Samedi 18 Juillet 1998
Les filles tiennent le coup ?
ou elles me font le coup des minettes
baroudeuses ?...
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Gentianes jaunes
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Départ
d'Auron à 5h20.
La montée au
col du Blainon par les pistes de ski n’est pas désagréable puisque il faut
passer par la forêt, en dehors de toutes remontées mécaniques.
Je passe au col de Blainon à 6h25.
Il fait très beau ce matin ; et pour la première fois, la
température est bonne. Quand je disais qu’on avance vers le sud !
Après le col, le sentier passe par des chalets d’alpage et des
granges. Je rencontre des bergers, surpris de voir un randonneur à cette
heure matinale.
Granges à Roya
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Une bergerie au petit matin
Au hameau de Roya, j'ai envie d'une pause pour prendre un petit
déjeuner, mais le gardien du gîte dort !
Il y a là deux filles qui auraient bien pris quelque chose
avant de partir. Nous nous retrouvons trois à tambouriner sur les portes et
volets. Le bougre dort bien à 7 heures et demie du matin!
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J’étais prêt à repartir, lorsqu’enfin il émerge, les cheveux
ébouriffés. Nous déjeunons, les deux filles et moi. J’ai bien fait
d’attendre ! Il y a abondance de pain, beurre, confiture, etc... et les
nanas super sympa ! Elles pourraient être mes filles, ou je pourrais être
leur père : (ce qui revient au même.)
Nous repartons ensemble à 8h10. Encore, des moutons, des ânes
et des bergers avec qui nous discutons un bon moment !
Avant la
montée au col de Crousette.
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En quittant Roya.
La
montée au col de Crousette est lente et pénible, puis nous arrivons sur un
replat herbeux avec un ruisseau.
Nouveau
micro décor idyllique ; je resterai bien ici avec les filles... (Carine et
Julie). Le ciel est d’un bleu parfait, le soleil rayonnant.
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Après
avoir traversé un long pierrier nous arrivons au col de Crousette à
11heures.
Le
sentier schisteux à flanc de pente remonte à la Stèle Valette un quart
d'heure plus tard : monument élevé à la mémoire d’un chasseur alpin.
Les
deux filles soufflent, et suent. C’est vrai qu’elles sont plus chargées que
moi, mais elles ont vraiment envie de s’accrocher à mon rythme.
Très
bien, enfin je trouve du répondant. C’est même elles qui décident de
repartir.
Nous
descendons à travers un sentier caillouteux. C’est aussi sec que le Larzac
!
Fini
la verdure d’avant le col de Crousette !
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Vue de la
stèle Valette.
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Arrivés
au col de Moulines à 12h20, le paysage devient un peu plus verdoyant, et la
descente agréable avec des torrents tout le long du vallon de la Gourgette
! Nous refaisons le plein de nos
gourdes.
Il fait très chaud !
Les
mouches tournoient toujours, et nous collent! On en écrase des dizaines!...
Une
remontée parmi des brassées de fleurs, et les filles sont à nouveau
écarlates !
Elles
tiennent le coup ? ou elles me font le coup des minettes baroudeuses ?
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le vallon de la Gourgette
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Les Portes de Longon, et la ferme
refuge.
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On arrive aux Portes de Longon, vaste ouverture sur une prairie
sans fin, où les vaches ruminent couchées. Un peu plus loin, l'ancienne
vacherie de Roure, devenu gîte d’étape géré par la commune de Roure. Je
pensais que Carine et Julie en avaient leurs claques, et s’arrêteraient ici
: il est 13h45.
Mais non, elles veulent continuer avec moi ! c’est bien la
première fois de ma vie que deux super nanas ne veulent pas me lâcher!.
On continue la descente à travers bois. Du coup, je commence à
avoir une ampoule au talon gauche.
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Nous arrivons au hameau de Rougios à 15h20 : des chalets en
ruine aux pierres rouges sanguines, ensuite un chemin forestier aboutit sur
une sente au milieu des buissons et des ronces, passage délicat. Les deux
copines s’en sortent à merveille ; c’est moi qui ai l’air de piétiner.
Naturellement elles habitent les alpes de haute Provence, et sont souvent
par monts et par vaux dans le coin.
Rougios
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Roure.
16h45,
nous voici à Roure, petit village accroché à la montagne. Julie et Carine
sont K.O, debout certes, mais K.O.
Cette
fois elles arrêtent là ! le gîte d’étape est à côté.
Je
préfère ne pas interrompre la descente et continuer une petite heure de
plus ! On se fait la bise et hop !... je poursuis seul, sur le sentier,
"qui tue les doigts de pieds ! "
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J’arrive complètement ratatiné à St Sauveur sur Tinée à
17h45.....
Il y a la fête dans le village, le bal ce soir, la fanfare, les
danses folkloriques.
Le seul hôtelier n’a pas le temps de s’occuper de ses chambres.
Il n’a soit disant plus de place !
Le restaurant? Fermé ! l’autre resto? ils ne servent que les
musiciens !....
Bravo ! et les touristes alors ?
Je suis obligé de me contenter de deux sandwichs et une bière,
en écoutant les guitares électriques et l’accordéon.
C’est pas vraiment ce que je souhaitais après avoir fait
exactement 11h 25 de marche sans les pauses, et seulement le petit dej à
Roya !
Je regrette de ne pas être resté avec les filles là haut à
Roure!
Le comble : le gîte d’étape en sous sol avec un vasistas au ras
du trottoir sur une impasse, puant l’humidité, le renfermé, est envahit par
le groupe de jeunes musiciens qui font le cirque tard la nuit, et tôt le matin en
rentrant. (*)
J’avais besoin de repos...
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Arrivé à Saint Sauveur sur Tinée.
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Je suis
debout à 4 h 30 du matin préférant me mettre en marche plutôt que de rester
dans ce souk !
(*) Depuis quelques années ce gîte n'existe plus : il y a maintenant un
gîte d'étape confortable à l'entrée de St Sauveur sur Tinée.
Dimanche 19 Juillet 1998
Plus de
randonneurs par ici !
La lampe de
poche est vraiment nécessaire à 4h50, car il y a des lacets à couper par des
raccourcis à peine visibles au milieu des grands arbres.
Sur les
branches, des traits lumineux ; sûrement des vers luisants.
Par moments
des bruits et frémissements semblent m’entourer : c’est la vie nocturne de la
nature.
Je pénètre
dans un monde qui n’est pas le mien. Je suis tout au plus, accepté.
Je
me sens plus rassuré lorsque le sentier est à découvert, la clarté gagne du
terrain.
Le
chemin devient plus large taillé dans les « roubines » : montagne de terre
rouge ! Tout est brun, ocre, sanguine. Un peu comme hier aux abords de
Rougios.
Le
petit village de Rimplas somnole ; son fort sur un éperon rocheux domine la
vallée de la Tinée cinq cents mètres plus bas, et justement on ne voit
rien, une mer de brume s’étend et gagne les moindres creux, signe de chaleur.
Il
faut descendre par un sentier qui traverse une décharge. A croire que les
touristes balancent leurs détritus depuis la Départementale en haut.
Remontée
sous les arbres et après une marche entre route et sentier, j’arrive à St
Dalmas Valdeblore vieux village pittoresque à l’église du XI ème siècle.
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En chemin, vers Valdeblore.
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C’est jour
de marché, les commerçants installent leurs étalages sur la place.
Il y a plein
de monde dans le café à côté. Un petit déjeuner ferait le plus grand bien. On
me propose une table sur la terrasse coté jardin, et au soleil levant ; il
n’est même pas 8 heures et déjà trois heures de marche ! je dévore ! il
faut bien recharger les batteries.
Au moment de
repartir, j’entrevois derrière la haie une voiture qui s’arrête et deux
filles riant aux éclats, descendre!
Les voilà
qui déboulent !....
On est
autant surpris les uns que les autres de se retrouver. Elles sont descendues
tôt de Roure avec un gars qui fait les marchés, et sont étonnées de me voir
déjà à cette heure ici !
Du coup, je
repose le sac et on boit un café ensemble. Nous sommes heureux de cette
retrouvaille inattendue.
Je leur
raconte ma soirée et ma nuit agitée. Elles, ont bien dormi et sont en pleines
formes…
On ne se
connaît que depuis hier, mais toute cette journée de marche nous a lié. Cela
est vraiment formidable, et prouve que l’on n'est pas seul quelque soit
l'âge.
Tous les
jours je rencontre du monde, et c’est un enrichissement surtout quand les
sensations sont différentes chaque fois.
Nos routes
se sont rencontrées hier, et croisées ce matin : et demain ?
Tout cela
fait partie de la randonnée. On ne sait jamais à l’avance, qui nous allons
trouver ou retrouver ce jour.
En tous cas,
nous continuons la route que nous avions prévu !
Carine et
Julie se dirigent vers le Boréon, et le Mercantour.
Moi je
descends sur Utelle et Nice.
8h30, Au
revoir, très heureux de vous avoir rencontrés…
La montée au
col de Varaire est rude. Heureusement la végétation est abondante, et
l’exposition ombragée.
Sitôt que je
ne suis plus sous les arbres, la chaleur se fait sentir. L’eau de la gourde
prise à St Dalmas est tiède !
Une fois
passé le col de Caïre Gros, le sentier se poursuit en contrebas de la crête
du Mont Chalencha, avant de contourner le Mont Tournairet plein soleil.
Il y a
plusieurs cols à passer, col des Trous, col des Forts, avant de descendre à
travers bois ombragé jusqu’aux Granges de la Brasque : groupe de chalets
inhabités, puis j'arrive à la source de la Brasque à 12h10, où je peux enfin
boire et remplir ma gourde.
Enfin l’eau
coule en abondance ; sur une pancarte est écrit :
"
Ici à la source de la Brasque, l’eau est encore fraîche et naturelle,
en
bas chez Angèle à la vacherie les produits de la ferme le sont aussi. "
Fleurs de lin
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Source de la Brasque
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le Brec d'Utelle
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Après
une petite route goudronnée dans une agréable forêt, passage aux cols
d’Andrion, et des Fournés. Le GR® 5 redevenu sentier, remonte
sur une crête.
Ici,
il n’y a plus personne. « les Gétéiste, et Géèristes, » (nom que j’ai donné
à ceux qui font la G.T.A, ou le G.R®), en grande majorité ne
vont pas plus loin que St Sauveur ou St Dalmas.
Nouveau
col ; celui de Grateloup. Je traverse une prairie d’herbe sèche. Quelques
chèvres se blottissent à l’ombre sous les arbres. Ma gourde est encore vide
! Il n’y a plus d’eau, bien au contraire, le terrain devient de plus en
plus sec et caillouteux.
Il
faut grimper dans les rochers et les éboulis, pour passer entre deux parois
du Brec d’Utelle à 14h25. Le paysage est superbe.
Je
recommence à avoir les doigts de pieds "en capilotade" dans la
descente de l’autre côté avec les cailloux.
Le
sentier contourne une combe, passe au col de Mei, sous un rocher en forme
de château fort : le Castel Gineste, où Masséna hissa paraît il un canon en
1793 !
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Le chemin de pierres descend toujours, et traverse d’anciennes
cultures en terrasses.
Utelle apparaît dans une légère brume de chaleur. Ce village autrefois
prospère, est construit sur un éperon au bout de l’ancienne route muletière
de Nice.
Je fais étape à l’hôtel Bellevue (*), seul établissement, très
calme ; nous sommes trois clients . Le jardin ombragé et la piscine procure
une détente bien méritée pour cette avant dernière étape.
(*) Après 1998, l'Hôtel
Bellevue a été transformé en résidence hôtelière.
Gîte d'étape communal dans le
village.
Egalement gîte au sanctuaire de la
Madone d'Utelle à une heure de marche du village.
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Arrivée à Utelle.
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