Vendredi 1er août 2014
de Briançon à Ceillac.
Nous ne savions pas exactement pourquoi nous étions heureux, mais nous
l'étions bel et bien.
SAMIVEL. – Eloge à la jeunesse.
Je quitte l'hôtel et Briançon après le petit déjeuner à 6 h 30, par la
route de Villar St Pancrace, et remonte le chemin tantôt empierré, ou bitumé.
A 8 h 10 les chalets des Ayes se découvrent entre ciel et nuages. Le GR® entouré de mélèzes
grimpe, atteint la prairie, et passe au chalet de Vers le Col. Il devient
très caillouteux et en zigzag pour atteindre le col des Ayes à 9 h 50. Alternance de nuages soleil et vent
frais.
Descente du col dans les alpages fleuris. Quelques
mouflons sont visibles mais un peu loin, sous le Pic de l'Aiguiller. Un peu plus bas à droite, les chalets de
l'Eychaillon, et la large piste sous les falaises descend à Pré Premier :
deux chalets, un étang, un ruisseau, entourés de verdure et de sapins. Un
espace paradisiaque en toutes saisons… (Enfin, c'est ce que j'aime.) De l'autre côté, "la Casse Déserte" et
ses roches en formes de candélabres. Le GR® continue à travers les pins à
crochets, et cembros. Il y a une senteur méridionale dans l'air de ce versant
sud : le soleil et la chaleur agissent comme des réflecteurs sur le minéral.
J'arrive à Brunissard très ensoleillé à 11 h 30.
Très belle vue sur le massif de Font Sancte au loin. Une petite faim commence à se manifester. Je vais "chez Marius" café sur la route
du mythique col de l'Izoard; il passe des dizaines de vélos montant et
descendant. Malheureusement, voitures bruyantes et motos pétaradantes ne
connaissent pas le silence des roues de vélos, et la sueur de ceux qui
pédalent!... La galette jambon, œuf, fromage, salade, + Perrier, et café, me fait
oublier la pollution des "motorisés", et oublié aussi l'heure!...
je n'ai pas encore fait la moitié de l'étape, et il est midi vingt quand je
repars en suivant la route jusqu'à La Chalp, où je retrouve le GR® 5 en sous bois, et les très beaux
mélèzes.
La montée continue par les pâturages, et j'arrive au lac de Roue, où il
y a presque plus d'herbes aquatiques que d'eau. Il est 13 h 50. Les sapins immenses sont magnifiques.
Il faut traverser cette grande forêt, et surtout aborder la descente,
très raide et très dure pour les pieds. La pente est rendue glissante par les pommes de pins qui jonchent le
sol. Il faut faire très attention où on met les pieds! Et j'y vais à petits
pas… Le sentier débouche sur la route à quelques dizaines de mètres de
l'entrée à Château Queyras. Situé sur un verrou glaciaire, Fort Queyras se distingue par deux
grandes périodes de construction ; Le 13è siècle ( Tours, Basse-cour,
Haute-cour, Donjon, chemin de ronde, pont-levis…) Le 17è siècle avec en
évidence l’architecture bastionnée élaborée par VAUBAN sous LOUIS XIV
(Bastions, Demi-lune, Escarpe, Contre-escarpe, Echauguette…) En été, nombreux programmes d'animation, et visites.
Il est 15 heures ; je mange une banane, et je prends de l'eau à la
fontaine. Il n'y a plus rien avant longtemps! Et la montée est très pénible
dans cette très longe étape. Après avoir traversé le Guil, où de nombreux kayakistes ont l'air de
s'amuser comme des fous, ou d'autres s'adonner au Canyoning… Ah! Je voudrais être à leur place… Revenons
à la réalité : je n'ai pas fini mon étape, et ma journée. La baignade ce sera
à l'arrivée dans la Méditerranée! Je ne suis pas en avance aujourd'hui : il faut remonter ce sentier très
raide maintenant! Après la descente "casse pattes" sur Château
Queyras, maintenant c'est la rude montée dans les bois, et quelques passages
dans les prairies. Il fait très chaud, et le ciel se couvre ; le temps devient très
orageux, ce n'est pas le moment de traîner… Ca tombe mal, je rencontre justement un couple de hollandais, ils
suent, et n'en peuvent plus! J'ai compris qu'ils viennent d'Arvieux à côté de
La Chalp. Je n'ose pas leur dire que je suis parti ce matin de Briançon, çà va
les achever!.. Ils vont à Ceillac. Bon, je passe devant : à plus tard!... Je commence aussi à ressentir la fatigue! Je connais cette étape Briançon
– Ceillac, que je fais pour la troisième fois. Le sentier remonte encore et arrive près d'une minuscule source : l'eau
tombe goutte à goutte d'une fontaine. Je continue par un terrain marneux avec des pins et une végétation
méridionale, et passer ensuite dans les alpages à flanc de montagne. J'arrive enfin au col de Fromage 2300m, à 17 h 50. Le massif de Font
Sancte se détache bien dans le fond. Mes craintes d'orage se sont dissipées…
le temps n'est pas si moche, à part de gros nuages. Je suis plus inquiet pour mes doigts de pieds dans la descente qui
m'attend, que par le risque d'orage avant d'arriver!
Longue, et interminable descente en zigzag, au milieu des sapins, des
mélèzes rabougris, secs, pour ne pas dire complètement morts pour certains… Je me souviens que ces mélèzes ont été plantés il y a une bonne
vingtaine d'années pour servir de paravalanche, mais aussi pour éviter que
les randonneurs coupent dans la pente. Ces arbres ont très bien poussé, mais
beaucoup n'ont pas résisté…
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