour, 

Comme souvent le matin au réveil, c'est grand beau temps! 

Le petit déjeuner buffet et super copieux.

Je quitte Aulon un peu avant 9 heures. L'étape ne sera pas longue : je vais à St Lary, où j'aurai dû être hier si j'avais suivi le GR®10... mais la variante que je m'étais concoctée m'en a détournée. Rien de dramatique, cela m'a fait découvrir un petit vallon, un village et un gîte bien sympathique, le tout à l'écart des pistes...

Je ne suis plus à un jour de retard en plus sur mes prévisions! 

Depuis quelques années, j'ai pris conscience du temps... Etre en retard veut dire quoi? et par rapport à quoi?  

En cherchant je ne sais pas ; je ne trouve pas...

 

Je laisse de côté mes pensées, et tout ce qui peut faire trop réfléchir et douter de mes choix, tout ce qui peut avoir un aspect négatif sur cette randonnée pyrénéenne. Il fait beau, chaud ; au 18e jour de marche, je n'ai pas été mouillé par la pluie! Oui j'ose le dire, comme si je me touchais la tête, en disant "je touche du bois, et pourvu que çà dure"! J'ai toujours eu un abri pour la nuit, sans réserver nulle part, j'ai toujours mangé à ma faim! D'autres n'ont pas autant de chance! 

Je me retrouve sur un chemin qui n'est pas le bon ; voila ce qui arrive quand on a la tête ailleurs!

A une intersection de quatre chemins, il fallait prendre un tout petit sentier à droite dans la végétation ; et comme il y a plutôt pénurie d'indications, on part tout droit devant! 

 

Une journée de deux heures de marche, peut bien être doublée!

Je me rappelle ce que m'a dit hier le gérant du gîte : "vous passez par la forêt de pins, en suivant le sentier des Nobis... (sentier des futurs mariés).

Dans le temps, (mais je ne sais pas lequel) les familles de deux vallées voisines de Soulan et d'Aulon ne cessaient de se quereller, comme c'est souvent le cas partout... Les jeunes seulement passaient outre, et se donnaient des rendez-vous galants dans les pentes boisées : ce qui finissait le plus souvent par des mariages entre jeunes des deux villages, au grand regret des parents!..."

 

La pente se relève dans les sapins, et j'arrive dans une clairière à la crête arrondie. 

Passage délicat par une clôture de fil barbelés... et descente dans les pâturages et les granges.

Voila le village de Soulan. Il semble en effet que les conflits de jeunesse avec Aulon, aient cessé depuis belle lurette!

Après avoir consulté ma carte, je retrouve un sentier qui descend en lacets à travers bois sans balisage et aucune indication, mais depuis là-haut la vue sur la vallée, et la station de Vieille Aure, ne me faisaient pas douter de la direction.

Je passe par le village de Vignec, et dix minutes plus tard j'arrive à St Lary. Agréable village très animé ; c'est l'une des stations de ski des Pyrénées, et pourtant il n'y a pas de remontées mécaniques disgracieuse dans le village... Il faut prendre le téléphérique pour être sur les pistes plus haut. 

Rien à voir avec les stations de ski des alpes, où tout est défiguré. 

Ici la station reste un village, tout en étant assez récente.

 

Je vais voir à l'hôtel Orédon : on me propose une grande chambre avec télé, salle de bains, et terrasse, pour 35€ petit déjeuner compris! Je n'en reviens pas... 

C'est le début d'après midi, j'ai du temps devant moi : je porte la quasi totalité de mon sac à dos à la laverie automatique, et ensuite sèche sur la terrasse ensoleillée de la chambre.

J'ai du temps pour faire des courses, et me réapprovisionner.

 

A 21 heures, je vais assister à un concert par le quatuor baroque d'Olt à la chapelle Ste Marie.

 

 

 

 

 

19ème jour, 

Le petit déjeuner à l'hôtel est très copieux...

Je pars de St Lary à 8 heures 15 : il fait très beau.

Lente montée par sentier et petite route en passant par Sailhan, Estensan, et Azet, trois villages dominants la vallée d'Aure, avec la vue sur une partie du chemin parcouru hier. 

J'arrive au col d'Azet au milieu des prairies. Je retrouve le GR®10 qui coupe les lacets de la route en passant dans les fougères et des herbes sèches.

Il est 12h20 lorsque j'arrive à Loudenvielle. Vu d'en haut ce village me paraissait très important, mais une fois dans la rue principale, la plupart des maisons sont fermées et inhabitées... Je trouve un petit bistrot pizzeria pour manger un panini et boire un Perrier.

Ma pause aura durée plus d'une heure!

Il fait très chaud, je remplis ma poche d'eau à une fontaine et je repars en suivant la route.

Après une bonne demi heure de marche en plein soleil, la première voiture s'arrête : c'est un couple. Je leur demande s'ils vont au Pont du Prat. Ils vont au parking, terminus de la route. Je m'épargne ainsi une bonne heure de marche sur le goudron en plein cagnard. 

Il y a une belle montée par des lacets en sous bois, avec une végétation abondante. 

Tous les 50 mètres il y a des panneaux expliquant la flore, la faune, l'érosion, les minéraux, etc.... 

On aimerait qu'il y ait des panneaux de ce genre pour indiquer plus souvent le chemin à suivre!

 

Le sentier devient abrupte, en balcon, taillé dans la falaise, un peu comme le chemin de la Mâture le premier jour.

On surplombe le torrent en passant dans les gorges de Clarabide.

La piste empierrée s'élargit et traverse des prairies. Un ronronnement se fait entendre. On m'avait prévenu! Il y a une usine hydroélectrique, et le refuge de la Soula juste derrière. 

 

 

 

 

Ce bruit n'est pas forcément agréable, mais une fois à l'intérieur du refuge on n'entend plus rien. L'avantage est qu'il y a des douches rudimentaires certes, mais extrêmement chaudes, pour ne pas dire brûlantes! Ce qui est inattendu dans un refuge... Mais le gardien me signale que cela est grâce à l'usine à côté : l'électricité ne manque, pas la lumière fonctionne partout... 

Nous sommes sept randonneurs : allemands, anglais et français. Je serai le seul à monter demain, ils descendent tous.

 

Pour le moment, nous sommes bien contents d'être à l'abri : dans la soirée un violent orage éclate, et la pluie ne cesse pas de la nuit!

Le dîner est excellent : salade de crudités, poulet pois chiches, fromage de brebis, gâteau au chocolat.

 

 

 

 

 

20ème jour, 

Brouillard épais en quittant le refuge relativement tard : 8 h 45.

La montée est très raide dans les rochers, et ensuite un plateau d'herbe trempée, quelques petits ruisseaux, des cairns un peu partout qui ne conduisent pas là où veut aller. Il faut chercher carte en mains un passage sur la droite peu visible, remonter dans les pâturages avec des brebis. Le brouillard est toujours présent. Un peu plus haut, je retrouve le sentier qui suit le vallon d'Aygues Tortes et remonte lentement dans les prairies. 

Les nuages, le brouillard m'empêchent de voir où se trouve le col qu'il faut passer... Je me retrouve devant plusieurs traces, des cairns, un grand névé montant à gauche, et un grand pierrier à droite. J'ai le choix! Reste à savoir quel est le bon... 

Le névé paraît bien pentu, et semble aboutir nulle part malgré que je distingue des cairns. 

Le grand pierrier n'est pas mon terrain de jeu favori, mais voir des cairns ou une trace au milieu des cailloux, avec le brouillard et la grisaille ambiante, n'est pas évident du tout.

J'essaie de grimper dans ce pierrier en observant dans cette pente s'il n'y a pas une trace qui me mettrait sur la voie!

 

Je monte, et j'aperçois en effet ce qui ressemble à des cairns et à un sentier dans la caillasse... C'est bien la bonne piste, mais par moment elle se perd dans les éboulis et les roches, et il faut rechercher à nouveau le moindre petit tas de cailloux comme indice...  

Une bonne chose : plus je monte, moins il y a de brouillard! Par contre, la pente est de plus en plus raide... Je distingue une échancrure : sûrement mon col? 

Je retrouve des traces, des bouts de pistes, et aussi des cairns que des gens s'amusent à faire partout où ils passent!

 

 

Il faut continuer à remonter à droite dans ces rochers et éboulis, car de l'autre côté la pente paraît trop raide pour pouvoir passer : j'en déduis qu'en montant je vais arriver sur la crête et la suivre pour atteindre le col d'Aygues Tortes. 

 

Enfin j'y arrive! Le brouillard stagne légèrement plus bas. Des nuages dans le ciel n'empêchent pas le soleil de briller...

Je rencontre le premier et seul randonneur de la journée, faisant sa pause calfeutré derrière un mur de pierres. Il vient de l'autre côté : là où je vais descendre, c'est l'Espagne. Nous sommes sur l'arête frontalière... 

En face de nous il y a le massif du Posets, à moitié dans les nuages.

 

Je ne m'attarde pas, car il fait frisquet, et j'ai encore du chemin. Une descente scabreuse dans les caillasses, les roches, et deux ou trois passages délicats... je retrouve le brouillard.

 

Il faut traverser des ruisseaux et continuer dans les pentes d'herbes au bas du torrent, et les prairies fleuries pour arriver à Biados : quelques cabanes, des granges, et le refuge où je n'ai pas réservé comme d'habitude... Il est 17 heures.

 

Le refuge est presque plein : en majorité des espagnols. Je suis le seul français.

Le bivouac est interdit, et s'il n'y a plus de place au refuge, il faut remonter en arrière ou descendre plus bas!

 

 

Enfin, la douche chaude est à 2 euros. 

J'attends le repas à 20 heures avec impatience, mon estomac est vide depuis le petit déjeuner...

Potage, haricots plats, sauté de mouton, une orange.

 

L'étroitesse du dortoir et les ronflements ne m'empêchent pas de dormir...

 

 

 

 

 

21ème jour, dans le Parc Naturel Posets Maladeta.

Le temps n'a pas changé depuis hier : nuages, grisailles, aucune visibilité...

Mon idée était d'aller vers le refuge Angel Orus sur le  versant sud du Posets, et peut être en faire l'ascension. 

Les conditions météo ne m'incitent guère à faire cette longue étape, et qui rendrait la journée de demain encore plus longue pour rejoindre Benasque! 

Je décide d'aller plutôt vers Estos sur le versant nord du Posets. J'ai tout mon temps, je ne suis pas à un jour près, et je préfère faire une étape courte, en me disant que demain sera peut être meilleur, et que je verrai le paysage...

Je reprends le même sentier qu'hier : le GR®11 par les prairies embrumées, jusqu'au torrent et je remonte à droite une pente qui rejoint le col "Puerto de Gistain". La descente de l'autre côté se fait dans des pierriers, éboulis, et caillasse, ensuite des prairies et des fleurs des champs.

 

J'arrive au refuge de Estos quatre heures après être parti, et sans me presser! Plus loin c'est Benasque, la ville.

Je préfère rester ici, et je me balade un peu autour du refuge, mais hélas il n'y a rien à voir : tout est dans les nuages!

 

Le soir, le dîner est du même style qu'à Respumoso... mais ici on nous appelle par notre nom, pour nous remettre un plateau avec une tasse de soupe très liquide, une assiette de pâtes, un steak cuit et recuit, et une crème dessert... chacun dans son coin. Les espagnols en plus grand nombre se regroupent

 

En dix minutes le plateau est liquidé et rendu à la cuisine!

 

 

 

 

 

 

 

22ème jour,

Ce matin il fait beau! les nuages sont partis pendant la nuit...

Le chemin est assez large, agréable, et entouré de fleurs des champs.

Plus loin c'est la route, et après deux terrains de camping, je continue en suivant la piste de l'autre côté de la route.

 

J'arrive à Benasque : petite ville très vivante aux nombreux commerces. Je dois faire des courses pour ce soir et demain, où je n'aurai rien pour m'approvisionner.

Il y a une navette de bus à 15 heures pour aller dans la vallée de Ballibierna : je ne me vois pas marcher sur la route pendant une quinzaine de kilomètres!

Il fait très beau et chaud.

 

 

 

Le minibus grimpe par des lacets très étroits, et le vide peu rassurant!

On est content d'arriver au bout de la route, près du refuge de Coronas sur le versant sud de l'Aneto, et le massif de Maladeta. 

Le refuge est non gardé, c'est plus un abri ou une cabane, dans une clairière avec des pins, et un torrent. Le paysage est agréable, enfin on voit quelque chose!

 

La plupart des randonneurs qui étaient dans le minibus, vont bivouaquer dans le valle de Coronas où il y a une cabane pour éventuellement s'abriter.

Moi je monte tout droit par le GR®11, qui passe par les sapins, les prairies fleuries, et quelques belles cascades.

Plus haut j'aborde des pierriers ; beaucoup de cailloux... Pendant ce temps, le ciel se couvre : de gros nuages arrivent!

J'espère que çà ne va pas se dégrader!

 

Le premier lac de Ballibierna est entouré de blocs de rochers, et de caillasses. Un peu plus haut il y a quelques espaces de verdure. J'ai envie de rester là... 

Au bout d'un moment, il arrive une famille espagnole : le père, la mère et leur fille. Je les avais vu dans le bus...

Ils ont l'air fatigué sous le poids de leur sac!

Eux aussi restent là! 

Nous montons nos tentes, et c'est l'heure de casser la croûte avec ce que j'ai acheté à Benasque.

 

 

 

 

 

 

 

Les nuages ont tendance à se volatiliser, et une lueur rosée venant du couchant, colorie le lac et les pentes pierreuses.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

23ème jour,

 

 

La nuit a été claire, et je n'ai pas beaucoup dormi sur ce lit de cailloux...

Je pars à 9 heures sous un soleil resplendissant!

La montée est rude, encore et toujours dans les éboulis et la rocaille, avec deux ou trois passages délicats.

Petite pause en arrivant au col de Ballibierna dont les derniers mètres sont assez raides!

 

 

 

 

Je redescends par les blocs de granit. Au bas de la pente, des cascades, et le lac Cap de Llauset, où je fais une longue pause pour enlever mes chaussures : j'ai mal au bout des doigts de pieds, et la douleur au tendon rotulien réapparaît!...

 

Nouvelle montée au col Solana, pendant que le ciel change de couleur, et le soleil disparaît. 

Il faut redescendre de ce col par un grand pierrier jusqu'au premier lac d'Anglos, et ensuite un deuxième lac au milieu des prairies et des ruisseaux.

 

 

 

A proximité se trouve le refuge Anglos, qui est plutôt une cabane. Il n'y a personne ; l'étape n'était pas longue mais deux montées et deux descentes ont fait resurgir des douleurs que j'avais un peu oublié... En plus le temps se gâte, et je n'ai pas envie d'aller bivouaquer plus bas dans la vallée.

Je profite de la solitude pour faire un brin de toilette dans une vasque du torrent : c'est très agréable de se tremper jusqu'au cou dans cette eau claire, et même si je n'utilise pas de savon pour ne pas créer de pollution, je me sens propre en sortant de l'eau!

 

Le couple espagnol et leur fille arrivent à 17h30, l'air épuisé comme hier!

D'autres randonneurs espagnols arrivent aussi, et trois français originaires de l'Ariège à 19 heures! Ils préfèrent bivouaquer à côté, voyant que le refuge est plein! En effet il n'y a que six places, et nous sommes déjà huit... 

Pas de matelas, on dort directement sur les planches! Hier c'était les cailloux. 

Le soir je dîne avec ce que j'ai dans mon sac, et chacun en fait autant...

 

Dans la nuit, un vent violent se lève et fait claquer la toiture, des courants d'air passent par les planches disjointes... et un gros orage éclate. Les trois ariégeois arrivent en courant, abandonnant sur place leur tente qui est paraît-il bien amarrée, mais prend l'eau... Je ne suis pas mécontent d'avoir choisi cette cabane en arrivant!

Comme c'était déjà complet avant qu'ils viennent, il ne reste qu'un peu de place à même le sol.

A onze là dedans, nous dormons peu!...

 

 

 

 

 

 

 

24ème jour,

Le ciel a été lavé par le vent et l'orage de cette nuit... il fait frais mais beau!

Je pars à 8h10 après mon petit déj...

Belle descente par le sentier très pentu dans les roches granitiques et caillouteuses!

Je passe parmi les pins et les rhododendrons ; plus bas végétation fleurie, bois de bouleaux et hêtres. Une importante cascade longe le chemin.

 

Une petite pause au pont de Salenques ; il faut traverser la grande route qui mène au tunnel de Vielha, et suivre un sentier de l'autre côté à travers bois, en remontant jusqu'à Espitau de Vielha. 

Il est environ midi, je fais ma pause casse-croûte. 

Ensuite, la montée est rude en plein soleil, par ce sentier caillouteux. Belle vue sur toute la vallée d'où je viens.

J'arrive au col de Rius à 15 heures, et derrière se trouve le premier lac de Rius qu'il faut contourner par la gauche. Le paysage est magnifique! 

Plus loin, la pente caillouteuse et les roches mènent à des pâturages, ainsi qu'une petite source fraîche et bienvenue sortant d'un rocher. 

Je ne vois plus la fin de cette descente ; aussi agréable soit elle, je la trouve interminable, et le ciel se charge de nuages, comme chaque jour en fin d'après midi!

 

 

A un moment il faut quitter le chemin dans le bas du vallon, pour suivre à droite les balisages du GR®11 et remonter par un sentier se transformant bien vite en trace peu visible dans les éboulis et la végétation ; je m'arrête plusieurs fois pour consulter ma carte et l'altimètre, et m'assurer que je suis sur la bonne voie...

 

 

Je retrouve un bout de sentier qui descend encore, et traverse une combe. A partir de là, m'attend une pénible montée assez raide dans les rochers au milieu de bouquets de pins... En haut de cette côte, je trouve enfin le lac et le refuge dera Restanca à l'autre bout du barrage. Il est 18h30... Je ne pensais pas venir ici, donc pas réservé! Le refuge est bondé, mais il reste de la place... 

 

Des dizaines de paires de chaussures et des sacs à dos sont entreposés dans l'entrée. Il faut se frayer un passage au milieu : interdiction de monter avec les sacs dans les dortoirs, où il y a peu de place... 

En moins de trente minutes j'ai attendu mon tour à la douche, et j'ai lavé short et t'shirt... 

Je suis un peu crevé, et des courbatures partout!...

 

19 heures, je suis à table avec sept espagnols, dont trois charmantes jeunes femmes, mais ne parlant pas un mot de français. 

Ce n'est pas un problème : on fait ce qu'on peut!

 

Gros dîner et à volonté : enfin çà fait plaisir!!

Potage de légumes, lentilles, rôti de veau carottes et purée, yaourt...

 

Le ciel s'obscurcit de plus en plus, et pendant la nuit l'orage gronde, et il pleut!

 

 

 

 

 

 

25ème jour,

Tôt ce matin, les éclairs illuminent le dortoir!

Au réveil, le brouillard plane sur le lac, et en quittant le refuge on ne voit pas à dix mètres!

Il faut rejoindre le pontet de Rius par un sentier en pente dans les caillasses et les éboulis. Ensuite un chemin assez large conduit à un parking, et la route goudronnée, peu fréquentée.

J'arrive à 11 heures à Artiès, beau village du Val d'Aran, avec son église du XIe siècle.

Je fais une longue pause : vu le temps, je ne sais pas trop quoi faire!

En début d'après midi je décide d'aller à Salardu, en passant par un sentier à l'écart de la grande route.

J'arrive en moins d'une heure au refuge Rosta au centre du village.

J'espère que le temps s'améliorera demain et me permettra de faire l'étape normalement prévue jusqu'au gîte d'Eylie en France, de l'autre côté du Mauberné...

C'est mal parti : le brouillard ne s'évacue pas, le temps est gris et frais, et il pleut par moments...

 

Dîner : potage, veau légumes, flan...

 

C'est ici que je paye le plus cher : 41 euros!

On peut se demander ce qui motive ce prix? Sûrement pas le repas, ni le dortoir!

Il paraît que le bâtiment est du XVIe siècle!

 

 

 

 

 

 

 

26ème jour,

Il pleut! Aucune amélioration n'est prévue pour les 48 heures...

L'étape prévue est trop longue pour être faite dans dans ces conditions : remonter jusqu'au Port d'Urets, col frontalier et redescendre jusqu'au gîte du hameau d'Eylie.

Normalement, j'aurais dû finir cette randonnée après demain, avec l'étape à l'étang d'Araing et ensuite dans la vallée de St Béat ou Bagnères de Luchon...

 

Il y a des bus qui vont au delà de Vielha. Ca me rapprochera de la frontière. Le bus est terminus au village de "LES", où se trouvent plusieurs grandes surfaces vendant alcool, tabac, et tout, et tout.... moins cher qu'en France!

Dans ma candeur naïve, je pensais qu'un de ces "braves" véhicules immatriculés 31, 65, 81, 82, enfin des voisins! me prendraient en stop, moi un pauvre "vieux" randonneur sous le poids de son sac, et sous la petite pluie fine intermittente... 

C'est un défilé de bagnoles qui ne s'arrêtent pas!!

Je suis resté près d'une heure le pouce en l'air, devant un abri, à la sortie du parking...

 

Je me suis dit qu'il n'y avait peut être plus de place dans les voitures remplies de bouteilles et de cartouches de cigarettes!

Ou alors, ils n'ont pas envie de prendre un inconnu, sac à dos et piolet, sur une route espagnole près de la frontière ; des fois que çà serait un trafiquant, un terroriste, un membre de l'ETA... 

 

Je me résous à marcher à pied sur la route, de préférence sur le bas côté... Heureusement, c'est en pente douce et il n'y a pas grand effort!

Je trouve çà presque agréable de ne pas être dans les éboulis et les caillasses aujourd'hui! 

J'arrive à la frontière marquée par deux panneaux se tournant le dos : Espagne - France. Il n'y a rien. Il faut continuer plus loin juste avant l'entrée dans le village de Fos, pour trouver un poste de douane fermé! Évidemment çà n'existe plus! 

Fos est un village inanimé, traversé par la RN125 venant d'Espagne et allant à Toulouse, via Montréjeau. Les maisons le long de la route sont inhabitées, fermées, ou à vendre! Voila encore un lieu qui a fini de vivre au fil des ans.... En passant devant le cimetière, je me dis qu'il doit y avoir plus de monde ici que de l'autre côté. 

 

La principale curiosité du coin est la Garonne qui a sa source sur les pentes de l'Aneto, et passe en France dans cette vallée, et fréquentée par les pêcheurs. 

 

La porte du gîte d'étape n'est pas fermée : j'entre. Personne! sur la table un papier : "Si vous n'avez pas réservé, et qu'il y a de la place, installez vous... aujourd'hui vendredi exceptionnellement pas de repas ce soir, mais le restaurant la gentilhommière est ouvert"... 

Il y a un numéro de téléphone que j'appelle : je tombe sur un répondeur, et je laisse un message. J'attends!

Aujourd'hui on est samedi et j'ai l'impression que personne n'est venu depuis hier, autrement le papier ne serait plus là!

Toujours est il qu'au bout d'un moment, ne voyant rien venir, je suis parti!

 

J'ai été voir ce qu'était cette "Gentilhommière" : un hôtel restaurant. La seule ressource de ce village! Comme il faut manger ici ce soir, autant dormir aussi... Il y a une chambre avec douche à l'étage à 28€. C'est moins cher que le gîte en dortoir à Salardu hier!

 

Il continue de pleuvoir l'après midi et la soirée!

Dîner : bavette bordelaise frites, crumble aux pommes. 

 

 

 

 

 

 

 

27ème jour,

Il a plut toute la nuit, et ce matin j'attends presque 9 heures et demie pour partir. 

Je voulais prendre le GR®10 pour rejoindre Luchon, mais il est beaucoup trop tard, et les 1500 mètres à grimper à travers bois pour aller au col d'Esclot d'Aou, doivent être détrempés, selon les patrons de l'hôtel. De ce col il y a ensuite une longue descente jusqu'à Luchon.

Le brouillard est toujours tenace.

 

Je décide de contourner la difficulté. Je vais suivre un chemin à travers bois jusqu'au village d'Argut, et ensuite une petite route mène à St Béat : un village un peu plus important, mais d'une grisaille inouïe! Je vais à l'office du tourisme demander s'il y a des navettes pour Luchon.

Oui mais dans moins d'une heure, et il faut aller à Marignac à 4 kilomètres. Il n'y a pas une minute à perdre : je ne tente même pas le stop, je perdrai du temps, et il y a peu de voitures aujourd'hui dimanche avec ce temps pourri!

 

A Marignac, il faut traverser le village pour aller à la gare SNCF, mais il y a belle lurette que les trains ne s'arrêtent plus... L'arrêt du bus est ici ; j'arrive même en avance!

 

En moins d'une demi heure le bus arrive à Luchon... 

Voila, c'est fini! J'aurai préféré que ces derniers jours se déroulent comme prévu, avec les étapes au gîte d'Eylie, à l'étang d'Araing, Fos, et Bagnères de Luchon, mais le temps ne l'a pas permis!

 

 

 

 

 

 

 

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