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Arrivé ce matin à Moutiers par le train ; je suis monté à Pralognan avec la navette.
Il pleut !
Par moments, les nuages se disloquent ; je décide de prendre le sentier au départ du petit hameau des Granges, à l’entrée de la station.
L’autre chemin au dessus du Bochor est à déconseiller par mauvais temps : il longe des barres rocheuses et des à pics sur plusieurs centaines de mètres avant de rejoindre le col de
Leschaux.
Au début le sentier n’est pas désagréable malgré la pluie : on passe par des clairières et sous bois, mais je me retrouve vite trempé sous ma cape, avec la sensation d’avoir les pieds dans des bassines d’eau !.
Je ne tarde pas à comprendre que le temps ne s’arrangera pas aujourd’hui. Plus je monte, plus il pleut, et plus je monte encore, la pluie se transforme en grêle.
Vers 2200 mètres, il neige, de gros flocons. La couche est épaisse, car ce temps dure depuis le début de la semaine ! La température est négative, c’est incroyable pour un 14 juillet !
Les traces sont inexistantes, le brouillard et les nuages bouchent complètement le paysage ; j’ai même du mal à me repérer.
Finalement, je préfère redescendre sur Pralo, çà ne présente aucun intérêt de randonner dans ces conditions, d’autant que le col de Leschaux est encore au moins à une heure, et la descente de l’autre côté vers le Grand Bec, ne doit pas être triste !
De retour à Pralognan, une navette me conduit à Champagny en Vanoise. Je contemple à l’abri, la pluie, et les nappes de brouillard remonter de la vallée........
Samedi 15 juillet 2000
Mes chaussures, et chaussettes ont eu le temps de sécher dans la chaufferie de l’hôtel pendant la nuit.
Après le petit déjeuner buffet, je quitte Champagny en Vanoise par la route goudronnée, pour éviter le sentier boueux et les herbes trempées, et ne pas risquer d’avoir les pieds dans l’eau au bout d’une heure !
La route est peu fréquentée à cette heure de la journée. Sitôt passé les deux grands lacets, on est presque sur du plat. Champagny le Haut est visible de loin. Une petite pause café au gîte du Bois, où un Rock pur et dur, résonne à tue-tête...... La Vanoise devient très Hard !
Malgré cela, il ne pleut pas, et c’est une consolation.
Le temps est couvert, c’est tout !.....
En suivant la route on parvient au hameau du Laisonnay, fin de la vallée et cul de sac ; parking, pancartes, etc... « les touristes sont invités à continuer à pied » ou à faire demi tour....
Ouf ! enfin un monde sans bagnole à la montagne, est ce possible ?
Deux cents mètres plus loin, le très accueillant gîte du Laisonnay. Il fait bon faire une pause devant le poêle à bois crépitant ; idéal pour réchauffer pieds et chaussures.
La remontée à proximité de la très belle cascade du Py, est un passage assez ardu par temps de brouillard. A mi chemin, la pluie fait son apparition, ensuite la grêle, et au refuge de Plaisance, une fine couche blanche recouvre les alpages !
La marmite sur le feu laisse échapper une bonne odeur de potage.... c’est le seul service que le gardien peut offrir dans ce refuge théoriquement non gardé.
Par temps froid en montagne, un bol de soupe est toujours bienvenu, et cela remet en forme pour continuer à grimper par la crête du Vallaisonnay, surtout que la brume est toujours présente, et l’air très frais.
La grande joie du jour, est de se trouver presque nez à nez avec une harde de bouquetins : j’ai pu en compter une bonne trentaine !.... Tous ont l’air étonné de croiser un quidam pédestre par ce temps hivernal !
En arrivant sur un plateau, quelques flocons font à nouveau leur apparition dans la grisaille environnante. Après une nouvelle remontée, je passe le col de plan Séry à 2609 mètres. En face, le Mont Pourri porte bien son nom, noyé dans les nuages.
En moins d’une heure de descente, je parviens au refuge d’Entre le Lac.
C’est une ancienne bergerie et une étable, transformées depuis quelques années en gîte.
Aujourd’hui il n’y a plus que deux vaches.
Toujours la pluie, la grêle, et la neige sporadiques pour ce week-end du 14 juillet !
Dans la grande salle pleine, nous essayons de faire sécher notre linge : chaussettes, chaussures, etc.... autour du poêle.
Dimanche 16 juillet 2000
Très tôt ce matin, le ciel est encore gris,... à croire que c’est la nouvelle couleur de l’été !
Personne n’est surpris de constater que les tables dehors sont recouvertes d’un demi centimètre de glace ; bien qu’étant seulement à 2100 mètres d’altitude, le thermomètre indique - 5° à 7 heures.
Après avoir contourné le lac de la Plagne, face au refuge, je retrouve le GR® 5 menant aux chalets de la Plagne entourés d’herbes hautes trempées, et des vaches plantées au beau milieu, refusant de bouger !
Un peu plus loin le sentier grimpe en balcon avec de belles vues sur la vallée de Peisey Nancroix, et passe devant une bergerie. Peu de temps après, apparaît le refuge du Mont Pourri.
On peut remonter par le vallon du Nant Cruet, ce qui évite le sentier par la crête des Lanchettes, beaucoup plus long, pour arriver au lac des Moutons.
A partir d’ici la neige est présente. La montée est pénible : on s’enfonce, et la pente est raide. Comme par hasard, le ciel se dégage, et le soleil chauffe : « on l’avait oublié ».
C’est avec joie que j’arrive au Grand Col à 2935 mètres d’altitude, situé entre la Pointe des Arandelières, et l’aiguille du St Esprit, sur l’arête menant au sommet du Mont Pourri.
La descente de l’autre côté n’est pas envisageable, compte tenu des conditions. La neige est gelée, sur une pente de 100 mètres à environ 50° ; il n’y a aucune trace, ce qui laisse supposer que personne n’est passé par là depuis plusieurs jours. En temps normal, il est déjà délicat de descendre dans les éboulis : à n’entreprendre que par des randonneurs alpins expérimentés.
Donc au lieu de rejoindre le refuge de Turia, et la vallée de Ste Foy, je repars comme je suis monté, en m’adonnant à mon plaisir favori : courir dans les névés, en plantant bien les talons ! Il me faut dix minutes pour retourner au lac des Moutons : j’avais mis une heure pour monter !
Un peu plus bas, les lacs Marlou avec les remontées mécaniques de la station des Arcs. Je passe au col de la Chal, et plutôt que de descendre sur Bourg St Maurice avec tous les pylônes et autres câbles au dessus de la tête, je préfère prendre un petit sentier à gauche dans la combe du Millet, par l’alpage de Plan des Eaux, et remonter sous les Aiguilles Grive et Rousse, jusqu’au col d’Entreporte, pour redescendre ensuite par les forêts de pins et mélèzes jusqu’aux Vernettes : chapelle et oratoire.
Reste ensuite à continuer jusqu’aux villages de Nancroix, et Peisey... là même où j’ai fait mes premières excursions scouts à 16 ans !...
Comme il n’y a pas de transport pour descendre à la gare de Landry, et que j’ai tout mon temps, je continue à pieds par la route, et le sentier (GR® 5) que je commence à bien connaître.
Cette randonnée s’est déroulée dans des conditions particulières J’ai dû adapter mes étapes en fonction du temps de ce mois de juillet.
C'est souvent ainsi, et il faut tenir compte des imprévus.