Pour ma 5ème édition de ce tour, je souhaitais un peu d’originalité ! Mon idée au départ, c’était de terminer la boucle côté italien, pour enchaîner direct sur le Val d’Aoste, et le Grand Paradis… que je ne connaissais pas ; donc il fallait démarrer à Courmayeur. |
Le tunnel sous le Mont Blanc fermé, le moyen le plus direct est de partir de Bourg St Maurice, en stop ou taxi en passant par le col du Petit St Bernard. A noter qu’il existe une navette l’été tous les mardis, jour de marché à Aoste. Aller et retour de Bourg St Maurice : Renseignements, Gare routière 04 79 07 04 49. |
Je suis arrivé à destination en fin de matinée ce 28 juillet 2000.
Quelques lignes sur Courmayeur.
C’est une station agréable. La plupart des villas ou maisons sont inhabitées neuf mois par an ! Cela donne un aspect bourgeois, dérangeant surtout ceux qui ne sont pas concernés, c’est à dire les touristes de passage ! … Dans le quartier piétonnier on se croirait effectivement dans n’importe quelle cité provinciale, d’autant que le français est aussi courant que l’italien, et les boutiques de " Grande Enseigne " sont légion.
En dehors de toutes ces considérations terre à terre, n’oublions pas que le Val d’Aoste est aussi un territoire francophone, qui s’est toujours battu à nos côtés pour le maintien des libertés et de la démocratie, aux heures les plus sombres des conflits mondiaux. Aujourd’hui, si la langue française est présente dans toute la vallée, ce n’est pas le fait du hasard. Courmayeur est situé à l’extrémité ouest du Val d’Aoste. Trois kilomètres plus loin, se trouve le village d’Entrèves au pied du célèbre glacier de la Brenva, qui descend tout droit du sommet du Mont Blanc. Juste à côté, l’entrée du non moins célèbre "Tunnel, fermé pendant trois ans"…reliant Chamonix, en une douzaine de kilomètres ; il a fallu 39 morts et des dizaines de blessés, pris au piège, pour songer à la sécurité, et s'apercevoir que rien n’était conforme! Entrèves, c’est aussi le téléphérique permettant de rejoindre la Pointe Helbronner, le col du Géant, et par une correspondance en télécabine, l’Aiguille du Midi, et Chamonix, en passant au dessus de la Vallée Blanche ; quand les conditions atmosphériques le permettent !
De chaque côté de cette muraille de roc et de glace, deux riantes vallées se distinguent : à gauche le val Véni, rejoignant le col de la Seigne par les moraines des grandes coulées glaciaires, et à droite, le val Ferret italien par sa route au milieu des prairies, et des bois.
Il est regrettable que Courmayeur ne dispose pas d’un gîte d’étape alors que de nombreux randonneurs y font une halte. A noter, une cinquantaine d’hôtels de toutes catégories dans la station, et plusieurs autres dans les villages alentours : Dolonne, Entrèves, La Saxe, La Palud, etc… Deux refuges assez éloignés : Giorgio Bertone se trouve, d’après le topo guide à plus de 2 heures au milieu des prairies, avant la crête du Mont de Saxe, et de l’autre côté, au col de Chécroui le refuge de Maison Vieille.
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Le temps n’est pas super, mélange d’éclaircies et d’averses.
Dans la soirée il tombe des cordes à n’en plus finir !
"Avaler" un Tour du Mont Blanc en cinq jours, n’est ni une prouesse, ni une promenade de santé, mais il faut savoir que cette rando n’est plus ce qu’elle était à l’époque héroïque de H.B de Saussures, Balmat ou Topffer. En ce temps là c’était toute une expédition. Aujourd’hui on en fait le tour en short, et en quelques dizaines d’heures, en marchant d’un bon pas. J’en ai vu qui faisait le Tour du Mont Blanc dans la journée, en courant !
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clic sur la carte |
Avertissement. Il ne faut pas considérer les étapes ci-dessous comme une référence : ce ne sont que mes propres temps de parcours. Certaines journées de marche étaient courtes en raison du mauvais temps, mais d'autres très longues. Je recommande de se munir du topo guide de la FFRP "TOUR DU MONT BLANC", où sont indiquées toutes les explications sur les hébergements et les temps de parcours , ainsi que les cartes IGN adéquates.
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1ère Etape
Des sourires et des mômes.
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2ème étape
La clé du tour en passant par la fenêtre…
Dimanche 30 juillet 2000 |
ARRIVEE |
DEPART |
PAUSES |
Départ du VAL D'ARPETTAZ |
07h00 |
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Fenêtre d'Arpette |
09h15 |
09h30 |
0h15 |
Prise du Bisse |
11h25 |
11h30 |
0h50 |
Col de Balme |
14h10 |
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LE TOUR |
15h30 |
15h45 |
0h15 |
MONTROC |
16h00 |
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Arrivé à LA FLEGERE TEMPS TOTAL :
TEMPS DE MARCHE |
19h35
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____________ 12h35
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0h35 ____________ 12h00
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Au réveil : grande surprise…. Il fait beau ! Pas un nuage, et le soleil est déjà sur les sommets. C’est vrai il est tôt, et on ne sait pas ce qui peut se produire d’ici ce soir ! Mais Bon, çà a l’air de bien démarrer. La météo est optimiste pour aujourd’hui. Le copieux petit déjeuner est prêt ; le gérant du gîte me raconte sa vie, et ses problèmes de patron suisse obligé de travailler dur 3 mois par an pour vivre 12, etc… Le jour se lève de plus en plus dans ce val d’Arpette, la montée est agréable jusqu’à la Barme : grand rocher d’escalade, et bifurcation de sentiers. Tout droit on se dirige vers le col des Ecandies et le glacier de Trient.
Arrivé à la fenêtre je m’aperçois qu’une mer de brume inonde le val, ensoleillé il y a peu de temps ! Devant moi, le glacier du Trient coule et s’étire dominé par l’aiguille des Grands. La descente chaotique n’en finit plus, sur l’autre versant. C’est la difficulté de ce Tour qui perdrait de son intérêt si on évitait ce passage : mais pourquoi l’éviter? Le sentier par Bovine est plus long et plus fastidieux. Cette fenêtre d’Arpette est vraiment une clé dans ce Tour.
La « Prise du Bisse » : expression valaisanne signifiant un canal ou une conduite d’eau taillée dans le rocher. Ici c’est une buvette. Le soleil est toujours présent, et çà chauffe ! Je m’en aperçois d’avantage dans la montée aux chalets des Grands, quand il n’y a plus d’abri. Il faut longer une paroi rocheuse, et suivre le sentier caillouteux. Le col de Balme est visible, mais pour y arriver il faut un certain temps ! Autour du refuge, il y a un monde fou ! Ils sont tous montés avec la télécabine. Je continue la descente par les pistes de ski, et le coup de pompe commence à se faire sentir. Petite pause au village du Tour pour acheter du pain, du chocolat et remplir ma gourde. En continuant par la route je parviens à Montroc : village qui a terriblement souffert d’une avalanche un an plus tôt. En passant derrière la gare SNCF, on rejoint le hameau de Tréléchamp et le sentier grimpant assez sec dans l’aiguillette d’Argentière parmi les échelles, les mains courantes, les entailles dans le rocher. C’est une épreuve pénible en fin de journée comme aujourd’hui. ____________
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Le Mont Blanc se dégage des nuages.
UNE NUIT A LA FLEGERE POUR S’IMPREGNER DE TOUT LE MONT BLANC.
La douleur derrière le genou droit est de plus en plus vive, et je suis crevé!… mais la récompense vient d’en face! Cette somptueuse chaîne de minéraux et de glace s’est parée de tout ses éclats dans le soleil couchant pour nous souhaiter « BONNE NUIT ».
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3ème étape
Du ciel bleu et de la glace
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Lundi 31 juillet 2000 |
ARRIVEE |
DEPART |
PAUSES |
Départ de La Flégère |
06h00 |
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Le Brévent | 09h15 | 09h35 | 0h20 |
LES HOUCHES | 12h40 | 13h40 | 1h00 |
Téléphérique de Bellevue |
13h55 | ||
Col du Tricot | 15h20 | ||
Chalet de Miage | 16h05 | ||
Chalet du Truc | 16h45 | 16h50 | 0h05 |
Arrivé aux CONTAMINES TEMPS TOTAL :
TEMPS DE MARCHE |
17h40
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_____________ 11h40
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1h25 ____________ 10h15
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Le sentier balcon de la Flégère est vraiment une merveille, quand on a la chance d’assister à chaque minute au coloriage progressivement rosé de tous les sommets de la chaîne.
A l’inverse d’hier soir, « le toit de l’Europe » reçoit les premiers rayons de soleil.
En marchant lentement pour mieux apprécier ce spectacle, la lumière devient rayonnante, et plus chaude. Le soleil est à nouveau présent, le ciel est limpide.
J’ai voulu contourner le col du Brévent en passant par un itinéraire moins connu : la fameuse cheminée.
Au départ de Planpraz, une large piste très abrupte, grimpe et mène sur deux ou trois lacets entre deux parois resserrées, d’où la dénomination de cheminée. Seuls des moutons se hasardent sur ces pentes.
Le sommet du Brévent à 2526 m représente vraiment un belvédère incomparable sur le Mont Blanc, avec tout ses sommets autour, et ses glaciers chaotiques coulants, malgré le recul permanent, presque jusqu’aux premières habitations, comme le glacier des Bossons ou de Taconnaz. Ce belvédère offre aussi un panorama exceptionnel sur la chaîne des Fiz toute proche, et sur les Aiguilles Rouges.
C’est un immense plaisir de passer ici le matin pour goûter de courts instants de tranquillité, alors que les premières bennes arrivent déjà chargées de touristes ! A proximité d’un petit lac, plusieurs chamois surpris se réfugient dans une pente inaccessible. Le sentier conduit à la statue du Christ Roi, visible de loin. La descente est très très longue depuis le Brévent, mais assez agréable parmi les rhododendrons, et les sapins. La chaleur se fait sentir. On longe la clôture de la réserve d’animaux de Merlet, les bruits de la civilisation deviennent plus présents.
Les Houches : village sans grand intérêt, tout en longueur, une seule rue. L’autoroute en contre bas crée des nuisances supplémentaires. Le bruit des véhicules remonte, et se fait entendre très loin. On parle de protection de l’environnement, et on agit à l’inverse. Je prends le temps de manger une omelette, je ne veux pas commettre la même erreur qu’hier et avoir un coup de pompe dans l’après midi. Le téléphérique de Bellevue me transporte à 1800 mètres en cinq minutes, et me fait gagner 2 heures ; d’autant que cette portion n’a rien de géniale, et on patauge souvent dans la boue et les marécages pour monter au col de Voza.
Le passage le plus épique : la passerelle suspendue au dessus du torrent glaciaire de Bionnassay ne présente aucun danger, mais les touristes peu entraînés ne sont pas rassurés, quant aux autres, ils monopolisent le lieu pour tirer des dizaines de photos ! La montée au col du Tricot est lente mais agréable dans la prairie. Ici aussi des dizaines de moutons se blottissent derrière les rochers à l’ombre. La chaleur est prenante. Ne nous plaignons pas, tout ces jours ci il pleuvait, et le 14 juillet était hivernal !
Au col, le panorama est superbe : à droite les pentes d’herbe du Mont Vorassay, à gauche l’aiguille du Tricot, et son prolongement vers l’aiguille de Bionnassay. |
Le col du Tricot, et les chalets de Miage |
En face, les dômes de Miage. Nouvelle descente assez longue et pénible jusqu’aux chalets.
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Remontée au chalet du Truc, gîte d’étape, dominé par un sommet arrondi : « le mont Truc ».
La aussi, les dômes de Miage s’imposent, éblouissants dans leur glace. Je continue par un chemin forestier en pente douce, à travers bois, pour arriver aux Contamines : importante station. Nombreux hôtels, gîte d’étape. Je vais pouvoir me ravitailler, il n’y a plus rien à grignoter dans le sac.
Après une douche et le dîner je me sens nettement mieux ! Très belle journée, qui m’a permis de passer de la vallée de Chamonix au val Montjoie par la variante au col du Tricot, et les alpages de Miage.
4ème Etape Sur les traces de Saussures.
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Mardi 1er Août 2000 |
ARRIVEE |
DEPART |
PAUSES |
Départ des CONTAMINES |
6h30 |
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N.D de la Gorge | 7h15 | ||
Chalet de Nant Borrant | 7h45 | 8h15 | 0h30 |
Chalet de La Balme | 8h50 | ||
Col du Bonhomme | 10h15 | 10h25 | 0h10 |
Col des Fours | 11h20 | ||
Tête Nord des Fours | 11h40 | 11h45 | 0h05 |
Retour Col des Fours | 11h55 | 12h10 | 0h15 |
Refuge des Mottets | 14h10 | ||
TEMPS TOTAL :
TEMPS DE MARCHE |
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_____________ 07h40
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01h00 ____________ 06h40
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C’est le grand beau temps pour le troisième jour consécutif… Mais il fait frais en quittant Les Contamines à 6 h et demie, quelques abricots secs dans la poche, pour grignoter en attendant le premier gîte. Il faut suivre la route, où aucune voiture ne passe à cette heure, traverser un sous bois, un camping, et la base de loisir du Valmontjoie, avant d’atteindre le parking et la chapelle Notre Dame de la Gorge. ___________________________________
La construction d’une chapelle dans ce vallon remonte au XVème siècle. L’Eglise actuelle date de 1702. Le registre contient les signatures de Lord Byron, Victor Hugo, et Chateaubriand, à l’occasion de leur passage sur les chemins de Savoie. Une légende veut que par l’intercession de Notre Dame de la Gorge, un goitreux aurait été débarrassé de sa malformation au profit d’une fiancée désespérément plate ! Ce conte a été répandu, déformé et il n’y a pas si longtemps encore, des créatures naïves venaient présenter à N.D de la Gorge des suppliques en vue de trouver un beau et bon mari !!!! Mais c’est surtout un lieu de prière et de recueillement, avec ses quatorze oratoires, et ses cérémonies en costumes savoyards pour le 15 août par exemple. ____________________________________
La montée est rude sur cette voie romaine, surplombant à un endroit les gorges profondes. Bien vite la pente s’adoucit, et en traversant une prairie on rejoint le chalet du Nant Borrant : gîte d’étape, où des randonneurs s’apprêtent à partir. Je fais une pause petit dèj… pour me réchauffer un peu, car l’air est vraiment froid. Cette halte fait du bien, je me sens en forme pour continuer, cette étape est la plus courte. En effet, je voulais aller jusqu’au refuge Elisabetta Soldini mais il était complet quand j’ai appelé avant mon départ ! Donc nécessité de s’y prendre très en avance, même seul. Il faut dire aussi qu’en insistant, j'aurais sûrement eu une place ! Je continue la montée, et à partir du chalet de la Balme, le soleil commence vraiment à chauffer. Les randonneurs sont de plus en plus nombreux ; la plupart ont passé la nuit ici. Le sentier continue par le plan Jovet, avec à gauche une piste rejoignant les lacs Jovet.
La pente s’accentue, passage près d’un tas de cailloux : « le plan aux Dames » où paraît il la dépouille d'une Dame anglaise et de sa suivante seraient ensevelies ! Pour conjurer le mauvais sort, la coutume veut que l’on dépose une pierre sur ce tas déjà imposant. Après avoir traversé un torrent, et le névé toujours présent, la montée devient encore plus raide ; certains soufflent et suent ! quelques lacets, et la cabane du col du Bonhomme apparaît. Vue magnifique sur le Valmontjoie et au loin le rocher des Fiz, à droite l’aiguille de Bionnassay. De l’autre côté, le Beaufortain, la crête des Gittes, que je connais bien ! Il faut suivre les blocs, les rochers, et les touristes.
Encore un torrent, une grimpette, et sur un replat herbeux, le sentier à droite continue sur le col de la Croix du Bonhomme. Je préfère couper sur la gauche en passant près des pylônes haute tension, et continuer par un chemin de terre et de cailloux de couleur ocre.
Les premiers à avoir gravi ce sommet furent Horace Bénédicte de Saussures (célèbre naturaliste et physicien suisse) accompagné de Pierre Balmat (guide) en 1781.
Il faut faire très attention sur l’arête finale la pente est abrupte côté nord. La vue est remarquable sur la chaîne du Mont Blanc avec une forte impression de proximité et la sensation de pouvoir le toucher du bout des doigts. Au sud la Vanoise émerge d’une légère brume. Dommage que la table d'orientation soit en miettes à terre.
Un peu plus loin, un groupe de chalet : Les Tufs. En prenant un sentier à travers champs on arrive à « La Ville des Glaciers ». L’origine de cette dénomination, m’échappe ! En tous cas il s’agit d’un hameau d’alpage. Ici paissent plusieurs centaines de vaches Tarines réputées pour la fabrication du Beaufort. Toute la vallée des Chapieux est très productrice de lait et fromage.
Une pancarte persiste depuis au moins vingt ans à indiquer 15 minutes pour aller au chalet des Mottets, il faut compter presque le double ; mais à cet endroit, on n’est plus à 10 minutes près !
Le Gîte d’étape ne semble pas avoir changé depuis des lustres ! Le confort est très sommaire, je dirais spartiate. Un grand dortoir avec des matelas alignés de chaque côtés, et le toit en tôle au dessus. Par contre il y a des douches chaudes ! J’arrive de bonne heure, et profite pour reposer mes pieds ! Il fait toujours très chaud ; la dégradation est prévue pour demain… çà ne pouvait pas durer ! Les randonneurs, petits et grands affluent de toutes parts.
Le repas du soir est excellent : Potage de légumes Tomates en salade, Bourguignon riz Fromage Crème caramel Vin. Nous avons même droit à quelques airs d’accordéon par la maîtresse de maison.
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5ème étape
Il pleut, il pleut… bergère… !!!
Mercredi 2 Août 2000 |
ARRIVEE |
DEPART |
PAUSES |
Départ du Refuge des Mottets |
7h50 |
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Col de la Seigne | 9h00 | ||
Refuge Eliabetta Soldini | 9h55 | 10h35 | 0h40 |
Lac de Combal | 11h20 | 11h30 | 0h10 |
Lac de Miage | 11h40 | 11h50 | 0h10 |
Col Chécrouit | 13h45 | 14h35 | 0h50 |
Arrivé à COURMAYEUR TEMPS TOTAL :
TEMPS DE MARCHE |
15h45
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___________ 07h55
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1h50 ____________ 6h05
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En se levant ce matin, rien n’est comme hier : le ciel est gris bleu acier ! "C’est très mauvais signe", nous dit un gars qui a l’air d’avoir inventé la pluie…
Nous sommes une poignée de randonneurs à prendre le petit déjeuner, mais au moment de mettre les sacs sur le dos, les premières gouttes arrivent !
"Voyez, je vous l’avais dit" : insiste le gars. Bon, alors lui y commence à m’ plaire ! Comme si on était assez bête pour ne pas se rendre compte de la dégradation du temps.
Nous patientons une bonne demie heure, et à la faveur d’une accalmie, nous partons. Ca ne dure pas longtemps ! au bout de dix minutes, la pluie revient. Tant pis ! Nous sommes au dessus du refuge, on continue avec le poncho pour abriter le sac et le bonhomme ! Peu de temps après c’est la grêle, de plus en plus forte et violente, avec le vent qui nous pousse dans l’autre sens, et le brouillard qui s’y met aussi ! Ah la la !! manquait plus que çà ! Je ne sais même plus si les autres randonneurs sont devant ou derrière !
Arrivé au col de la Seigne 2516 mètres en un temps record : un peu plus d’une heure ! C’est la frontière avec l’Italie, et la tempête n’a pas de limite : grêle et vent ici aussi. Je ne vois plus personne, alors qu’au départ on était une dizaine ! Des traces partent dans toutes les directions, et je me retrouve trop à gauche sur des pentes escarpées. Il faut essayer de revenir dans le vallon pour retrouver ce sentier. Ah ! une cabane en ruine, c’est l’Alpe supérieure de la Lée Blanche, enfin je m’y retrouve ! Plus loin, quelques vaches ne s’inquiètent de rien. Je leur demanderais bien le chemin, mais parlent elles français ? Ca continue de descendre, çà devient même tout plat ; il y en a qui campent ! Bon courage !… Le refuge Elisabetta Soldini, un peu sur la hauteur, où j’aurais dû venir hier.
Je fais une pause, il faut sécher le t’shirt, le gilet, les chaussures, car malgré la cape je suis trempé ! Les autres arrivent juste derrière, ils étaient dans le brouillard comme moi. Un bon café est le bienvenu ; tout le monde parle français dans ce refuge.
Au bout d’une demi heure je décide de repartir ; de toutes façons rien ne sera sec avant plusieurs heures ! Je descends en suivant le chemin jeepable, ensuite c’est tout plat. La pluie a cessé comme par miracle ! et le soleil ose même se montrer timidement certes, mais… Un peu plus loin, le Lac de Combal, ne représente plus que deux ou trois bras d’eau au milieu de marécages, et la formidable moraine du glacier de Miage lui barre la route !
Je reprends le même sentier et retrouve l’itinéraire grimpant à travers les prairies. La pluie s’est arrêtée, j’en profite pour avancer ! Passage au chalet de l’Arp vieille. Après avoir franchi une arête, il faut contourner une large combe sans grande dénivellation, mais çà paraît long pour en faire le tour. Ensuite le lac de Chécrouit que je n’ai pas le temps d’admirer ; d’ailleurs on ne voit rien ! plus de Mont Blanc, plus de glacier, tout est dans les nuages ! je distingue seulement la base de l’aiguille noire de Peuterey.
Le chemin devient agréable en passant dans un bois de mélèzes, mais voilà qu’il se remet à tomber des cordes ! et même des hallebardes ! heureusement le col Chécroui n’est plus très loin. Un chalet à la cheminée fumante, c’est le gîte de Maison Vieille, et une pancarte : « Ristorante ». Ca tombe bien ! pour 15000 Lires, environ 55.00 Frs je mange une assiette de Penne Pomodore et un café. J’ai surtout le temps de me sécher un peu en attendant l’accalmie. D’ici on peut prendre une télécabine directe jusqu’à Courmayeur.
La pluie a cessé, je préfère continuer à pied ; les larges pistes mènent à Dolonne, le pont sur la Doire, et enfin Courmayeur. Arrivée à Courmayeur La boucle est bouclée. Le Tour du Mont Blanc, fini...
Sans perdre de temps je file à la gare routière : il y a un bus à 16 heures pour Aoste. Les transports ne sont pas chers dans cette vallée : 4800 Lires, soit environ 18.00 Frs pour faire 32 kilomètres, mais il faut une heure !
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AOSTE
La Gastronome.
Le Val d’Aoste n’est pas seulement réputé pour ses jambons et sa charcuterie. Ses fromages tiennent aussi le haut du pavé : il suffit de goûter la célèbre Fontina pour s’en persuader. C’est un fromage à pâte douce et fondante, produit à partir de lait cru et provenant d’une seule traite. Le Fromadzo : à base de lait écrémé, il contient moins de 20% de matières grasses. Le Reblec : fromage crémeux provenant de lait caillé. Le Seras : fromage acidulé se mariant avec la polenta ; il était déjà connu au XIIIème siècle. |
Pour accompagner charcuterie, polenta, fondue, fromages ; des vins comme Le blanc de Morgex : sec et acidulé. L’Enfer d’Arvier : rouge pour les plats de viande ou de gibier. La Torrette : excellent avec les saucissons, les rôtis, ou l’escalope valdôtaine. Le Nus rouge pour les jambons, fromages, ou Nus Malvoisie avec les gâteaux. Pour ne citer qu’eux !
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AOSTE
L’Histoire
Depuis 1948 le Val d’Aoste a un statut de " région autonome ". La vallée est parsemée de châteaux moyenâgeux souvent élevés sur des rochers. Ils dominent de vastes territoires, et plusieurs occupent des positions prépondérantes ; d’autres se situent sur des promontoires abrupts, ne pouvant être atteints qu’en surmontant de nombreuses difficultés. |
Les châteaux forts les plus caractéristiques se trouvent dans les villages de : - LA SALLE : château du XIIIe siècle avec vue sur le Mont Blanc. - SAINT PIERRE : XVe siècle. - INTROD XIIIe siècle, mais reconstruit en 1910 en conservant l’ancienne tour - SARRE : Château et sa haute tour crénelée. Et bien d’autres encore… Citer toutes les nombreuses possibilités touristiques du Val d’Aoste, déborderait du cadre d’un modeste site de randonnée en montagne.
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Vous trouverez ci-après les renseignements nécessaires pour un séjour agréable en Val d’Aoste.
MAISON DU VAL D’AOSTE 14 rue des Capucines 75002 PARIS |
Tel : 01 44 50 13 50 |
Accueil très sympathique et documentation abondante. |
Azienda di Promozione Turistica Monte BiancoPiazzale Monte Bianco 11013 COURMAYEUR (Valle d’Aosta) Italia |
Tel : 0165/842060 |
Pour tous renseignements sur place dans la région de Courmayeur. |
Bureau de renseignements touristiques Place Chanoux, 8 11100 AOSTE Italia. |
Tel 0039 0165236627 Fax 0039 016534657 e-mail : uit-aosta@regione.vda.it |
Excellent accueil et prise de renseignements importants sur place. Site : www.regione.vda.it/turismo |
L’hébergement à AOSTE est facilité par un grand nombre d’hôtels toutes catégories, et le français est parlé couramment.
L'Arc de Triomphe d'Auguste : porte d'entrée de la ville fortifiée. Ce monument fut construit pour commémorer la victoire des troupes romaines du Consul Terenzio Varrone Murena sur les tribus locales des Salasses, et pour rendre hommage à Auguste. |
Un ou deux jours de Tourisme à Aoste ne sont pas de trop. Il y a quantité de choses à voir !
De l’Arc Romain d’Auguste, construit en 25 avant J.C (année de fondation de la ville) à la Cathédrale, en passant par le pont romain, la porte prétorienne, le théâtre romain, la basilique St Laurent, sans oublier la célèbre place Emilio Chanoux, héros et martyr de la résistance anti-fasciste, où se dresse la façade de l’hôtel de ville.
Il ne reste qu'une partie de la façade principale du Théâtre romain, haute de 22 mètres. L'édifice fut construit sous Auguste. Dans sa partie inférieure il reste les arcades surmontées de trois rangées de fenêtres de tailles différentes. La scène était entourée de colonnes corinthiennes. |
A ne pas manquer aussi, la visite de la collégiale et la crypte de Saint Ours du XIe siècle, mais il est vraiment dommage que certaines parties soient bétonnées, pour servir d’appuis !…
Les Tours qui parsèment la ville sont aussi un rappel sur le passé : Tour Fromage, Tour du Bailliage, Tour du Lépreux, Tour médiévale de Bramafan…
La Porte Prétorienne, est située à l'entrée centrale de la ville. Parfaitement conservée, c'est la plus grande porte qui reste de la Période Romaine. Elle est composée de trois arcades : la plus grande pour le passage des chars, et les deux latérales pour les piétons. |
Nombreux commerçants et artisans dans les rues piétonnes, ainsi que des Grandes marques françaises.
Une chose m’a cependant choqué : en plein centre d’Aoste au 37 via Edouard Aubert, sur la façade d’une maison occupée par un grand coiffeur parisien !… une enseigne peu lisible, certes… quelque chose comme " Italia fascista "…! Je trouve incroyable qu’une telle inscription figure encore ici après 55 ans!
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1ère étape Crête et brouillard |
Tout s’annonce bien ce matin : le soleil est présent, et je préfère monter par la télécabine du Pila pour éviter la route, les pistes, et les pylônes ! Une fois arrivé à la station supérieure il faut prendre un petit télésiège au milieu des sapins. Déjà les nuages envahissent le ciel, et la fraîcheur se fait sentir.
On arrive sur les pistes de ski de Chamolé ; à gauche un sentier allant au lac et au col. A droite un chemin sans dénivellation conduit au hameau de La Nouvaz. De là, il n’y a plus de traces et il faut viser la crête. Mais ce n’est pas évident de voir le col avec les nuages qui abondent.
Résultat, je me retrouve sur une pente d’herbe et de cailloux beaucoup trop à droite. C’est une vraie galère pour arriver à grimper là-dedans. Plus je monte, plus le brouillard descend ! à tel point que la position devient très délicate ; les cailloux roulent sous les pieds et la pente devient raide. Pour se donner du courage, il faut se dire qu’on arrivera bien en haut, à force de monter !
D’ailleurs j’y parviens enfin ! au milieu de tout ces rochers sur la crête de Piatta di Grevon 2758 mètres ; j’ai mis un temps fou pour arriver ici, et en plus je ne suis pas au bon endroit ! il va falloir longer cette arête très effilée, avec des passages scabreux, et aériens. Je suis quand même content d’apercevoir en fond de vallée, le village de Cogne.
Il aura fallu près de trois quarts d’heure pour rejoindre le col de Tsa Setz 2820 mètres, et pour recevoir les premières gouttes de la journée. Le sentier passe par les alpages, et la ferme d’Arpisson où je fais un brin de causette avec le sympathique propriétaire des lieux. La descente continue, on passe au hameau de Gimillan, et par la route, on arrive à Cogne :
Gros village touristique, et petite station de ski alpin et de fond, situé entre le Val de Cogne, et le Valmontey très boisé. Tous commerces. Il n’y a pas de gîte d’étape mais de nombreux hôtels, relativement chers par rapport à Aoste. Dans l’après midi il pleut, et la température a baissé sensiblement.
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2ème étape
La neige et les chamois.
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Au réveil, il pleut encore !
En levant la tête je m’aperçois que la neige est tombée un peu plus haut ! c’est tout blanc où je suis passé hier, et dans le village la pluie n’arrête pas !
Ca devient catastrophique ! J’attends une éventuelle accalmie, et vers 10 heures j’ose me propulser dehors ! il faut moins d’une heure par la forêt à l’abri des gouttes pour rejoindre le hameau de Valmontey.
Une pause café dans un hôtel bar pendant que des randonneurs allemands déjeunent.
Nous échangeons nos impressions sur la région, et sur le temps ! Parmi eux, certains voudraient monter au bivouac Luciano Gratton pour faire demain, l’ascension de la Grivola, sommet pyramidal à 3969 mètres.
Au bout d’une heure, la pluie semble s’arrêter ; je décide de remettre mon sac sur le dos !
Le sentier longe le jardin botanique : véritable réserve de fleurs et plantes protégées.
Un timide rayon de soleil apparaît, et bien vite je ne suis plus tout seul à grimper, d’abord sous les sapins, et ensuite dans les alpages par une large combe sous des barres rocheuses. La fine pellicule de neige au départ, s’épaissit en montant. Arrivé au refuge Vittorio Sella 2584 m, tout est blanc !
il fait plus chaud à l’intérieur et l’estomac est creux !
Polenta valdotaine et brasato (viande en sauce).
Chamois dans la neige
L’après midi je me balade dans la neige jusqu’au lac du Lauson, pendant que des chamois gambadent. Le soir, le refuge pourtant de 150 places est pratiquement complet.
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Dimanche 6 Août 2000 |
ARRIVEE |
DEPART |
PAUSES |
Départ du refuge Vitorio Sella |
7h10 |
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Arrivé à COGNE | 9h00 | ||
Car pour AOSTE | |||
Car pour les Eaux Rousses | |||
Départ des Eaux Rousses | 13h40 | 4h40 | |
Intersection route, sentier | 14h15 | ||
Arrivé au refuge Fréderic Chabod TEMPS TOTAL :
TEMPS DE MARCHE |
16h25
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____________ 09h15
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4h40 ____________ 4h35
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Le temps est toujours le même ! Il n’a pas neigé cette nuit, et la couche n’a pas fondu.
La plupart des randonneurs dorment encore bien emmitouflés dans leur duvet ou les couvertures ; les autres envisagent de redescendre. D’ailleurs, le gardien du refuge n’y va pas par quatre chemins : il interdit tout bonnement de se diriger vers le col Lauson. Situé à 3296 mètres, ce col est déjà aérien et périlleux en temps normal, et actuellement il doit y avoir un vrai couloir de glace de chaque côté. Personnellement, je n’ai pas l’équipement adéquat pour faire une traversée dans de telles conditions. Je me résigne donc à descendre à Cogne, par le même chemin qu'hier ! D’autres me suivront…
Nous arrivons à Cogne assez rapidement ; par chance sans pluie, et juste avant le départ du car pour Aoste. Une douleur commence à se faire sentir au tibia droit. Avec les trois italiens et les deux allemands qui m’ont suivi, nous avons l’idée de reprendre une autre navette à Aoste pour rejoindre le Valsavarenche : vallée qui donne accès à l’ouest du massif du Grand Paradis, et se trouve sur l’autre versant du col Lauson que nous aurions dû gravir.
Donc d’Aoste, nous repartons en car. La chance est avec nous, pendant notre voyage, le ciel s’est totalement dégagé, et le soleil chauffe ! Nous arrivons aux Eaux Rousses petit hameau, et continuons par la route pendant une demie heure. Un sentier bien visible part à gauche près d’un parking, et des pancartes indiquent l’itinéraire.
Il suffit de monter à travers bois d’abord, et dans les prairies après les chalets d’Alp Lavassey.
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4ème étape
Au pied du Paradis…
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Le dortoir est presque vide ! La plupart sont partis très tôt faire l’ascension du Grand Paradis.
Je n’ai pas voulu me charger de crampons, piolet pendant deux semaines, simplement pour faire un sommet : mon sac est déjà assez lourd ! Un jour je reviendrai ici équipé, spécialement pour ce beau 4000.
En plus mon pied est très enflé ce matin, et l’inquiétude est grande ; donc je n’ai aucun regret, et je me demande comment je vais continuer ! Je tente le coup de partir vers le refuge Vittorio Emmanuel. Il n’est pas très loin, et je verrai bien là-bas ! Le Grand beau temps persiste.
C’est vraiment dommage de ne pas profiter d’avantage.
Je me sens sérieusement mal en point. Le sentier suit une courbe de niveau sans grande dénivellation au bord de la langue glaciaire et de la moraine du Laveciau, et ensuite par les alpages contournant la Testa di Moncorvé.
Arrivé au Pont, parking, route, et navette pour retourner à Aoste…
Demain jour de marché, je prendrai le car pour regagner Bourg St Maurice.
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Cette randonnée 2000 prend fin....
Un Tour du Mont Blanc
et un Tour dans le Grand Paradis....
jc-lordier (arobaze) randoalp.com