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GRANDE RANDONNEE
DE L'UBAYE (source du Verdon),
AU LAC DE STE CROIX


 

Les marques GR®, GRP®, les signes de balisage correspondants (blanc/rouge et jaune/rouge), 

et PR® sont des marques déposées par la Fédération Française de la randonnée pédestre. Autorisation de reproduction 2008.

 

ETAPES

 

SEYNE LES ALPES

LE VERNET

PRADS

CHATEAU GARNIER

ST ANDRE DES ALPES

CASTELLANE

LA MESCLA ( Bivouac dans les gorges)

CHALET DE LA MALINE

CAMPING STE CLAIRE

MOUSTIERS STE MARIE

LA PALUD SUR VERDON

PLAGE DE SABLE ( Bivouac dans les gorges)

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un clic pour agrandir la carte

 


 

 

SEYNE LES ALPES, agréable village au sud du lac de Serre Ponçon, et citadelle fortifiée par Vauban.

La terrasse de l'hôtel, nous fait découvrir les cimes qu'il faudra gravir demain : la montagne de la Blanche avec le pic des Têtes, et un peu plus loin, la tête de l'Estrop.


 

 

Il est exactement 7 h 45, lorsque nous quittons SEYNE LES ALPES, Carla et moi.

Il faut emprunter une longue route goudronnée, heureusement peu fréquentée. Le temps est très nuageux et lourd.

Au-delà du hameau de Maure, la montée devient plus prononcée. Passage à proximité d'une ferme : la cabane des mulets .

Par moments, il tombe quelques gouttes de pluie, et des grondements se font entendre en direction de la Blanche : dans le sens où nous nous dirigeons.

Il y a plusieurs sentiers qui vont dans des directions différentes et ne correspondent pas du tout avec ma carte, il est vrai « au 50 millième ! »

Là, commencent les vrais problèmes : cette première partie se déroule hors sentier tracé pendant plusieurs étapes.

 

Malgré ses 20ans de moins que moi, et ses origines piémontaises, Carla commence à montrer des signes de fatigue : çà commence bien! Pendant ce temps, des éclairs déchirent les nuages en face sur les crêtes, et des grondements se font entendre aussitôt. Le ciel est de plus en plus sombre. Les cimes qui apparaissaient hier, sont complètement masquées maintenant.

Nous perdons du temps, beaucoup de temps : la crainte de l'orage, l'indécision, de continuer à monter ou pas, la recherche du chemin ? Tout cela s'emmêle, et contribue à me faire douter. Par chance, une cabane nous permet de faire une pause. Et bien qu'elle soit inhabitée et fermée, nous sommes un peu à l'abri d'un déluge qui risque bien de venir.

D'après ma carte, nous sommes seulement à la cabane de Couloubrous !

Quelques regards en direction de l'Estrop, là où je voulais faire le bivouac. Moi qui rêvais d'un coucher et d'un lever de soleil magnifique en tête à tête, au col de Vautreuil à 2820 m d'altitude, près du plus haut sommet de la région, et bien c'est raté. Quelque chose me dit qu'il vaudrait mieux descendre que monter. Le ciel est noir partout. Là-haut, les éclairs, et le tonnerre sont maîtres.

Carla n'est pas rassurée, et moi non plus ; nous décidons de descendre à travers la montagne, ayant repéré sur ma carte un village dans la vallée : « le Vernet » . Il est environ 14 heures. Dans un pré, quelques vaches ne semblent pas être dérangées par tout ce chambardement.

La descente est aléatoire, pas de sentiers, pas de traces. Le brouillard est là, montant.

A plusieurs reprises nous revenons sur nos pas, pour chercher une éventuelle indication.

 

Nous coupons à travers la pente dans les buissons, pour arriver sur un large chemin forestier qui mène près d'une ferme, il est 7 heures du soir lorsque nous arrivons au VERNET. J'ai mal au bout des pieds. Dans le village on nous signale un camping. C'est un terrain très sommaire. L'herbe est sèche. Il y a deux ou trois caravanes. Je plante la tente, pendant que Carla cuit un sachet de pâtes, un peu dégoûtée d'avoir fait tant de chemin alors que SEYNE LES ALPES est à quelques kilomètres par la route !

Au loin, le ciel gronde toujours autour de la Blanche, ... ce soir mal nommée.

 

 


 

Le jour nous tire hors du duvet à 5 heures.

En mettant le nez à l'extérieur je découvre un ciel parfaitement bleu. C'est bien notre chance. Pour un peu on remonterait là-haut à l'Estrop. Enfin, il y aura d'autres occasions de bivouacs tout au long de cette randonnée.

Le petit dèj chauffe sur le réchaud, et après avoir secoué la tente toute humide par la condensation, nous rejoignons une petite route, et un chemin à travers bois pour arriver au col de Mariaud (1561 m) .

 

Après une pause, descente parmi les arbres, et en longeant un petit torrent : le Galèbre, nous passons près du chalet de Vière, et continuons par le ravin de Reybaud très ombragé. Ensuite un petit hameau : Saume Longe, et une route complètement à découvert. Il fait chaud. Aujourd'hui le soleil est là. Quel dommage pour hier !

 

Vers le col de Mariaud

 

Après un endroit nommé, les Eaux Chaudes, nous longeons le gros torrent de la Bléone, qui prend sa source près du pic des Trois Evêchés, un peu au-dessus du refuge de l'Estrop.

Il faut continuer le long de cette petite route peu fréquentée. Cette journée était assez courte puisque nous sommes à PRADS, village sans grande agitation, aux environs de 3 heures de l'après midi.

Carla en profite pour se reposer dans un pré, pendant que je soigne mes ampoules!

 

 

Troisième journée : le ciel est dégagé. Nous envisageons de longer la montagne du Cheval Blanc, avant de redescendre sur Chateau-Garnier.

Donc, départ très tôt de PRADS par un large chemin en sous bois, et dans de vastes clairières en pentes douces. A certains endroits, le sentier se rétrécit, pour devenir simple sente, et même se confondre avec des traces de troupeaux. Il faut se méfier, on a vite fait de ne plus être sur la bonne voie. Cela oblige fréquemment à revenir en arrière pour nous repérer, mais il n'y a pas d'autre solution. De plus, c'est un secteur où l'eau manque terriblement, les terres sont sèches.

Aussi, on est heureux de traverser le hameau de Chavailles, et de remplir les gourdes à une fontaine. Puis, après une petite descente, un torrent coule tranquillement. L'eau est fraîche.

 

Mais où est donc le sentier, ou la trace qui y mène? Apparemment, il n'y a que des bouts de sentes qui prennent naissance au bord du torrent, et s'arrêtent net quelques dizaines de mètres plus loin ! Pourtant le col est visible d'ici. Pas d'erreur possible, la grande combe de cailloux qui y monte est en face. Il faut suivre ce grand pierrier, tant bien que mal. Les sacs sont pesants, et encore plus quand la situation est difficile. Le soleil chauffe.

 

Il est presque trois heures quand nous arrivons au col. Trop tard pour longer la crête du Cheval Blanc. Je n'ai aucune notion du temps de chaque étape, et il n'y a aucune indication. Il faut improviser au travers de chemins plus ou moins existants. Comme nous l'avait fait remarquer avant le départ, l'association de randonneurs à DIGNE, (l'A.D.R.I 04). « Association Départementale des Relais et Itinéraires » : « il s'agit du sentier départemental S.D 4, et ses variantes entre SEYNE LES ALPES et le Lac de Castillon, qui n'est plus débroussaillé ni entretenu depuis plusieurs années ! »

En longeant un sentier partant de la cabane du Talon juste sous le col, dans le ravin de Mastre, nous rejoignons un chemin forestier. Après une longue descente, et quelques lacets, arrivée enfin à CHATEAU-GARNIER.

Le gîte d'étape se trouve à l'autre bout du village.

Repos bien mérité.

 

 


 

 

Le lendemain, les petits déjeuners sont préparés avec ce qu'il y a dans les sacs : thé, pain, tablette de chocolat, gâteaux secs, abricots secs.
A la sortie de CHATEAU-GARNIER la route passe au hameau de la Bâtie et remonte par la forêt. Le temps est magnifique, le ciel est bleu. Le soleil chauffe. En traversant quelques clairières, une multitude d'insectes, et papillons tournoient. Là aussi, pas d'eau, fini les torrents. En arrivant à ARGENS, Carla "écarlate" ne peux s'empêcher de tremper la tête dans le bassin public sur la place du village, et remplir la gourde.

De nouveau la descente en pente douce par une petite route goudronnée, conduit à un carrefour, et la départementale. Tout près, passe « le petit train des Pignes » sur la ligne DIGNE - NICE.

Pas d'autres possibilités que de continuer par cette route goudronnée aux heures les plus chaudes.

On attendrait bien un peu, mais il nous tarde d'arriver pour prendre une douche.
Il faut deux heures de marche sur le bitume avant d'arriver à ST ANDRE DES ALPES.

J'ai les pieds en feu, et les ampoules me font mal. Après s'être aspergés à la fontaine du village, nous rejoignons le logis qui était réservé depuis la veille.

 

ST ANDRE DES ALPES, est un gros bourg près du lac de Castillon, alimenté par le Verdon. Enfin, voila l'objet de toute cette randonnée ; celui dont on parle depuis le départ, sans l'avoir encore vu :

 

 

 

Par endroit, et bien qu'il arrive des pentes d'Allos, il n'est encore qu'un modeste cours d'eau peu profond, avec des rives bordées de cailloux et de terre grise.

Le village lui-même est agréable. Il y a beaucoup d'animation. Des camps de jeunes, des colonies de vacances, des écoles de voiles ou de kayac. Tout cela donne de la vie en ce mois de juillet.

En soirée, malgré la présence du beau temps, on remarque de gros nuages qui stagnent à l'arrière.

Y aurait-il de l'orage, vers la montagne du Cheval Blanc ?

 

 

Debout à 5 h, et après le petit déjeuner, nous quittons ST ANDRE DES ALPES à 6 h et demi du matin, bien décidés à faire le maximum de chemin avant la « grande chaleur».

Le sentier monte sur les collines et surplombe le lac de Castillon. Le lever de soleil se mire dans l'eau. Ce sentier balcon au dessus du lac est un très beau début d'étape.

Malheureusement, il y a peu d'ombre, et étant complètement à découvert, nous ne tardons pas à ressentir les effets de la chaleur. Les gourdes sont encore vite vidées, et les points d'eau inexistants.

Malgré son démantèlement, il faut passer à proximité des terrains appartenant à la secte du Mendarom!, où les immenses statues peinturlurées à outrance sont visibles de loin, et participent activement à polluer visuellement le paysage.

Nous sommes enfin heureux d'atteindre le gîte de la BAUME pour prendre un Perrier citron désaltérant, et remplir les gourdes.

Ensuite, le sentier non entretenu, à travers des ronces, et des taillis, mène au col de la Baume, où il y a une route et un parking. Carla a une "pèche d'enfer",.... çà me fait plaisir de la voir toujours devant ! Il est vrai que son sac a quelques kilos de moins que le mien, mais c'est très bien comme çà....

Il faut couper les lacets par un raccourci dans les taillis, pour arriver en contrebas, près d'un terrain de camping, nous suivons un chemin presque au hasard.

Quelques maisons apparaissent, et bientôt, un panneau : CASTELLANE...

Une grande route nous mène au centre du village.

 

 

 


 

 

J'avais programmé avant le départ, deux journées de repos :

une à CASTELLANE, et l'autre à MOUSTIERS STE MARIE.

Dans les deux cas, nous ne le regrettons pas. Ces villages du Verdon, très typiques, et actifs par leur patrimoine, leur tourisme, leurs activités sportives, valent la peine de s'y attarder.

Castellane

CASTELLANE est une station très agréable avec ses petites rues et ses boutiques de souvenirs, la place centrale ombragée par les énormes platanes, est entourée de cafés, restaurants.

Le rocher de plus de 100 m de haut et le petit sentier grimpant jusqu'à la chapelle de la vierge, visible de loin. Le Verdon passe juste au pied de ce rocher...

Tout cela mérite le coup d'œil, même si le tour du village est vite fait.

Le temps est au beau, il y a un peu de mistral. Cela contribue à rafraîchir l'air, et ne fait pas de mal.

 

 

 


 

 

Départ de CASTELLANE relativement tard : à 8 h, avec l'intention de s'arrêter vers le « Point Sublime » pour camper dans les parages, on pouvait y être en début d'après-midi. Donc, il était inutile de se presser.

L'étape devait être d'une durée très moyenne.

Nous empruntons le GR®.4 qui passe dans les gorges. Rien à voir avec les sentiers de ces derniers jours. Nous sillonnons parmi collines et bosquets. L'itinéraire est très agréable. Seule la chaleur présente un inconvénient. Les sources sont taries. Sauf près d'une bifurcation menant aux ruines de Brandis, où il y a un filet d'eau qui s'échappe des rochers.

Une petite indication sur un panneau : « source », et un léger clapotis, à l'oreille attentive, procurent une soudaine fraîcheur avant même de boire.

Par curiosité, nous montons au hameau en ruines.

D'ici la vue sur les Cadières de Brandis est magnifique : énormes rochers en forme de dolomites plantés là sur les collines.Les Cadières de Brandis

 

Légère descente, pour accéder au petit hameau de Chasteuil, fréquenté l'été par des artisans : potiers, céramistes. L'un d'eux fait aussi « café » nous dégustons un thé au miel aussi délicieux que réconfortant. Par forte chaleur, une boisson chaude est bienfaisante.

Mais il faut repartir, il est midi et demi. On nous a bien fait remarquer que le secteur est sans abri, et sans eau jusqu'à ROUGON. Il faudra environ deux bonnes heures pour y arriver. Les gourdes sont remplies.

Un passage tout de même agréable en forêt, en quittant Chasteuil. Puis subitement on se retrouve sur un immense plateau, sec, aride. La chaleur nous étouffe. Il ne faut pas traîner, et essayer d'accélérer le pas. Au bout une descente s'amorce. Des lignes hautes tensions passent au-dessus.

Plus bas, un gros rocher avec deux drapeaux, quelques toits de tuiles roses. Un peu plus loin, l'énorme faille très impressionnante vue d'ici :

 

 

 

Arrivés à ROUGON, petit village flanqué sur un rocher comme un poste d'observation.

Rougon

 

Descente par le chemin et arrivée au « Point Sublime » : vaste point de vue sur le couloir Samson, départ du sentier Martel. A cet endroit, la fracture est telle, que cela fait penser à un immense plateau fissuré sur plusieurs kilomètres de long, et plusieurs centaines de mètres de profondeur!

 

Nous voulions camper par là dans le coin, mais c'est interdit : le terrain est inadapté, et l'eau potable manque, malgré la présence du « Torrent Emeraude ».

 

Nous achetons des sandwichs à emporter, et attendons que le soir arrive pour décider de ce qu'il faut faire.

 

Le jour baisse de plus en plus. Je jette un coup d'oeil dans le fond des gorges, du haut de notre belvédère : l'ombre gagne du terrain.

 

Nous décidons de descendre : peut-être trouverons nous un coin tranquille pour passer la nuit ? Il est 7 heures du soir.

Après avoir coupé les lacets de la route qui se termine en cul de sac par un parking, nous arrivons au bord du Verdon.

 

A cet endroit, les eaux sont tumultueuses et bouillonnantes.

A gauche, une petite plage de galets, sur laquelle des promeneurs terminent leur pique-nique.

La Baume aux pigeons

 

Petite pause, après avoir retraversé le torrent ; Carla n'a pas envie de rester par ici. Des randonneurs font le trajet en sens inverse pour rentrer.

Malgré le manque de clarté, tout est très beau. Cependant nous ressentons quelques choses de pesant. Ces hautes parois verticales qui entourent le Verdon donnent une impression d'étouffement, alors que l'air est frais.

Réflexion faite, Carla et moi nous décidons de poursuivre notre chemin.

 

Lampe de poche à la main, et frontale sur le front! nous allons pénétrer dans le premier tunnel « du Baou », long de 670 mètres, et en forme de « S ». La journée il doit être impressionnant de traverser un tel trou noir, mais à cette heure, avec la nuit qui avance, c'est paralysant.

Nous restons encore un bon quart d'heure à nous demander si nous y allons maintenant ou demain !

Il y a des circonstances où il vaut mieux ne pas trop réfléchir, car on n'oserait plus rien!

 

Nous essayons d'avancer en éclairant juste devant nos pieds, pour éviter de patauger dans la boue ou dans les flaques d'eau qui ne manquent pas. Par endroit les murs ruissellent, j'éclaire un peu en face à l'horizontal, par peur de rencontrer quelque chose d'étrange.

L'imagination gambade vite. Carla n'est pas rassurée du tout....

Moi j'essaie de me dominer...

 

Nous sommes un peu plus traquilles en voyant « le bout du tunnel ». Une légère clarté arrive.

Par rapport à l'intérieur, il fait encore jour. Mais au bout d'un moment, l'oeil s'étant habitué, ce n'est pas si clair que çà.

Quelques instants plus loin, deuxième tunnel d'environ 100 mètres cette fois. Nous le traversons sans difficulté. Le topo guide indique un troisième tunnel au-dessus du sentier, pour éviter les échelles de la brèche Imbert.

Encore un moment d'hésitation,.... mais nous choisissons les échelles.

 

Le sentier grimpe un peu, au milieu de la végétation, puis redescend parmi les arbres, près du torrent. Nous passons à la Baume aux chiens, la Baume aux hirondelles : (grottes creusées dans la falaise).

Arrivés aux pieds d'échelles métalliques : en tout, six fixées dans la paroi, et environ 250 marches à grimper avec le sac à dos, seuls tous les deux !

 

" Alone together "
 

il est 9 heures du soir ! Pas très prudent tout çà, je le conçois!.....

 

Il paraît même que tout ce que nous faisons là, est interdit..... mais chut!...

 

En haut, un petit promontoire, sorte de plate-forme. Sensation grisante au milieu des falaises, avec des murailles encore au-dessus de nous, de la verdure partout. Le torrent coule juste en dessous. Les oiseaux piaillent avant de regagner leur nid.

 

Carla est aux anges !!!!

Je suis heureux !!!!

 

Les étoiles scintillent dans le ciel.

L'émerveillement,
le sommeil a disparu.
Nous ne sommes même plus fatigués.
Il faut descendre au bord de l'eau.
Le topo-guide indique non loin d'ici, le site de la Mescla qui signifie :
« mélange des eaux ».
C'est le confluent du Verdon et de l'Artuby.
L'un des sites les plus caractéristiques du Canyon du Verdon.

Il est 9 h et demi, lorsque nous arrivons au bord du Verdon, à la Mescla.


Nous posons les sacs à dos.
Il y a une petite plage de cailloux. Carla a repéré un grand rocher plat pour s'allonger.

Nous rentrons dans l'eau jusqu'aux genoux en nous méfiant du courant assez fort. On s'amuse comme des gosses à s'asperger : en fait nous sommes très heureux d'être ici, après cette longue journée.
Ensuite la faim a raison, et nous dévorons nos sandwichs.

Trois jeunes randonneurs bivouaquent aussi sur la rive en face, côté Artuby.
Une fois dans les duvets, nous tentons de fermer les yeux.

La multitude de petits bruits, de craquements, nous tiennent en éveil. Malgré l'étroitesse des gorges, et les impressionnantes falaises, le peu de ciel visible laisse entrevoir une nuée d'étoiles, dont la plupart sillonnent la nuit inlassablement.

Nous sommes heureux d'avoir fait une si longue étape, depuis CASTELLANE, et l'on s'endort en regardant le ciel.

 

 

 

 

 

 

 


 

 

A 5 heures du matin, le jour commence à pénétrer au fond des gorges.

Les oiseaux piaillent partout, s'appellent, s'interpellent, se suivent se poursuivent, tournoient dans l'air. C'est un vrai concert offert par le "big band" de la nature.

 

Par moments, quelques « floc! floc! » dans le torrent, suivis d'éclaboussures, rappellent que la vie est aussi présente dans l'eau.

 

Quelques abricots secs, des gâteaux, et nous sommes prêts à repartir. Les duvets sont rangés dans les sacs à dos.

A regret, nous devons quitter ce lieu enchanteur.

 

Le GR® remonte. Cette étape est extra-courte : çà change d'hier.

Encore une échelle à grimper, et le sentier. En bas, il y a un pêcheur en cuissardes au milieu de l'eau. Nous abordons une longue montée assez raide, et croisons déjà des randonneurs qui descendent. Un dernier grand virage, et le chalet du C.A.F de la Malîne apparaît.

 

Ce chalet, dit « refuge » est situé au bord de la route des gorges entre LA PALUD SUR VERDON, et CASTELLANE, via « le Point Sublime », c'est dire si la circulation est dense. Le parking ne suffit plus. Les voitures sont garées le long de la route.

 

Les gorges du Verdon

Nous passons cette journée tranquillement, à contempler l'étendue verdoyante, et la faille profonde du Grand Canyon du Verdon. Vu d'ici, c'est magnifique.

Dans la soirée, l'agitation cesse un peu. Trois autres randonneurs arrivent. Ils font le GR® 4 dans l'autre sens.

 

Le soleil se couche lentement derrière les collines, mêlant sa couleur rougeâtre à l'étendue verdoyante ; Carla me rappelle qu'hier soir nous étions en bas, dans le fond de cette faille.

 

 

 


 

 

Nous quittons le chalet de la Maline à 8 h du matin, sous un soleil radieux, en suivant la route de LA PALUD.

Il y a un petit sentier du nom de Bastidon, qui commence quelque part avant un grand virage. J'ai envie de suivre cet itinéraire, pour bivouaquer de nouveau près du Verdon.

 

Malheureusement, impossible de trouver ce sentier.

Nous le cherchons en long en large, après plusieurs allés et venus sur une centaine de mètres de cette route, on ne voit pas de départ d'un quelconque sentier. Il doit être recouvert par la végétation.

 

Nous arrivons bientôt à LAPALUD SUR VERDON, par la route.

Ce petit village est agréable : un centre UCPA, et énormément de jeunes de tous pays en stage de canoë ou canyonning.

 

13 h 30, passage du car venant de Castellane, qui nous mène peu après au col de l'olivier. Un raccourci coupe la route et dévale la pente, passe à proximité d'une ferme, et arrive au bord du lac de Ste Croix.

Il y a une plage, des baigneurs. Le Grand Canyon se termine là : le Verdon se mêle aux eaux du lac, avant de reprendre ses droits en aval. Des pédalos s'engouffrent jusque dans les gorges.

Carla ne peux résister à l'envie de se jeter à l'eau ; je ne tarde pas à en faire autant. La température est très agréable.

L'heure commençant à avancer, nous repartons ; les terrains de camping ne manquent pas!. Aucun endroit tranquille pour planter la tente.!

Nous nous installons au camping Ste Claire, il est 6 heures du soir.

 

 

 


 

 

La nuit a été calme.

 

Arrivée à Moustiers Ste Marie

Il ne faut pas plus d'une demi heure pour aller à MOUSTIERS STE MARIE.

C'est l'un des plus beaux villages de France. « Une crèche à flanc de montagne ». La cité des faïenciers depuis le XVIIe siècle. Tout mérite d'être vu : la grande cascade du Riou, et son balcon, ses ruelles, ses abondantes fontaines, ses petites places ombragées.

 

Chapelle N.D de Beauvoir

Moustiers Ste Marie L'église romane et son clocher Lombard. Le musée de la céramique.

Une étoile suspendue à une chaîne reliée à chaque extrémité aux brèches au-dessus du Riou.

La chapelle de Notre Dame de Beauvoir, en haut d'un promontoire, accessible par un sentier qui retourne à l'autre bout du village.

 

 


 

 

 

Deux jours après, nous quittons MOUSTIERS STE MARIE à 6 h 10 exactement, pour faire le maximum de chemin avant la grosse chaleur.

 

Très vite, le balisage du GR® 4 apparaît à proximité d'un carrefour au camping Ste Claire. Le sentier grimpe et longe une crête rocheuse, puis passe dans la forêt domaniale de Montdenier.

 

Les quelques sources signalées sur le topo-guide, sont taries.

Malgré cela, cette étape ne présente pas de difficultés. Le chemin est facile, pas de dénivellation importante. Après un grand virage, en sortant de la forêt, nous apercevons LA PALUD : petit village animé où nous étions passés il y a trois jours ; la place et l'arrêt des cars, la rue centrale, l'église, et le château.

 

Les hébergements ne manquent pas ici : hôtels, et gîtes d'étapes, à condition de réserver à l'avance, le secteur est hyper fréquenté.

 

 


 

 

Le lendemain à 9 h et demi une voiture nous prend en stop. Un quart d'heure après, on est sur le parking du Point sublime.

 

Ce qui a été fait l'autre soir à la nuit tombante, nous voulons le refaire maintenant en plein jour, sans nous presser ; sachant qu'il faut, tout au plus deux heures pour rejoindre un endroit nommé « Plage de sable » : but pour ce soir. Je rêve d'un deuxième bivouac avec Carla dans le Grand canyon du Verdon, avant de partir.

 

Le couloir de 670 mètres si impressionnant à la nuit tombante, ne nous effraie plus. La lampe de poche est tout de même nécessaire, car à l'intérieur le jour ne pénètre jamais. Même chose pour l'autre tunnel, moins long. Nous descendons faire un petit tour à « la baume aux pigeons » : vaste grotte, creusée par les eaux, dans un coude du torrent, et dans laquelle pousse des plantes endémiques.

 

En continuant, les deux tours apparaissent comme des dolomites, ainsi qu'une falaise verticale à l'arrière : la barre de l'Escalès, terrain de jeu des rochassiers.

Les premiers randonneurs passent, nous arrivons à la plage de sable qui est en fait une plage de galets, avec par endroits moins de cailloux et plus de sable.

 

Il est 2 heures de l'après-midi. Nous passons notre temps les pieds dans l'eau, à faire des photos, ou dessiner. Quelques promeneurs pique-niquent. D'ici, on voit parfaitement l'Escalès et une grotte.

 

L'eau du Verdon est très particulière : où que l'on soit, la couleur est toujours entre le bleu vert, et le vert bleu. On ne sait pas vraiment. Toujours est-il que l'appellation de « Torrent Emeraude », lui va à merveille.

 

Le soir tombe, les promeneurs s'éloignent. Je fais chauffer un sachet de riz lyophilisé. Nous nous préparons à la griserie d'une autre nuit, dans le fond des gorges du Verdon.

Il est presque 9 heures du soir. Assis sur des cailloux, nous regardons l'eau couler, dans le bruit du torrent.

 

Sans aucun effort, nous nous concentrons sur un point fixe. L'eau du Verdon nous envahit. 

 

Il faut dire que toute la verdure environnante a un effet reposant.

Nous aurions pu rester ainsi des heures, si des bruits et des voix, ne nous avaient fait sortir de notre torpeur.

 

Que se passe-t-il donc ?

 

Un groupe de jeunes remonte le torrent à cette heure ci. Non on ne rêve pas.

Ils sont une vingtaine, dans l'eau jusqu'à mi-cuisses, sacs à dos. Garçons et filles, certains semblent épuisés. La plupart se traînent, et tous parlent allemand.

Tiens, le chef de bande nous interroge dans un français impeccable.

« Qu'est-ce-que vous faites? », « et vous? », « d'où venez vous? »

« Vous restez là cette nuit ? » « Oui, on est bien ici. »

« Nous on voudrait aller jusqu'au Point Sublime »

« A cette heure ? Il faut au moins deux heures dans la nuit, avec les deux tunnels à traverser! »

Certains protestent. Le groupe s'arrête sur un îlot à cent mètres. Je pensais qu'ils resteraient là.

Mais non, au bout d'un moment, ils repartent. La plupart grognent. Il est 10 heures du soir.

Je me demande s'ils y arriveront.

 

Nous, on est bien, dans nos duvets allongés sur un carré de sable plat, où l'on ne peut se retourner, calés entre des gros cailloux.

 

Le bruit du Verdon dans les oreilles, et les yeux dans le ciel étoilé, on s'endort.

 

Que l'on soit dans les gorges, dans un refuge, ou dans une chambre d'hôtel, le sommeil n'est pas le même. Ici, tout est différent.

A vrai dire je n'ai pas entraîné Carla hier soir ici, pour dormir d'un sommeil profond.

 

De même, l'autre soir, si nous avons marché jusqu'à 9 heures du soir, c'était pour s'imprégner de la magie d'une nuit étoilée dans un lieu exceptionnel.

 

Suivre le sentier Martel, dans le fond des gorges le jour, est déjà passionnant, mais être la nuit à deux pas du Verdon, fredonnant son air, en se faufilant au travers des pierres, et des blocs rocheux.

Ecouter les bruits, les petits animaux de la nuit, les feuilles des arbres frissonner au moindre souffle.

Etre dans un étroit lit de torrent, surplombé par des falaises de plus de quatre cents mètres de haut, et par-dessus tout çà, un coin de ciel arrivant à se montrer, c'est exceptionnel.

 

 

Le Verdon au petit matin, 

et les rochers de l'Escalès.

 

 

Il faut savoir que c'est extrêmement dangereux, donc interdiction de bivouaquer dans les gorges : les vannes peuvent être ouvertes à tout moment, et l'eau peut monter très rapidement.

A ne pratiquer qu'avec une extrême prudence.

 

 


 

Au petit matin, un sachet de café chauffe sur notre camping gaz, pendant que les premiers rayons de soleil se posent sur la façade de l'Escalès, devenue toute ocre. Le matériel est rangé dans les sacs à dos, et nous voila repartis par le fond des gorges, le sentier Martel, vers le Point Sublime pour la troisième fois depuis huit jours !

 

Maintenant en sens inverse, nous côtoyons le Verdon au plus près, comme pour lui dire un au-revoir. En arrivant au premier parking : surprise ! Les jeunes d'hier soir sont tous dans leur duvet, couchés sur le bitume.

Certains, se réveillent, grognent, se retournent, car nous sommes obligés d'en enjamber plusieurs pour passer.

 

« Sans commentaires » : c'est d'une stupidité affligeante.

Faire tant de chemin, fatigués, en pleine nuit, avec le danger que cela comporte, pour venir dormir sur un parking, au moins à une heure du matin, (dans le meilleur des cas).

Carla et moi nous remontons jusqu'à l'auberge, prendre un bon petit déjeuner, et attendre la navette pour CASTELLANE.

 

 


 

Ici s'achève cette randonnée de l'Ubaye au Verdon,

que nous avons nommé :

« DES CIMES AUX GORGES »

 

Précision.

Ma Carla n'a rien à voir avec une autre plus connue! 

sauf la même origine et à peu près le même âge ;

elle n'a pas non plus été Top model, 

quoi qu'elle aurait pu!.... 

 


 

jc-lordier (arobaze) randoalp.com

 

 

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