Cette randonnée de trois ou quatre étapes, programmée de longue date, a pu voir le jour par ces belles journées de début septembre 2004.
Je voulais entraîner avec moi quelques amis randonneurs, et donc il fallait attendre les retours de vacances. D'autre part, la Vanoise étant hyper fréquentée en juillet et août, la première quinzaine de septembre est souvent la meilleure période. La plupart des refuges ferment après le 15 septembre.
Quant aux débuts de saisons, la floraison est certes beaucoup plus intense, mais l'enneigement dans ce massif peut occasionner quelques difficultés, surtout deuxième quinzaine de juin.
Il faut au minimum la carte au 50 millième "Massif de la Vanoise".
A ma connaissance, il n'existe pas de topo particulier pour décrire cette randonnée, mais tous renseignements peuvent être demandés aux offices du Tourisme de Pralognan ou d'Aussois.
Voilà donc le circuit effectué par Catherine, Elvira, Gilles, Hervé, Pierrick, et moi même.
En dehors de la période estivale, il n'y a pas de bus régulier à l'arrivée des trains à Moutiers. Il faut prendre un taxi. J'en avais réservé un depuis une semaine : à 6 personnes çà coûte moins cher que le bus qui met encore une heure de plus !
Nos étapes
1 - de Pralognan au refuge de l'Arpont 2 - refuge de la Fournache 3 - refuge de La Valette 4 - retour à Pralognan |
Un petit clic sur la carte, et sur les photos pour les agrandir. |
Vendredi 3 septembre 2004
Nous avons donc démarré de Pralognan la Vanoise. Le village est un peu désert surtout à 8 heures du matin : un seul café pour prendre le petit déjeuner, et encore faut il acheter le pain à la boulangerie. De toutes façons nous devons faire quelques courses en prévision des casse croûtes le midi. Tout ce circuit se déroule en montagne, à une altitude moyenne de 2400 mètres, avec aucun ravitaillement sur le trajet, à part les repas du soir servis dans les refuges.
Nous commençons par le chemin en direction des Bieux. La montée est en forêt jusqu'aux hameau des Fontanettes.
Le sentier grimpe au milieu des sapins et dans les prairies, à proximité des pistes de ski, jusqu'au refuge des Barmettes en travaux.
Il fait très beau : soleil, et ciel bleu.
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Nous passons devant les chalets de la Glière, et après avoir traversé un torrent, et suivi plusieurs lacets, nous arrivons au lac des vaches où tout un troupeau déambule. Ce lac sans fond avec des pierres plates pour le traverser, est encore à mi ombre. Le glacier des grands couloirs se reflète dans l'eau. |
Lac des Vaches - Photo : Gilles |
Maintenant il faut suivre les vallonnements entre la Grande Casse, et la Pointe de la Réchasse ; c'est un peu plus plat, et cela permet de souffler un peu, car depuis le départ de Pralognan, nous avons monté 1100 mètres.
Au lac rond, près du col de la Vanoise, nous faisons la pause casse croûte. C'est tellement beau, comment ne pas s'arrêter là. Certains trouvent l'endroit Paradisiaque, d'autres Idyllique… Il y a même du sable au bord : çà donne envie de rester.
Par un de ses tours de passe passe, Hervé sort de son sac une bouteille de Beaujolais !
C'est la "saucissonade party", avec jambon, fromage de Beaufort, et camembert.
Hervé, encore lui… est fier de nous faire goûter ses tomates du jardin, et ses mirabelles.
Mais c'est pas tout çà !
Il faut repartir ; nous n'avons fait que la moitié du chemin.
Le sentier suit une pente douce caillouteuse, traverse un torrent ; un peu plus bas nous arrivons au blockhaus, et la stèle élevée à la mémoire de chasseurs alpins. A partir de là, il faut suivre une vague trace, dans les éboulis du clapier blanc : un long pierrier auquel fait suite une remontée dans les pentes d'herbe.
On redescend un peu pour contourner le Pelvé : sommet proche de la Réchasse et formant la bordure nord- est des glaciers de la Vanoise.
Le Pelvé - photo : Gilles |
Sur le sentier - photo : Gilles |
Après avoir bifurqué à droite, les cascades dégringolent des moraines, au dessous de la calotte glacière du Dôme de Chasseforêt.
Les merveilleux petits lacs des Lozières emplis de plantes aquatiques au milieu de la verdure, et les rochers bruns et ocres du Pelvé rendent ce décor impressionnant . Chacun de mes co-équipiers exprime son émerveillement.
Nous traversons des torrents, et nous passons des alpages jaunissant, aux pierriers.
Alpages - Photo : Gilles |
Le chemin remonte, puis nous traversons à nouveau des étendues d'herbe aux teintes de fin d'été, et le sentier devient balcon, avec la vallée à notre gauche, et les gorges du Doron en bas. En face, nous distinguons la route du Plan du Lac, et son refuge. A quelques mètres de nous, plusieurs bouquetins avec leurs petits, se laissent photographier ! Etonnant, et craquant, dit Catherine enthousiaste… |
Bouquetins - Photo : Gilles
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Encore une petite remontée, et une descente.
Dans une combe, ancien verrou glacière, le refuge de l'Arpont est enfin là, toujours pareil, en pierres et toit de lauzes ; il n'a pas changé depuis plus de 20 ans.
Nous sommes tous un peu fatigués, et contents d'être arrivés !
Il est 18 heures.
Le refuge est loin d'être plein, on n'est plus en période de sur-fréquentation.
Certains prennent la douche, d'autres n'en ont pas le courage! Mais la mousse est déjà servie avant d'avoir enlevé nos chaussures...
Dîner : Potage, bourguignon semoule, fromage, crème à la pèche.
Samedi 4 septembre 2004
La nuit a été bonne.
Nous voila d'attaque pour une nouvelle journée, après le petit déjeuner avec les autres randonneurs : tout le dortoir était debout en même temps.
Le ciel est bleu, et le soleil brille déjà : on ne va pas s'en plaindre! Nous quittons le refuge de l'Arpont en contournant la vaste combe et en traversant plusieurs ruisseaux et cascades, jusqu'à la chapelle St Laurent. Un peu plus loin dans les prairies et les pentes d'herbes, les chalets de "le Mont", avant d'aborder une rude montée, face à la Dent Parrachée, que nous allons contourner pour parvenir au chalet de Montafia. Le sentier balcon offre de belles vues au sud sur la haute Maurienne, la chaîne frontalière avec l'Italie, la vallée et les villages de Termignon, Bramans, et Sardières, où décolle un ULM. |
Nous continuons par un chemin à peu près horizontal au chalet de la Loza, et faisons une pause casse croûte un peu plus loin. Toujours la vallée au bas, et de l'autre côté, le roc des Corneilles, se dresse comme un monolithe. En face de nous, au loin : l'Oisans, la Barre des Ecrins, et la Meije sont parfaitement visibles. |
La pause se prolonge, et certains feraient bien une sieste !
Mais je voudrai bien arriver tôt au refuge… alors nous repartons les uns derrière les autres.
Heureusement, le chemin est assez plat, en contournant la vaste combe dominée toujours par le roc des Corneilles.
Ensuite il faut descendre d'abord par la prairie, et ensuite par le sentier caillouteux en zigzag. Nous perdons de l'altitude. Dans cette partie de la Vanoise, la végétation a un parfum de chaleur. Les herbes sont jaunes et sèches. Il n'y a plus de torrents, plus d'eau. nous sommes sur le versant sud, çà se voit et çà se sent!
Nous trouvons des bosquets de sapins, et des criquets sautent dans les herbes.
Il fait très chaud.
Nous contournons un télésiège de la station d'Aussois, et par une large piste nous parvenons au refuge de La Fournache : beau et grand bâtiment en pierres, très bien entretenu. La réservation était faite depuis plusieurs semaines, tout comme dans les deux autres refuges. |
Au fond du vallon se découpe dans un ciel parfaitement bleu, la grande échancrure qui donne accès au col d'Aussois, et que nous franchirons demain.
En face de nous, le col de la Masse communique avec la vallée de l'Orgère, entre le Rateau d'Aussois, et la Pointe de l'Echelle.
Il est relativement tôt, nous décidons d'aller faire un tour un peu au dessus : ainsi nous remontons jusqu'au refuge de la Dent Parrachée, d'où la vue sur le plateau du Fond d'Aussois, est absolument magnifique. Ce refuge est le point de départ des grandes ascensions:voie normale et pointe Fournache, ainsi que la traversée des glaciers jusqu'au refuge de la Vanoise.
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En redescendant, je vais de l'autre côté du refuge, au creux du vallon de la Fournache où se trouve une petite chapelle baignée par les derniers rayons de soleil. |
Il y a seulement quatre autres randonneurs dans le refuge.
Au dîner : Potage de légumes, bourguignon purée, fromage, glace ; tout çà avec deux bouteilles de vin de Savoie, et un petit verre de génépi maison offert par le patron.
Ca risque de ronfler !
Dimanche 5 septembre 2004
Il a fait très chaud cette nuit, dans ce dortoir, trop exigu pour neuf lits, mais heureusement que nous n'étions que six !
Nous prenons le petit déjeuner assez tôt : le jour se lève, le ciel est bleu…
Nous quittons le refuge à 7 heures et demie par le sentier qui remonte légèrement sur le plateau d'Aussois. L'herbe commence à revêtir sa couleur d'automne… un petit vert qui vire au jaune.
Le cheminement est tout plat jusqu'à l'ancien refuge du Fond d'Aussois, et quelques mètres plus haut, se dresse le nouveau refuge construit depuis un an.
Nous faisons une pause café… déjà ! pendant que le soleil arrive tout doucement jusqu'à nous.
Tout d'abord la montée est agréable par la prairie, les torrents, et avec les moutons sur les pentes, mais bien vite les traces partent dans tous les sens. Il faut suivre les cairns pour éviter de se rallonger le chemin dans le pierrier et les éboulis.
La pente devient plus raide au milieu des blocs dans la partie terminale menant à l'échancrure que l'on voyait hier depuis le barrage du plan d'aval.
Cet endroit est marqué d'une croix. Après une petite pause, nous continuons sur la droite et atteignons le col d'Aussois à 2916 mètres.
La vue est merveilleuse ! Au loin, le Mont Blanc majestueux, entouré de tous ses sommets prestigieux ; plus en avant, toute la vallée de Chavière, ainsi que Pralognan dans un petit creux! Nous remontons par le grand pierrier, une centaine de mètres, jusqu'à la Pointe de l'Observatoire. Il y a d'autres randonneurs qui montent et descendent. |
A la Pointe de l'Observatoire - Photo : Gilles |
C'était prévu de faire ce sommet, et c'est l'occasion pour quatre d'entre nous de grimper leur premier 3000. La récompense est là, après l'effort. Nous faisons la traditionnelle photo, avec le glacier de Gébroulaz, les aiguilles de Péclet et de Polset en toile de fond. Tout à fait en bas, le refuge du même nom et la montée au col de Chavière, où je suis passé en juillet. |
Mais il faut repartir, à regrets : on resterait bien ici des heures, surtout avec ce temps magnifique et cette vue sur tous les sommets et les glaciers environnants.
La Vanoise est toujours magique quand on y vient la première fois,
et si cette magie prend effet, alors on n'a pas fini d'y venir, et d'y revenir…
… mais pour le moment, la journée est loin d'être terminée. Il faut repartir.
Nous regagnons le col, puis la descente versant nord, tout d'abord très pentue dans les pierriers, et ensuite caillouteuse jusque dans les premiers talus d'herbe. c'est évidemment très long, et les genoux commencent à crier "au scandale"!
Nous choisissons un endroit à peu près plat dans l'herbe au bord d'un torrent, pour faire la traditionnelle pause casse croûte : saucisson, jambon, fromage, et une bouteille de Bourgogne rouge qui sort du sac de Catherine. Le petit café, pour les uns, le thé pour les autres, grâce à la prévoyance de Gilles et Pierrick qui ont apporté chacun leur petit réchaud. |
Il faut donc traverser cette combe caillouteuse et remonter de l'autre côté pour retrouver un peu de verdure, un petit étang, et le hameau des Prioux quelques centaines de mètres plus bas.
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Un étang près du sentier - photo : Gilles |
A l'endroit marqué "les Nants", nous devons traverser plusieurs torrents, sous le regard des vaches en alpage, et puis c'est la grande montée, d'abord en lacets, et qui n'en finit pas!
C'est agréable, l'herbe est verte, le ciel est bleu, mais nous prenons une bonne suée, et en fin de journée çà tue !
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Nous arrivons tous les uns derrière les autres vers 18 heures, éreintés et assoiffés au refuge de La Valette, qui doit son nom à l'impressionnant Roc qui le domine.
Il y a une douche dans une cabine à coté du refuge. Elle est bienvenue, mais hélas je ne sais par quel hasard, mon jeton n'a pas voulu me donner de l'eau chaude! Je suis le seul à prendre une douche froide à 2500 mètres, et à 7 heures du soir. L'eau est même bouillante, paraît il, pour mes co-équipiers (ières)… |
A part çà, nous bénéficions d'un magnifique coucher de soleil rosé sur la Grande Casse,
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et la voie normale des Grands couloirs que nous retrouvons à l'arrière plan des cirques que nous traverserons demain.
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En face, dans le creux d'une combe, le lac de La Valette est à peine visible, alors que se dressent derrière, les contreforts rocheux menant au col des Thurges et sa pente à 50° pour atteindre le glacier des Sonnailles, dont l'épaisseur de glace déborde des parois, bien visible d'ici.
Nous mangeons sans grand appétit : la fatigue y est pour quelque chose.
Potage, lasagnes, fromage, crème caramel.
Le ciel sans nuage offre le spectacle de milliers d'étoiles, ressemblant à un voile de mariée…
Lundi 6 septembre 2004
Nous nous levons à 6 h 15…
Petit déj.
Nous partons relativement tôt : 7 h 30, pour être à Pralognan en début d'après midi. Le taxi doit nous conduire à Moutiers où Hervé à son train vers 16 heures.
Il fait très beau, mais le soleil n'atteint pas encore les vallons.
Le sentier suit le pâturage à moutons, et remonte au col du Tambour ; dernière vue sur le refuge de La Valette, et à gauche le roc du Tambour.
Nous suivons une sente en dévers dans les éboulis du cirque du Petit Marchet, avec sa façade dressée à notre droite. De l'autre côté, dans l'ombre de la vallée, Pralognan s'étire entre sapins et prairies.
Quelques passages un peu scabreux et hors pistes, comme le fait remarquer Pierrick, et descente ensuite dans l'herbe et le pierrier jusqu'au plateau à la végétation luxuriante, arrosée de plusieurs ruisseaux et cascades, qui viennent tout droit des glaciers au dessus en chutant des parois verticales.
Nous sommes dans le cirque du Grand Marchet, et à cette époque de l'année, les torrents ne sont pas aussi impétueux qu'en début d'été. Mais le spectacle est extraordinaire.
Le cirque du Grand Marchet vu du col
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Le chemin remonte par les pentes d'herbes au col du Grand Marchet 2490 mètres. Ici la pause s'impose ! La scène est panoramique : entre les grands rocs bruns, noirs, les herbages, les pierriers, et cette face de la Grande Casse derrière l'Aiguille de l'Arcelin, nous sommes dans un décor de rêve ; sans oublier le ciel bleu et le soleil par dessus tout çà.
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L'autre côté du col du Grand Marchet |
Il faut redescendre une pente extrêmement abrupte dans les cailloux, jusqu'au cirque du Dard, dominé par sa Pointe et son glacier suspendu.
Dans un étroit passage avec à notre gauche la paroi verticale du Grand Marchet, la pente raide conduit, à l'aide de plusieurs mains courantes, dans le cirque de l'Arcelin. Nous sommes redescendus à 1900 mètres ; le sentier longe la moraine glacière recouverte de rhododendrons, d'aulnes, et d'herbes… |
Un grand chemin à travers bois de sapins mène à un petit sentier et à la chute de la cascade de la Fraîche que nous traversons sur une passerelle pour rejoindre l'autre rive, et continuer à travers les épicéas, jusqu'aux Fontanettes.
Désormais, nous avons bouclé la boucle : nous repassons là où nous sommes montés vendredi matin.
Le petit chemin empierré passe par le hameau des Bieux, et nous arrivons à Pralognan la Vanoise vers midi et demi.
C'est l'heure de manger, et il n'y a qu'un seul restaurant ouvert !
Où est l'affluence de l'été?
Voilà une super rando en montagne terminée ; je pense que mes deux co-équipières, et mes trois co-équipiers, sont heureux d'avoir découvert cette partie de la Vanoise, puisqu'ils en re demandent !… et je vais bien tirer de mon sac à dos d'autres sorties de ce genre. En tous cas Merci pour la bonne humeur, l'entrain, et la gaieté de chacun. Merci aussi au ciel bleu et au soleil omniprésent ! Toutes ces conditions ont contribué au succès de notre randonnée.
Comme d'autres, j'espère que vous serez atteint par le virus de ce magnifique massif qu'est la Vanoise : l'un des rares endroits encore un peu intact…
Pour combien de temps ?
jc-lordier (arobaze) randoalp.com
Le glacier du Génépy